« Si je dois mourir, tu dois vivre ». C’est avec ces mots que commence le dernier poème que Refaat Alareer a publié avant sa mort. Le professeur de littérature anglaise à l’Université islamique de Gaza a été tué par de bombardements de l’armée israélienne dans la nuit du 7 au 8 décembre. Il avait fait le choix, après le début de l’offensive israélienne, de rester au nord de Gaza. Il avait dit « Je suis qu’un académicien, un civil, chez moi. Je ne partirai pas » à son ami Mohamed Al Arair, dans des propos relayé par l’AFP..

Selon l’ONG Euro-Med Human Rights Monitor, l’attaque qui a tué Alareer pourrait être un acte délibéré de la part des autorités israéliennes. Elles auraient visée spécifiquement l’appartement où Alareer s’était réfugié avec sa famille. L’attaque aérienne aurait visé le deuxième étage dans l’immeuble indiquant donc pour Euro-Med HRM qu’il n’était pas un victime « collatérale ».

Il faisait partie d’une génération de poètes palestiniens qui ont fait le choix d’écrire en anglais, pour montrer au monde les horreurs de la violence et colonisation de l’État Israélien. Au cours de l’invasion il est devenu une des voix principales qui relaient au monde ce qui se passait à Gaza, à travers son compte sur la plateforme X (anciennement Twitter). Il était un des cofondateurs du projet We Are Not Numbers (nous sommes pas des chiffres) qui soutenait des auteurs palestiniens dans leurs écrits en anglais pour des publics étrangers.

Dans ses dernières publications, Alareer expliquait qu’il était sous les bombardements et pouvait être tué dans les prochains heures. Aujourd’hui son ultime poème résonne plus que jamais :

« Si je dois mourir,
tu dois vivre
et raconter mon histoire
vendre mes affaires
acheter un bout de tissu
et quelques morceaux de ficelle,
(fais en sorte qu’il soit blanc avec une longue queue)
pour qu’un enfant, quelque part à Gaza
en regardant droit vers le ciel
alors qu’il attend son papa emporté dans une explosion –
sans faire ses adieux à personne
ni à sa chair
ni à lui-même –
pour qu’il voie le cerf-volant, mon cerf-volant, celui que tu as fait, prendre
son envol
et qu’il pense alors qu’un ange est là
venu ramener l’espoir
Si je dois mourir
que cela ramène l’espoir
et que cela devienne un conte »