Ouvrant la danse, l’ex-Premier ministre suédois, Carl Bildt, partage sur Twitter, à propos des déclarations confuses de Donald Trump : « La Suède ? Un attentat ? Qu’a-t-il fumé ? ». Puis, après de sobres messages de la part de l’ambassade et de la sécurité suédoise, les célébrités et les journaux s’en sont donné à cœur joie pour railler l’impopulaire président. Quant aux réseaux sociaux, une vague d’humour potache a déferlé pendant quelques heures sous les hashtags #LastNightInSweden (hier soir en Suède) et #SwedenIncident (incident en Suède), relatant tous les incidents quotidiens s’étant déroulés en Suède cette nuit-là, des photos humoristiques et loufoques jusqu’aux plus plates banalités.

Du côté des défenseurs de Trump, un curieux refrain familier s’est élevé, accusant les journalistes de déformer les faits, discours habituel d’une base électorale profondément anti-journalistes et, paradoxalement, très friande des « faits alternatifs » et des « post-vérités » (comme cet attentat en Suède) que le gouvernement Trump distille à chaque instant à travers des réseaux élaborés de propagande, comme Breibart News, dirigé par le conseiller spécial de Trump, Stephen Bannon, souvent en pleine symbiose avec des sites d’extrême droite florissant d’islamophobie.

Donald Trump lui-même a tenu à twitter des explications : il aurait évoqué la Suède suite à un reportage de Fox New sur la situation migratoire en Suède. Évidemment, le message reste sensiblement le même, à savoir qu’il tenait à évoquer la menace « du dehors », la menace « migratoire » qui serait, en ce moment même, en train d’assaillir l’Europe.

Car, par-delà le comique, cette bévue souligne effectivement le caractère xénophobe et islamophobe de la politique de Trump. C’était pour rappeler la « menace » que représentent selon lui les migrants qu’il faisait ce discours, se lamentant avec de belles larmes de crocodile sur le pauvre sort de l’Europe assaillie de toute part par des étrangers, qu’ils soient terroristes, voleurs ou violeurs…

De fait, ce n’est pas la première fois que lui et son équipe, surfant sur la peur d’une partie de la population, agitent les épouvantails du terrorisme, n’hésitant pas à altérer les faits pour les accorder à son diapason xénophobe. Et les accusations qui s’ensuivent envers la presse font partie de cette machine réactionnaire que le gouvernement Trump s’échine à construire, menant de front une offensive conservatrice et rétrograde contre tout ce qu’ils caractérisent comme une menace, les migrants en première ligne.