Pour Chilcot, il fallait poursuivre le travail d’endiguement. Une simple alternative impérialiste à la politique guerrière de Blair

« Nous avons conclu que le Royaume-Uni avait décidé de se joindre à l’invasion de l’Irak avant que toutes les alternatives pacifiques pour obtenir le désarmement [du pays] ne soient épuisées [...] l’action militaire n’était pas inévitable à l’époque » a ainsi déclaré John Chilcot, président de la commission mise en place en 2009 pour juger de l’engagement militaire britannique en Irak. Le premier ministre de l’époque, Tony Blair, avait en 2003 pris la décision d’engager l’armée au côté des États-Unis, afin de mener la traque de Saddam Hussein. « En mars 2003, il n’y avait pas de menace imminente de Saddam Hussein. La stratégie d’endiguement pouvait continuer pour un certain temps » a ainsi poursuivi Chilcot, pointant les erreurs, et notamment le fait que la politique de Blair ne prenait pas « en compte l’ampleur de la tâche nécessaire pour stabiliser, administrer et reconstruire l’Irak et les responsabilités qui allaient incomber au Royaume-Uni. »
Il apparaît donc clairement que si le rapport Chilcot tacle la politique de Blair, elle ne remet absolument pas en cause la logique interventionniste sur le terrain de l’une des principales force impérialiste occidentale. Bien au contraire, Chilcot pointe le fait que la stratégie guerrière n’était, à l’époque, pas celle qui permettait de servir au mieux les intérêts du Royaume-Uni au Moyen Orient. Le travail de sape, non mené jusqu’au bout, n’en est pas moins une stratégie néfaste sur le terrain, produisant une instabilité politique visant à assouvir au mieux les intérêts impérialistes. Loin de dénoncer la guerre, Chilcot juge que l’offensive guerrière a été mené trop tôt, ce qui en dernière instance a desservi le Royaume Uni. Le rapport ne met donc en avant qu’un bilan qui, loin de remettre en cause l’ensemble de la politique mené, pointe des erreurs que l’on pourrait qualifier de tactique. Cela étant, il s’agit d’un véritable camouflet pour Tony Blair et le parti travailliste, qui apparaisse comme peu fiables pour mener au mieux une politique extérieure prolifique pour les classes dominantes.

Blair présente des excuses ... très partielles

De son côté, Tony Blair a affirmé avoir « agi de bonne foi et dans ce que [qu’il pensait] être l’intérêt supérieur du pays ». « Cela a été la décision la plus difficile que j’aie jamais prise [...] J’en endosse l’entière responsabilité. J’exprime ma peine, mes regrets et mes excuses » tout en assurant avoir « pris la bonne décisioncar, sans cette guerre, Saddam Hussein aurait continué à constituer une menace pour la paix dans le monde » selon l’ex-Premier ministre.

Autant dire que Tony Blair a assuré le minimum syndical en terme d’excuses ou de remise en cause de sa politique. En effet, alors que le Brexit a provoqué un tremblement de terre pour les classes dominantes anglaises, il aurait été suicidaire pour Blair et son parti de reconnaître les conclusions du rapport Chilcot. Treize ans après avoir déclaré vouloir « suivre jusqu’au bout  » George W. Bush, Blair reste campé sur ses positions, défendant son bilan sur ce qui constitue une tache noire sur son CV, aussi bien auprès de la population britannique qu’auprès des classes dominantes.