Diego Sacchi, publié dans Izquierda Diario

Vendredi 26 août dernier, Colin Kaepernick, capitaine de la populaire équipe de la NFL (National Football League) les San Francisco 49ers, a refusé de se lever pour écouter l’hymne national des États-Unis. Le joueur a expliqué son geste politique commis pour dénoncer les violences policières que subissent les afro-américains dans ce pays.

« Je continuerai à rester assis quand on jouera l’hymne. Je soutiens ceux qui sont opprimés. Il faut que cela change et quand des changements significatifs auront été apportés et que je sentirai que ce drapeau représente ce qu’il doit représenter, que ce pays représente le peuple de la manière dont il doit le faire, alors je me lèverai. » a-t-il déclaré ce dimanche.

«  J’utilise ma voix pour défendre ceux qu’on n’écoute pas, et pour raconter leur histoire et déclencher des réactions. […] Je ne vais pas afficher de fierté pour le drapeau d’un pays qui opprime les Noirs. […] pour moi, c’est plus important que le football et se serait égoïste de simplement détourner le regard alors qu’il y a des cadavres dans les rues et des meurtriers qui s’en tirent avec leurs congés payés.  » a ajouté Kaepernick.

Ses déclarations ont suscité de vives réactions, comme on pouvait s’y attendre, de la part du candidat républicain, Donald Trump. Ce dernier a cru bon de déclarer à ce sujet dans une interview « Je crois que c’est quelque chose de terrible, et vous le savez… peut être devrait-il se trouver un autre pays. Qu’il essaye, mais ça n’arrivera pas ».

Au-delà de la réaction – prévisible – du candidat républicain, ce sont également des supporters de l’équipe de San Francisco qui ont ouvert le feu, en appelant à brûler le maillot portant le nom et le numéro du joueur. Le geste de Kaepernick a montré les profondes divisions qui continuent à traverser l’Amérique en dépit de tous les beaux discours du pays de la « liberté ».

L’équipe de San Francisco a soutenu son joueur et a déclaré dans un communiqué de presse, que «  l’hymne national est et restera un moment spécial de la cérémonie » ajoutant que « C’est l’opportunité d’honorer notre pays et de réfléchir sur les libertés dont jouissent les citoyens. C’est en évoquant ces principes de liberté de religion et d’expression que nous reconnaissant le droit d’un individu à choisir de participer ou non à notre célébration de l’hymne national  ».

Plusieurs sportifs se sont également prononcés sur le thème des violences policières contre les afro-américains aux États-Unis. En juillet dernier, les joueurs de basketball Dwyne Wade, LeBron James, Carmelo Anthony et Chris Paus ont fait un appel au changement social et à la fin des violences. Tout comme Simone Manuel, la première afro-américaine à gagner la médaille d’or au cent mètres nage libre, qui a profité de cette occasion lors de son succès aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro pour faire entendre les revendications de la communauté afro-américaine. Des gestes qui rappellent ceux de leurs prédécesseurs, Tommie Smith et John Carlos, aux jeux Olympiques de Mexico en 1968.

Les déclarations et les actions de certains sportifs et personnalités publiques montrent l’impact qu’ont pu avoir les mobilisations de condamnation et de révolte face aux cas de meurtres policiers qui ont émaillé le pays ces derniers mois. Ce sont des preuves du profond rejet que provoque la persistance d’un racisme et des inégalités, et qui ouvre la voie pour une nouvelle vague de contestation et la protestation contre ce récit d’une société américaine post-raciale qui s’est exprimé très fortement au moment de l’arrivée d’un président noir à la Maison Blanche.
Trad. NK