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"L’auto-organisation passe par la mise en place d’Assemblées Générales Interlycéennes"

Lycée Sophie Germain. Appel co-écrit par les lycéens du Comité d’Action

Le mouvement de lutte contre la loi El-Khomri marque chez de nombreux lycéens le début d’un éveil politique, motivé par la peur d'un futur précaire et miséreux mais également l’espoir d’une loi travail vectrice d’une profonde mutation idéologique et sociétale. Les plus vieux d’entre nous y voient aussi la concrétisation d’une mobilisation contre les trahisons de la gauche au pouvoir née sous Léonarda et Khatchik.

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De ce fait et pour la première fois, les lycéens s’emparent d’une responsabilité nouvelle qui leur ouvre un large champ d’action. Cela est non seulement dû à l’atteinte directe et fondamentale de cette réforme sur notre avenir mais aussi à la connaissance du poids de la jeunesse dans les mouvements sociaux.

Nous sommes une bonne poignée au lycée Sophie Germain à s’être mobilisés contre la loi El Khomri et à être présents lors des assemblées générales interlycéennes. Lors de ces AG, nous avons pris le parti de l’auto organisation afin que le mouvement lycéen se massifie tout en décidant lui-même de son orientation. Mais qu’est-ce que cela implique ?

L’auto-organisation passe par la mise en place d’Assemblées Générales Interlycéennes, puis d’Assemblées au sein de chaque lycée. Les lycéens se retrouvent face à des possibilités infinies, en vue d’une coordination générale. Pour la première fois depuis un bon moment, des lycéens de toute la France peuvent enfin prendre eux-mêmes la tête du mouvement, et dépasser toute structure voulant perpétuellement parler en notre nom. Livrés à nos premières difficultés de fonctionnement, un plafond de verre semble se créer, par le mélange bureaucratique des règles administratives et du politiquement correct.

L’administration opère en effet un clivage entre les lycéens délégués et les lycéens « lambda », ce qui crée une hiérarchie au sein des personnes mobilisées, n’ayant pas le même statut et donc pas le même pouvoir d’expression. Cela s’est par exemple concrétisé dans notre lutte en vue d’une initiative proposée lors d’une AG péniblement négociée, celle de créer un Comité d’Action Lycéen (CAL) qui réunirait les jeunes du lycée les plus mobilisés contre la Loi travail. Le but de ce comité serait de se réunir en dehors du lycée afin d’organiser les prochaines coordinations intra et interlycéennes, permettant par la suite de pouvoir débattre et dialoguer de manière plus effective lors de nos AG hebdomadaires. Or, l’administration prône une « non-légitimité » d’action pouvant concurrencer les associations validées au sein de l’établissement, déclenchant ainsi un amalgame entre engagement administratif et mobilisation politique.

La dernière AG que nous avons organisé s’est vue décomposée par l’administration qui a débarqué au milieu de cette dernière, afin d’exprimer son mécontentement quant aux blocus. Notre liberté de réunion est donc bafouée par des règles rigides qui découragent les plus mobilisés, et dissuadent l’ensemble du lycée à une mobilisation plus concrète. Aux dernières nouvelles, une prochaine AG pour élire des représentants serait hors de question pour la simple et bonne raison que les professeurs n’en toléreraient pas une de plus.

L’esprit critique, la qualité d’analyse et d’initiative encensés par le système éducatif français sont donc réduits à de simples outils d’examens amputés de leur fonction première, celle d’être convertis en actions quotidiennes concrètes. Les lycéens prouvent pourtant par leur auto-organisation qu’ils sont non seulement capables de comprendre les enjeux sociétaux, mais aussi qu’ils savent concrétiser leurs convictions dans un large mouvement, de plus en plus coordonné, mature, et responsable, n’en déplaise à M. Macron qui expliquait que la jeunesse ne prenait "pas la mesure" du monde dans lequel nous vivons.

Co-écrit par les lycéens du Comité d’Action du Lycée Sophie Germain.


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