Le Laboratoire Servier a annoncé le 26 novembre 2015 la suppression de 610 emplois de son réseau français de visites médicales qui en compte 690, soit près de 90 % des effectifs (sur un total de 21 000 salariés dans le monde dont 5 000 en France). Cette restructuration commencera au second semestre 2016.


Nouvelle casse de l’emploi pour toujours plus de profits

« On a appris notre licenciement par mail, certains étaient dans leur voiture et l’ont su en écoutant la radio », se rappelle Karine, qui n’en revient toujours pas d’un tel traitement, après 23 ans d’exercice dans le laboratoire. « Tout le réseau commercial est mis dehors, y compris des directeurs régionaux » s’indigne Valérie. « À l’heure actuelle, on ne sait pas qui va vendre les médicaments chez Servier. »

Selon le président de Servier, Olivier Laureau, cette casse de l’emploi est « motivée par l’urgence de la situation dans laquelle se trouve la filiale Servier France, pénalisée par des pressions concurrentielles, réglementaires et économiques de plus en plus fortes », comme les pertes de brevet, la progression rapide des génériques, les déremboursements ou les baisses de prix imposées par le gouvernement ainsi que la « complexité » à développer de nouvelles solutions thérapeutiques.

Alors que par ailleurs, le laboratoire est loin d’être au bord du gouffre. Biogaran, né en 1996 à l’initiative du groupe Servier, a présenté pour l’an dernier un chiffre d’affaires de près de quatre milliards, ainsi qu’un bénéfice net de 352 millions d’euros, contre 77 millions sur l’exercice précédent.

Pour toujours plus de profit, Servier a annoncé vouloir se recentrer sur certaines aires thérapeutiques comme l’oncologie. Il prévoit le développement de génériques et de biosimilaires, le renforcement de la promotion de ses médicaments dans les pays émergents et de sa politique de partenariats.


La santé des patients passera toujours derrière les profits !

Pour les oligopoles pharmaceutiques, l’objectif est de maintenir leur rente de situations, profitant de leur position sur le marché, tout en se tournant vers des marchés « sécurisés » comme celui des génériques. Peu d’argent est investi dans la recherche de nouvelles molécules pharmacologiquement actives, la demande en investissement étant trop élevé, c’est la rentabilité que recherche avant tout le groupe.

D’où le marché florissant des génériques qui sont un marché sûr, impliquant la stagnation dans la découverte de nouveaux médicaments efficaces.
Mais il ne faut pas se méprendre, même dans les périodes ou les nouveautés médicales et la recherche ont pu être « progressistes » dans une certaine mesure. Ces progrès restaient subordonnés à la nécessité pour ces firmes pharmaceutiques, bien aidées par les Etats, d’ouvrir de nouveaux marchés et de se positionner face à leurs concurrents.

Dans ce système capitaliste, les avancées dans la recherche clinique resteront déterminées par les intérêts privés de quelques-uns au service du profit. Les salariés seront toujours vus comme des instruments interchangeables que l’on peut licencier sans le moindre état d’âme.