Avant la mise en place de ce nouveau logiciel, les salariés avaient une autonomie toute relative qui leur permettait de suspendre les appels pour aller aux toilettes, boire un verre d’eau ou prendre leurs 30 minutes de pause quotidienne (réparties généralement en trois tranches de dix minutes). « On ne réclamait pas, on informait notre supérieur qu’on partait en pause, avec la possibilité qu’il nous demande d’attendre quelques minutes supplémentaires. », explique un élu CFDT.

Du flicage pour toujours plus de profits !

Alors même que l’emploi du temps des salariés est déjà minuté, au moyen d’un flicage par les supérieurs, subordonnant toute pause à une information de son responsable, la direction a décidé de serrer encore la vis, en imposant des conditions que l’on pourrait rapprocher, toute comparaison est relative, à de l’asservissement, le tout au nom de ses profits.
Pourtant, et quand bien même ce ne serait pas le cas, Teleperformance est en excellente santé et a même annoncé ce 24 février 2016, une nouvelle croissance très importante de son activité en 2016, alors que son résultat net a déjà progressé d’un tiers en 2015. Les actionnaires aussi en ont eu plein leur portefeuille avec une hausse de leurs dividendes de 30% au titre de 2015. Mais, dans ce système, que l’entreprise soit en difficulté ou non, c’est toujours aux salariés de payer pour leurs profits, alors même leur exploitation quotidienne en est déjà la source.

Mais ce n’est pas la première fois que l’entreprise fait la « une » au sujet de la pause toilettes. En 2012, la société avait été condamnée à 750 euros d’amende par les prud’hommes pour avoir reproché à un salarié de prendre des pauses pipi. Et par le plus grand des hasards, il s’agissait d’un syndicaliste du centre d’appels Téléperformance à Bordeaux, qui avait protesté à sa façon contre la difficulté de faire une pause pipi. La direction l’avait sanctionné d’un avertissement, réprimant tout militant combatif qui ose refuser la dictature patronale.

La grève : notre meilleure arme pour leur imposer un véritable recul !

Face à ce nouvel affront, qui tente de légaliser le flicage généralisé, les salariés ont été appelés à débrayer par l’intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, Sud) ce vendredi entre 14 heures et 17 heures. Quatre des cinq syndicats ont cependant annulé la grève car, entre temps, la direction a reculé. C’est un signe que la mobilisation des salariés de Teleperformance à Blagnac, qui compte près de 400 salariés, a payé : toute demande de pause sera désormais validée automatiquement par le logiciel. La direction nie sa défaite, et a prétexté un « mauvais paramétrage du logiciel ».

Mais même s’il s’agit d’une victoire pour les salariés, cela reste une victoire en demi-teinte, le logiciel reste installé donc le flicage est toujours présent. Une pression terrible s’exerce pendant le temps de travail, une pression à la productivité. Et cela en plus de la précarité, de la répression antisyndicale de la part des patrons.

Mais la direction a « reculé » sur la simple menace de la grève.

Cela démontre que notre meilleure arme, c’est la grève, celle qui touche à ses profits, la véritable grève qu’il aurait fallu faire, même si la direction a reculé, pour imposer une véritable victoire qui donne confiance en nos forces. Ce sont avec ces forces et avec la grève que nous devons lutter pour imposer le retrait de la « loi Travail », qui compte bien généraliser le flicage et la dictature patronale, à Teleperformance et ailleurs.