Le programme néolibéral...

Au moins, ça a le mérite d’être clair. L’ex-président a beau avoir fait son mea culpa dans son récent livre, c’est bien à la même sauce qu’il prévoit de "cuisiner" les travailleurs et les classes populaires pour sa prochaine candidature. La grande thématique choisie ? Pour ne rien inventer, la baisse des impôts... pour les plus riches. Il prévoit en effet une baisse de 10 % de l’impôt sur le revenu, une suppression de l’impôt sur la fortune et de nouvelles baisses des charges pour les patrons.

Pour continuer dans la même lignée depuis dix ans, il préconise, comme il explique dans son interview pour Les Echos, de revenir (à nouveau) sur les 35 heures, en passant de 35 à 37 heures, et de 37 à 39 heures pour les fonctionnaires. À ce menu déjà bien fourni, il ajoute : «  J’ai l’expérience d’une réforme des retraites réussie, c’est-à-dire qui rapporte beaucoup d’économies, rapidement, sans bloquer la France. Dès l’été 2017, il y aura un projet de loi retraite pour repousser l’âge légal à 63 ans dès 2020 et 64 ans dès 2025  ». À l’heure où le chômage augmente, c’est la même politique qui est mise en œuvre : les uns crèvent sous la surcharge de boulot, tandis que les autres crèvent dans la misère du chômage ! Une misère qu’il propose d’ailleurs d’accentuer, en mettant en place la dégressivité des allocations.

Et pour enrubanner ce paquet cadeau fait aux patrons, il prévoit de leur offrir quelques privatisations : « Je ne suis pas sûr que la présence de l’État au niveau actuel dans le capital d’Air France, de Renault, d’EDF ou de La Poste se justifie toujours.  ». En définitive, l’accomplissement prolongé de la casse de tout ce qui peut rester un tant soit peu semblable à des services publics que l’austérité et les réorganisations du travail de François Hollande a déjà bien malmené.

… face à la réalité vécue par les travailleurs et les classes populaires

Mais ce discours offensif destiné à s’attirer les bonnes grâces de ceux qui font du profit sur notre dos, il faut bien le couvrir d’un peu de vernis du renouveau pour cet ex-président détesté. Sur le plateau de France 2 jeudi soir, il a ainsi cherché à jouer à nouveau le jeu de la séduction télévisuelle. « Serein » comme il l’explique dans son ouvrage, il se présente alors en sauveur qui a dû « rassembler et apaiser [sa] famille politique ». Pour les médias, et notamment Le Point, cela marque le retour de « l’animal politique » Nicolas Sarkozy.

Pour autant, le « Sarkoshow » ne s’est pas déroulé exactement comme prévu pour l’ex-président. S’il était déjà un peu mis en difficulté face à une mère de famille solidaire avec les migrants ou face à une jeune femme victime de discriminations à l’embauche, c’est face à un travailleur du commerce et militant à la CGT que les choses se corsent. Celui-ci lui rappellent en effet que l’intérêt qu’il défend, c’est celui « de ceux qui s’enrichissent encore plus grâce à cette politique, l’intérêt du fort contre le faible, l’intérêt des Bernard Arnault, des François Pinault, des Arnaud Lagardère contre l’intérêt de la salariée à temps partiel au SMIC qui touche 700 à 800 euros par mois  ». Travail dominical, remise en cause des 35 heures, augmentation du chômage, tout y passe, y compris un sous-entendu bien placé sur les comptes de campagne de Sarkozy... jusqu’à ce que France 2 ne lui coupe son micro !

Face à cet habitué des plateaux qu’est Nicolas Sarkozy, pour cet « animal politique » du bling bling qui ne cherche qu’à démontrer plus de détermination encore pour mettre en place le programme des patrons que son concurrent principal Alain Juppé, c’est bien cette vérité-là qu’il faudra rappeler. Pour s’attirer les faveurs du patronat face à ces principaux concurrents François Hollande et Marine Le Pen - mais aussi en interne chez les Républicains -, Sarkozy a décidé de passer à la vitesse supérieure. S’il entend bien poursuivre sa course aux voix des électeurs Front National, l’échéance présidentielle qui approche rend plus que nécessaire pour l’ex-président de présenter un visage crédible, et de (re)prouver qu’il est l’homme le plus à même de faire passer les réformes néolibérales tant désirées par les grands patrons. La défense des intérêts des travailleurs et des masses populaires passera par la mobilisation sur le terrain de la lutte des classes, plus que jamais le chemin unique pour ouvrir la voie à une résistance efficace, par le rapport de force, face aux attaques anti-ouvrières qui vont continuer de pleuvoir ... et ce quelque soit l’identité du successeur de Hollande à l’Élysée en 2017.