Yano Lesage

Le roi du pétrole


« Plus de pétrole de schiste pour l’économie mondiale et américaine bénéficierait à tout le monde » — Rex W. Tillerson (@RexTillerson2) 13 décembre 2016

Voilà qui ne présage rien de bon pour la planète. Rex Tillerson, PDG de la multinationale Exxon Mobile, va entrer comme chef de la diplomatie au sein du gouvernement Trump. C’est au roi du pétrole de signer les futurs accords sur le climat.

En flagrant délit de conflit d’intérêt, ce dernier pourra également user de son nouveau poste pour veiller au grain sur les intérêts de la multinationale. Il y a fort à parier que les contrats négociés avec la Russie – dans les îles Sakhaline à l’est, le projet de forage près de l’Arctique, les explorations en Sibérie et dans la Mer Noire – auxquels les sanctions économiques américaines de 2014 liées à l’invasion russe en Crimée ont mis un coup d’arrêt, pourraient bien repartir avec sa nomination. Rex Tillerson ne cache d’ailleurs pas ses accointances avec la puissance russe. En 2014, il a plaidé contre l’imposition des sanctions économiques à la Russie, en 2013, il recevait des mains de Poutine l’ordre de l’Amitié, comme signe de son obligeance à l’égard du gouvernement du « boucher ».

La diplomatie Exxon Mobile ?

 
Au-delà des questions environnementales que posent la nomination d’un partisan du pétrole de schiste, et du tournant dans la diplomatie américaine que signifie son arrivée au poste de secrétaire d’Etat, pèse également une inquiétude de voir la diplomatie de la première puissance militaire internationale au service d’une multinationale du pétrole. En effet, si Bush père et fils ont eux deux mené des guerres pour défendre l’accès au pétrole irakien pour les majors américaines, qu’attendre de la diplomatie d’Exxon Mobile ? De nouvelles guerres pour défendre l’accès aux hydrocarbures, pour écraser les majors concurrentes, pour récupérer des parts de marché ? Cela alors même que la chute du prix des hydrocarbures sur le marché mondial a mis en crise l’exploitation du pétrole de schistes et des installations américaines.

La grande inconnue reste la validation de sa nomination par le Sénat. Car y compris au sein des républicains, la désignation d’un candidat pro-russe n’est pas vu d’un bon œil. Quatre sénateurs républicains ont déjà pris leurs distances vis-à-vis de cette nomination sur les 52 sénateurs républicains élus, alors que la validation de Rex Tillerson nécessite 50 voix.

républicains élus, alors que la validation de Rex Tillerson nécessite 50 voix.