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Turquie. Massacre de militants de gauche

Attentat à Ankara contre le meeting pour "l’emploi, la démocratie et la paix"

Timur Chevket Dernière minute. Les nouvelles de Turquie nous parviennent au compte-goutte alors que le ministère de la justice turc impose une censure à la hache à toute publication au sujet de l'attentat d'Ankara, et que les réseaux sociaux font face à une surcharge et sans doute à une panne organisée.

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A la suite d’un cessez-le-feu unilatéral du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan) annoncé il y a seulement quelques heures, à deux semaines des élections générales anticipées, un meeting pour "l’emploi, la démocratie et la paix" devait se tenir aujourd’hui samedi 10 octobre à Ankara. Un rassemblement du "bloc pour la paix", regroupant largement la gauche turque depuis la reprise de la répression militaire du mouvement kurde par le régime d’Ankara.

Autour du HDP (Parti de la Démocratie des Peuples), les principales centrales syndicales de gauche : le DISK (Fédération des Syndicats d’Ouvriers Révolutionnaires) et le KESK ainsi que les différentes branches du mouvement étudiant, des chambres de métiers (corporations progressistes) de médecins et d’ingénieurs, se réunissaient pour lier la question de la guerre civile qu’alimente le Président Erdogan à celle des conditions de vie de la classe ouvrière de Turquie.

Peu avant 10 heures (locales) des témoins voient la police s’éloigner de l’entrée de la principale gare de la capitale turque, où affluent les manifestants. Deux explosions retentissent, semant la panique : le bitume est ensanglanté, les cadavres sont recouvert par les drapeaux des organisations faisant office de linceuls. Le bilan provisoire fait état de plus de 97 morts et quelques 160 blessés. Alors que la foule organise le secours aux blessés, elle est attaquée sur ses arrières par une division de police anti-émeute au canon à eau et au gaz lacrymogène. Les forces de police tentent de bloquer l’accès au lieu de l’explosion aux ambulances. Ce n’est que parce que les manifestants les repoussent que les urgences peuvent être prises en charge

Trois ministres, ceux de la Santé, de la Justice, de l’Intérieur se sont rendus sur place, accueillis par des jets de projectiles et les slogans "Erdogan assassin" et "Erdogan démission". Ces mêmes slogans s’entendent désormais devant les hôpitaux où sont pris en charge les rescapés de l’attaque, et dans les nombreuses manifestations qui se forment spontanément à travers le pays.

Car si Erdogan, président turc au régime dictatorial, a suspendu sa participation à la campagne éléctorale et déploré l’attentat, c’est son Etat, ses services secrets, son armée, ses miliciens fascisants qui massacrent les kurdes et la gauche depuis des mois, des années. Avec une parodie de justice honteuse en Turquie, des médias censurés, un régime autoritaire et meurtrier, la seule justice pour les morts d’Ankara, de Suruç et du Kurdistan sera celle de la rue.

De son côté, le HDP, par le biais de son co-président Selahattin Demirtas, a annoncé une suspension de sa campagne électorale. Le deuil et la condamnation de l’attaque s’exprimeront par une grève de 48 heures lundi 12 et mardi 13 octobre, appelée par les organisations syndicales et professionnelles DISK, KESK, TTB et TMMOB.

Le président du DISK, Kani Beko, a expliqué cette décision aujourd’hui en conférence de presse : "Nous connaissons les massacres de ce genre. Nous avons subi les massacres du 1er mai 1977 [ndlr : une trentaine de morts], les massacres de Maras [plus de 100 morts] et de Sivas [33 morts], et au cours des derniers mois à Diyarbakir et Suruç. Depuis vingt jours nous préparions ce rassemblement, nous avions toutes les autorisations, ceux qui venaient étaient confiants dans l’organisation. Mais nous avons perdu nos camarades. Nous continuerons le combat jusqu’à ce que le pouvoir fasciste de l’AKP et ceux qui pratiquent ces massacres aient rendu des comptes."

Une première manifestation massive est en cours ce soir à Istanbul

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