Le rassemblement « Pas en notre nom » a été initié par Raphaël Glucksmann, fils d’André Glucksmann et proche de Bernard-Henri Lévy, convoquant les « simples citoyens ne pouvant rester indifférents à une tragédie humaine qui déshonore la France et l’Europe ». C’est donc sur une base « citoyenne » que s’est construit le rassemblement, mais dans une lignée bien différente de ce qu’a pu être le 11 janvier dernier, officiellement placé sous le patronage des chefs d’Etat. Ce 5 septembre, c’est donc sous le signe de l’humanisme, mais aussi de l’indignation contre la xénophobie ambiante, que se sont réunis spontanément les quelques milliers de participants à partir de cet appel lancé sur les réseaux sociaux.

Pourtant, ce n’est pas une crise humanitaire à laquelle nous assistons aujourd’hui. Si les images du petit Aylan nous révoltent, ne nous y trompons pas, la « crise migratoire » dont il est l’illustration la plus cruelle n’a rien d’une catastrophe humanitaire. Ce n’est pas une fatalité si des dizaines de milliers de migrants meurent dans les conditions les plus abjectes. Il s’agit du résultat direct des politiques impérialistes menées par les pays européens, qui obligent des milliers de familles à fuir leur pays en guerre, dans les conditions les plus précaires et les plus violentes. Et ce au même moment où l’Europe durcit sa politique migratoire et renforce ses frontières. Rien à voir donc avec une crise humanitaire.

C’est ce message qu’est venu porter le NPA, et notamment son « secteur jeune », souhaitant incarner un pôle de solidarité internationaliste, ouvrière et populaire, contre l’Europe forteresse et les gouvernements. Car à une situation internationale extrêmement dure, la réponse doit être politique, claire et revendicative. La réponse à la « crise migratoire » ne peut être en aucun cas un simple accueil individuel de migrants, comme le laissent entendre certains collectifs citoyens, mais l’exigence de l’ouverture immédiate des frontières et l’arrêt des politiques impérialistes menées par les pays européens.

Au niveau des organisations, étaient présents ce 5 septembre Ensemble, le NPA, SOS racisme, l’Unef, Solidaires Etudiants, Amnesty International et plusieurs associations. Les militants du Parti de Gauche et du Parti Communiste Français ont préféré quant à eux se rendre au rassemblement à titre individuel, laissant les drapeaux au placard. Sur de nombreuses pancartes, on pouvait lire les messages « Tous réfugiés », « Pas spectateurs du désespoir », « Bienvenue » et « #RefugiesWelcome ».

Même si l’on peut se réjouir qu’un rassemblement ait – enfin - eu lieu ce week-end à Paris, mais aussi dans d’autres villes de France comme Toulouse, Lyon, Bordeaux, Nantes et Strasbourg, il faut reconnaître que les 8.500 présents ne pèsent pas lourd face au 20.000 personnes qui ont défilé à Vienne la semaine dernière en faveur des migrants. Le rassemblement de samedi dernier doit être le premier pas vers un mouvement de solidarité plus large et plus intense, porté par la jeunesse et le mouvement ouvrier. Tout reste à construire et la solidarité doit prendre une dimension européenne.

Un nouveau rassemblement est appelé ce soir, mardi 8 septembre, à 18h30 place de la République à Paris, à l’initiative d’Attac, de la FSU, de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), de l’Organisation de femmes égalité, du SNJ-CGT, de SOS Racisme... Soyons nombreux à soutenir les migrants et exiger comme mesure d’urgence l’ouverture des frontières.