Au moment d’écrire, rien ne permet de privilégier une piste même si la plupart des médias ont déjà fait leur choix. Tout, dans le mode opératoire, rappelle l’attentat de Nice du 14 juillet et, en termes de symbole, c’est une cible tout aussi éloquente qui aurait été choisie : un marché de Noël en plein centre de la capitale allemande.

A nouveau, l’émotion à deux vitesses bat son plein. La tuerie de Berlin fait la une des médias depuis lundi soir alors que l’attentat perpétré à Karak, au Sud de la capitale jordanienne, plus tôt dans la matinée, n’a pas donné lieu à autant d’émoi, en dépit d’un nombre quasi identique de victimes mortellement touchées.

Il n’est pas certain, donc, que les motivations du conducteur du semi-remorque relèvent de l’Islam djihadiste. On peut d’ailleurs imaginer qu’indépendamment des ressorts de ce qui ressemble à une attaque, Daech ou d’autres groupes, dans leur stratégie de « franchising » des opérations menées par des solitaires dans le cadre de la guerre réactionnaire asymétrique qu’ils livrent, revendiquent la tuerie. Ce qui est sûr, en revanche, c’est l’instrumentalisation de l’événement par les gouvernements européens.

Côté français, Bruno Le Roux s’est empressé de réaffirmer « la coopération franco-allemande dans la lutte anti-terroriste » de façon à ce que Paris et Berlin « gagnent le combat contre ceux qui veulent atteindre nos valeurs et notre liberté ». Raison de plus, par conséquent, de réclamer un serrage de vis liberticides ultérieur. « Dans ces circonstance, a souligné son cabinet, Bruno Le Roux, a appelé l’ensemble des forces de l’ordre à maintenir une vigilance maximale et à conserver sa détermination face à la barbarie. La sécurisation des marchés de Noël a été immédiatement renforcée ».

Reste à vérifier quelles étaient les motivations de l’assassin qui aurait été interpelé aux alentours de 23h par la police allemande. Cependant, dans une Europe gangrénée plus que jamais par le chauvinisme, l’islamophobie et les raccourcis xénophobe, il faudra savoir davantage, encore, résister aux sirènes du sécuritarisme qui est avant tout la face interne d’une politique impérialiste qui pratique et génère, par effet spéculaire, les pires des barbaries.