Ivan Matewan{}

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Sigmundur Gunnlaugsson est officiellement la première victime du scandale « Panama Papers ». Les documents révélés lundi 4 avril ont démontré que le Premier ministre islandais et sa femme détenaient une société fantôme derrière laquelle ils dissimulaient des millions de dollars. Depuis la révélation, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réclamer sa démission. Sous la pression grandissante de la rue, il a finalement remis celle-ci au cours de l’après-midi.

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Le Premier ministre islandais n’aurait donc pas survécu plus de 48 heures au scandale. Dès dimanche soir, le politicien a essuyé de fortes critiques. En effet, les papiers prouvent qu’il détenait une société écran, Wintris, aux îles Vierges britanniques, derrière laquelle il dissimulait avec son épouse des millions de dollars. En avril 2009, lors de son élection, il a curieusement oublié de l’inclure dans sa déclaration de patrimoine avant de céder ses parts à son épouse pour un dollar symbolique quelques mois plus tard.

Moins de 24 heures après les révélations, les Islandais sont descendus massivement dans la rue pour réclamer la tête du Premier ministre. Une manifestation géante, rassemblant plus de vingt mille personnes, a eu lieu dans les rues de Reykjavic, la capitale de l’île. Selon certains calculs, une telle foule s’élèverait à entre 1,6 et 4,3 millions de personnes en France. Les manifestants ont brandi des bananes pour dénoncer une « république bananière » et lancé du fromage blanc devant le Parlement, un geste de colère traditionnel islandais.

Les affaires corrompues du Premier ministre ont touché une corde particulièrement sensible chez les classes populaires. Wintris a détenu des créances auprès des banques islandaises en faillite. Selon un porte-parole du gouvernement, la société écran réclamait jusqu’à 4,1 millions de dollars des banques du pays. Il a également ravivé les souvenirs noirs des années folles où les banquiers et les financiers ont fini par conduire les classes populaires au bord de la faillite avec l’éclatement de la crise économique à la fin de la dernière décennie.

Les Islandais viennent ainsi de donner aux classes populaires européennes une formidable et spectaculaire leçon en matière de contestation. Seules la mobilisation et la grève massive peuvent faire tomber les membres de la caste politicienne corrompue mais également imposer la fin du secret commercial ou la nationalisation du secteur bancaire sous le contrôle des travailleurs eux-mêmes.