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Alexis Tsipras joue son rôle de bon élève, mais les créanciers ne sont pas prêts à restructurer la dette

Damien Bernard Au lendemain du sommet de la zone euro, le gouvernement grec a officiellement déposé une demande auprès du Mécanisme européen de stabilité (MES) pour un troisième plan de « sauvetage ». Après le « non » aux politiques austéritaires, exprimé par le monde du travail et les classes populaires, ce dimanche lors du référendum, Tsipras et son gouvernement concèdent à la Troïka un nouveau plan d’austérité. Ce nouveau plan sera détaillé ce jeudi devant les créanciers et vise notamment à attaquer dès la semaine prochaine les retraites des classes laborieuses et à augmenter la TVA pour les masses grecques, en échange d’un nouveau prêt de trois ans.

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Tsipras devant le parlement européen

Invité la veille par Martin Schulz, président du Parlement européen, Alexis Tsipras a demandé, ce mercredi, le soutien des députés européens pour « changer la Grèce ». Le premier ministre grec entame son discours sous les applaudissements. « C’est un honneur pour moi de m’adresser aux élus européens à une heure aussi cruciale. », déclare-t-il devant le parlement européen, qui regroupe pourtant beaucoup de ceux qui veulent l’humiliation du peuple grec.

Il annonce ainsiparler au nom du peuple grec qui « s’est exprimé fortement pour décider de son avenir. ». Fort de la victoire du « non » au référendum, Tsipras exprime alors clairement avoir reçu le « mandat » pour négocier au nom du « peuple grec » en vue « de trouver une solution durable et juste à la question grecque, sans l’austérité extrême qui condamne l’économie à un cercle vicieux avec une récession forte. » Il réaffirme ainsi sa volonté de compromission avec ses créanciers, jouant une austérité soi-disant souple contre l’austérité « extrême », transformant donc le « non » aux politiques austéritaires de ce dimanche en un nouveau « oui » à l’austérité.

Ce ne serait pas les politiques austéritaires imposées par la Troika et les impérialistes qui auraient emmené la Grèce « à deux pas de la faillite » mais « la corruption ». Il continue en proposant des « réformes différentes » : « lutter contre l’oligarchie et les cartels, lutter contre l’évasion fiscale, moderniser l’État. » Ce serait les « priorités » du gouvernement grec qui nécessiteraient « l’accord »des « partenaires ». Ces « partenaires », il s’agit en réalité des créanciers, qui en six ans, ont littéralement fait sombrer le peuple grec dans la misère, avec un taux de chômage, dans le pays, dépassant les 27%, et pics de 60% chez les 18-25 ans.

Tsipras s’est engagé à présenter jeudi des propositions de réformes qui lui sont demandées par la Troika, tout en restant vague sur leur contenu, indiquant« soumettre des propositions concrètes pour un accord juste, des propositions de réforme fiables ». Il s’agirait « de trouver un compromis honorable pour éviter une rupture qui serait une rupture avec la tradition européenne, nous sommes tous conscients des enjeux et nous sommes prêts de notre côté à prendre nos responsabilités historiques. »

Vers un nouveau plan d’austérité pour les masses grecques

A quatre jours de l’échéance du dimanche 12 juillet fixé par la Troïka, celle de « la toute dernière chance pour la Grèce » selon Donald Tusk, le gouvernement grec a envoyé, parallèlement à l’intervention de Tsipras, une lettre au Mécanisme européen de stabilité (MES). Dans celle-ci, le gouvernement s’engage à « réformer » son système de retraites et sa fiscalité, autre nom pour une augmentation de la TVA, pour obtenir desdits « partenaires » européens un prêt sur trois ans qui nécessiterait selon le FMI un montant de 70 milliards d’euros.

Selon l’agenda fixé par les créanciers, au sommet de l’eurogroupe mardi dernier, cette demande n’est qu’une formalité, mais celle-ci était nécessaire, avant l’envoi de propositions précises de contre-réformes, ce jeudi. Le gouvernement grec s’y engage à appliquer ce nouveau plan d’austérité, pour bénéficier de ce troisième plan de « sauvetage ».

Mais la capitulation de Tsipras et du gouvernement Syriza-Anel ne s’arrête pas là. Ainsi, les contre-réformes s’appliqueraient dès la semaine prochaine, ce qui était là encore une demande des créanciers. Cette nouvelle concession vise à obtenir un prêt relais pour juillet et aout, afin de pouvoir régler les prochaines « obligations financières » dues aux créanciers, soit pour la BCE 3,5 milliards le 20 juillet, et 3,2 milliards en août, ainsi que les 1,5 milliards d’euros non versés au FMI le 30 juin dernier.

Pour les créanciers, une restructuration de la dette inévitable pour éviter un « Grexident » ?

Tout au long de la journée, les déclarations les plus alarmistes s’enchainent et se ressemblent. C’est d’abord Christian Noyer, membre du conseil des gouverneurs de la BCE, qui ouvre les hostilités en déclarant sur Europe 1 que « L’économie grecque est au bord de la catastrophe, il faut absolument un accord dimanche prochain, c’est le dernier délai. Après ça sera trop tard ». Il continue en disant craindre « que s’il n’y a pas d’accord dimanche ce soit l’effondrement de l’économie grecque et le chaos, il peut y avoir des émeutes ».

L’inquiétude gagne l’impérialisme américain d’Obama, dont l’administration a prévenu les Européens qu’un effondrement de la Grèce serait une grave erreur géopolitique. Au secrétaire américain au Trésor d’en rajouter une couche :« il y a beaucoup d’inconnues si cette affaire va jusqu’à un effondrement total en Grèce », a dit, Jack Lew. « Je pense que cette inconnue est un risque pour les Européens et pour l’économie mondiale. »

C’est bien la peur du « grexit accidentelle »qui taraude les grandes puissances impérialistes Etats-Uniennes et Européennes et la Troika, et y compris, à un degré moindre, la Chine en pleine tourmente boursière et la Russie engluée dans la crise du pétrole.

Même la ligne la plus dure, celle de Merkel, donne des petits signes d’inflexion : « Il y a des signes positifs ? » lit-on dans la lettre de demande d’assistance envoyée. Cependant, il n’y a pas encore de réponse claire sur la question de la dette. Ce mercredi, un porte-parole du ministère allemand des Finances a expliqué que Berlin « n’était prêt ni à une décote classique sur la dette, ni à un reprofilage », donc à une révision du taux d’intérêt et de la maturité de la dette. Jusqu’à aujourd’hui, les créanciers étaient prêts à faire une promesse moins engageante que celle de novembre 2012 qui n’a pas été respectée. Difficile à avaler pour Tsipras, il s’agissait de son seul argument pour faire passe la pilule de l’austérité au parlement grec.

Pour l’annulation de la dette et de l’ensemble des mesures d’austérités

Alors que l’impérialisme et la Troïka tentent à tout prix d’imposer « leur solution » à la crise pour en faire payer la facture au monde du travail et à la jeunesse, Tsipras est, de nouveau, en passe de capituler devant les exigences des créanciers en imposant un nouveau plan d’austérité aux masses grecques.

Pour mettre fin à la tyrannie économique et politique des diktats de la Troïka et aux échecs successifs de la stratégie de négociations de Tsipras, la seule « négociation » envisageable, c’est la mobilisation des travailleurs, de la jeunesse et de l’ensemble des exploités et des opprimés pour l’annulation de la dette et de toutes les mesures d’austérité prises ces dernières années.


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