Un an plus tard, les noms des coupables sortent au grand jour dont celui de l’actuel Ministre des finances et des comptes publics, Michel Sapin. Il est directement accusé d’avoir eu un geste et tenu des propos « déplacés » envers une journaliste, lors d’un déplacement officiel en janvier 2015. Ce comportement loin d’être « déplacé » n’est autre qu’un comportement relevant du harcèlement et de l’agression sexuelle. Ces « révélations » sur le sexisme de la classe politique dominante n’en sont pas vraiment mais elles viennent nous rappeler que ceux qui sont les relais du discours dominant sont les premiers acteurs du sexisme de notre société et les premiers à maintenir l’oppression patriarcale sur les femmes.

Les détails des « échanges » entre le ministre et une journaliste rapportés dans « Élysée Off » sont croustillants et révoltants. Lors du forum économique mondial de Devos en janvier 2015, une journaliste aurait fait une amère expérience au contact du Ministre Michel Sapin. Les deux auteurs relatent les faits avec ironie : "ne vous avisez pas de ramasser un stylo devant lui, sous peine qu’il ne puisse « retenir sa main en murmurant : "Ah ! mais qu’est-ce que vous me montrez là ?" » Ou qu’il ne vous fasse « claquer l’élastique de la culotte » si vous portez un pantalon taille basse". Notre ministre des finances, ami de longue date du Président François Hollande, ne serait donc définitivement pas un défenseur de la cause féministe mais aurait plutôt un grand sens de la vulgarité assorti d’une main légère. Ainsi, cela vient confirmer que notre gouvernement, qui a récemment rattaché les droits des femmes au ministère de la famille et de l’enfance, mène d’une part une politique réactionnaire qui remet en cause les acquis féministes et a, à sa tête, des hommes politiques qui sont les relais du sexisme de cette société dans toute sa splendeur.

L’histoire est vite remontée aux oreilles du ministre. Michel Sapin et le cabinet dudit ministre ont d’abord tenté de minimiser l’affaire en ayant recours à la fameuse porte de secours que serait « l’humour » décapant du ministre : « c’était une blague potache et la journaliste a pris la mouche ». Désormais, avec la sortie du livre et l’opinion publique qui s’indigne et réclame des explications, il dément la véracité des faits en se calfeutrant derrière sa fonction de responsable politique. Combien de temps encore des hommes politiques seront-ils lavés de leurs propos et comportements sexistes ? Combien de fois encore devra-t-on entendre que mettre la main aux fesses d’une femme est une blague potache et non une agression sexuelle ? Non, Hollande et son gouvernement n’œuvrent pas à l’émancipation des femmes. Oui, la classe politique dominante ne condamne pas et même trouve des excuses (l’humour potache et le statut politique des élus) aux attitudes sexistes, patriarcales, oppressives de ses dirigeants.

Michel Sapin se dit prêt à engager une action en justice pour calomnies. Il sera difficile pour lui de nous faire croire à son innocence. La semaine dernière lors de l’allocution d’Hollande sur France 2, il a trouvé l’une des interventions de la journaliste Léa Salamé comme étant un « manque de respect » à l’égard de François Hollande et des institutions : ces forteresses intouchables. Cette dernière, journaliste à France Inter et dans l’émission « On n’est pas couché », avait rétorqué à une réponse du président sur la politique migratoire de la France : « c’est une plaisanterie ? ». Michel Sapin juge donc qu’une journaliste, une femme, qui s’indigne de la politique d’un gouvernement contestée par la majorité de la population est « irrespectueuse ». Décidément, le ministre des finances n’est pas prêt de nous convaincre qu’il défend les droits des femmes. Cette révélation scandaleuse nous montre que les figures politiques de la classe dominante véhiculent quotidiennement le sexisme qui traverse notre société. Ils le véhiculent dans leurs gestes, leurs comportements et leurs mots jusqu’à minimiser, nier leurs fautes, méprisant ainsi toutes les victimes de harcèlement et de violences sexuelles, forme de violence patriarcale et sexiste par excellence.