Léo Serge

Sauf que…

Dimanche après-midi, le parquet a précisé que l’une des agresseuses a apostrophé la jeune femme qui bronzait en maillot de bain en lui lançant :« allez vous rhabiller, c’est pas l’été ! »et que« ni la victime ni les auteures des coups n’ont fait état, lors des auditions, d’un mobile religieux ou d’un mobile moral qui aurait déclenché l’altercation ». Les agresseuses majeures seront donc jugées devant le tribunal correctionnel le 24septembre sous le seul motif de« violences en réunion ».

Twitter se charge du reste

Pendant ce temps là sur Twitter, #JePorteMonMaillotAuParcLeo fait le buzz. Les propos délirants s’y multiplient. Le FN et l’extrême droite s’emparent bien entendu de ce non-sujet. Pour Florian Philippot, le bras-droit de Marine Le Pen, la réimoise aurait été « lynchée car vivant à la française ». On apprend, grâce aux raccourcis de Monsieur Philippot, que vivre à la française c’est donc vivre en bikini. On aurait pu penser, toujours pour rester dans le cliché, qu’il s’agissait plutôt de « vivre à la hawaïenne » ou, à la rigueur, « à la tropézienne ».

L’ennemi intérieur

Mais si le FN donne le « la », secondé par la droite « républicaine », avec un Eric Ciotti qui déclare avoir « participé samedi matin au pèlerinage de Notre-Dame du Très Haut au Col de la Bonette »et qui dénonce, par la même occasion, une« agression inacceptable par laquelle on veut nous imposer un mode de vie qui n’est pas le nôtre », SOS Racisme, officine du PS en service commandé, n’est pas en reste non plus. Avec un slogan choc, « tous à poil contre le racisme », via le hashtag #JePorteMonMaillotAuParcLeo, SOS Racisme contribue à « viraliser » des commentaires où la vulgarité le dispute au machisme et à la xénophobie, fantasmant sur la montée d’un péril intérieur forcement de « banlieue », « arabe », « noir » et « musulman ».

Pendant ce temps-là on médiatise étonnamment moins les 32 jeunes militants kurdes et turcs massacrés qui, eux, ne sont pas des victimes fantasmées de la politique impérialiste complice des fanatiques de l’islamisme.

Dernière terrible ironie politique de cette histoire montée en épingle et qui montre la façon dont l’agenda politique est dicté par l’extrême droite, le nom du parc où a eu lieu l’agression : Léo Lagrange, figure du Front Populaire, à l’initiative du mouvement des Auberges de Jeunesse, tué au front par l’armée nazie en 1940.