Lors de cette réunion, la tribune, composée de l’équipe présidentielle de chaque université et d’enseignants-chercheurs, n’a eu cesse de vanter les bienfaits et la nécessité de cette fusion : rayonnement mondial, puissance et impact scientifique de premier plan, pluridisciplinarité, excellence, compétitivité… Le président de Sorbonne Nouvelle met d’ailleurs en avant l’impact positif de ce rapprochement pour la concurrence parisienne, notamment « face au groupe de la Comue Sorbonne Université, qui verra fusionner Paris 6 et Paris 4 dans deux ans avec les moyens de l’Idex ». Cela démontre à quel point ce projet de fusion s’inscrit dans les logiques du capital, de la compétence et de l’innovation auxquelles le système universitaire est aujourd’hui soumis.

L’espoir d’obtenir une nouvelle labellisation Idex a quant à lui été le leitmotiv utilisé par la présidence pour justifier ce projet. En effet, face à la pression du gouvernement, qui incite fortement ces universités à « une intégration plus forte », Christine Clerrici, présidente de Paris 7, indique la nécessité de « se saisir dès maintenant de cette opportunité », du fait de la difficulté face à laquelle les universités seront confrontées pour couvrir l’ensemble de leurs besoins, dans un contexte social où l’université, au même titre que d’autres institutions de la fonction publique, subissent des restrictions budgétaires importantes.

Face à ce discours de la présidence, de multiples intervenants ont pointé, avec colère, les méfaits de la fusion, parmi lesquels les dégradations des conditions de travail et d’étude. Si l’on s’intéresse aux universités qui ont déjà fusionné, comme Marseille et Strasbourg, ces craintes s’avèrent légitimes. La fusion qui s’est opérée en 2013 à Marseille, qui a donné naissance à l’université Aix-Marseille, a entrainé de fait une dégradation du service universitaire : désorganisation, accroissement de la bureaucratie, suppressions de postes importants, dégradations des conditions de travail, dégradations de la condition étudiante avec des suppressions de TD, ou encore un éloignement géographique dû à l’éclatement en plusieurs sites.

Face à ce projet de fusion, qui s’inscrit dans la logique des dernières réformes néolibérales, utilitaristes et managériales de l’université et dans la logique de destruction de celle-ci, entre précarisation et paupérisation des personnels, suppressions de formations (notamment de formations dans le domaine des sciences humaines, parfois trop critiques et économiquement peu rentables), sélectivité de plus en plus accrue, augmentation des frais d’inscriptions, de nombreuses oppositions et contestations se cristallisent.

Cependant, celles-ci ne semblent pas prises en compte, puisque la présidence s’obstine et compte bel et bien poursuivre jusqu’au bout ce projet de fusion, qu’elle va soumettre fin décembre au conseil administratif. Alors qu’un homme dans la salle, enseignant-chercheur à Paris 7, s’indignait du fait que les étudiants ne soient pas consultés en premier chef, et étant donné l’absence quasi-totale des étudiants – tenus à l’écart – à cette conférence, nous lui répondons qu’étudiants, professeurs, doctorants et BIATOSS doivent se mobiliser ensemble contre ce projet d’une université bureaucratique et élitiste, et pour la défense d’une université gratuite et ouverte à tous et toutes !