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Escalade guerrière

Bombardements au Yémen : stop à l’intervention impérialiste, Etats-Unis hors du Moyen-Orient !

Ce vendredi, les États-Unis et le Royaume-Uni ont mené d’intenses bombardements visant le Yémen et les milices Houthistes. Une escalade guerrière menée par Joe Biden et sa coalition « Prosperity Guardian » qui menace d’un embrasement régional et qu’il faut dénoncer : non aux bombardements impérialistes !

Lisa Mage

12 janvier

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Bombardements au Yémen : stop à l'intervention impérialiste, Etats-Unis hors du Moyen-Orient !

Cette nuit, le Yémen a été le théâtre d’intenses bombardement américano-britannique. 73 frappes aériennes ont visé les Houthis faisant cinq morts et six blessés selon Yahya Sari, le porte-parole militaire de l’organisation Chiite. Ces bombardements soutenus, selon Washington, par l’Australie, le Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, ont visé entre jeudi soir et vendredi matin plus de 70 points au Yémen, touchant y compris la capitale Sanaa. Menées au nom de « la liberté de navigation », cette offensive de la coalition « Prosperity Guardian » dirigée par les Etats-Unis constitue une escalade guerrière qui ravive le scénario d’un embrasement régional.

Les milices Houthies du Yémen, proche de l’Iran, attaquent depuis plusieurs semaines les routes navigables de la mer Rouge. A la suite du 7 octobre, le groupe avait déclaré la guerre à l’État d’Israël en « soutien » à la lutte de libération du peuple Palestinien et avait averti qu’ils continueraient leurs attaques jusqu’à ce qu’Israël conclue un cessez-le-feu définitif. Avec cette escalade guerrière les États-Unis mettent à exécution leurs menaces visant Yémen. Au cours des heures précédentes, la Maison Blanche avait publié une déclaration disant que « les États-Unis et nos partenaires ne toléreront pas d’attaques contre notre personnel ni ne permettront à des acteurs hostiles de mettre en danger la liberté de navigation sur l’une des routes commerciales les plus critiques au monde ».

Ces dernières semaines, les actions menées par les Houthis ont provoqué des retards d’une semaine sur plusieurs navires qui ont dû emprunter des routes alternatives vers la mer Rouge. Les rebelles ont également attaqué des navires de guerre britanniques et américains qui se trouvaient dans la région. Depuis le 19 novembre, 27 attaques de missiles et de drones ont été perpétrées par les Houthis près du détroit de Bab el-Mandeb, selon l’armée américaine, impactant fortement le commerce international puisque 10% du commerce mondial de pétrole (5 millions de barils par jour), mais aussi 30% du trafic conteneurisé transite par ce point de passage très stratégique.

L’impact sur l’économie mondiale de ces attaques est donc assez important puisque certains armateurs ont suspendu le passage des bateaux par ce détroit. De plus, les navires ont désormais pour ordre de contourner l’Afrique jusqu’à nouvel ordre par le Cap de bonne espérance. Un détour handicapant pour la marchandise européenne, mais carrément irréalisable pour les pays riverains de la mer Rouge, comme Israël, l’Arabie Saoudite ou encore l’Égypte, dont l’économie est fortement dépendante du canal de Suez, qui ne peut pas fonctionner sans le passage par le détroit de Bab el-Mandeb.

En réponse, les États-unis ont initié la création d’une coalition en mer rouge : « Prosperity Guardian », rassemblant une vingtaine de pays dont la Grèce, la France, le Royaume-Uni, Bahreïn, le Canada, l’Italie, les Pays-Bas, la Norvège, l’Espagne et les Seychelles. Une coalition impérialiste qui, en bombardant le Yémen après de premières frappes contre des milices pro-Iran en Irak, passe à l’action et opère une escalade guerrière qui ouvre la voie à une régionalisation de l’offensive génocidaire d’Israël en cours.

Les premières réactions à cette escalade guerrière ne se sont pas fait attendre. L’Iran, plus grands soutien du groupe dans la région s’est empressé de condamner les bombardements, la Chine, la Turquie et le Kremlin ont, eux aussi pointé la responsabilité des pays occidentaux en condamnant respectivement la volonté de « créer un bain de sang en mer Rouge », selon Erdogan et des frappes, considérés par Poutine comme « illégitime ».

Du côté du Hamas, ses représentants déclarent que les frappes auront « des répercussions sur la sécurité régionale ». Les chef Houthis, par la voix de leur vice-ministre des Affaires étrangères, Hussein Al-Ezzi, ont de leur côté affirmé que « Les États-Unis et la Grande-Bretagne doivent se préparer à payer un prix fort et supporter les lourdes conséquences de cette agression  ». Le mouvement a appelé à des manifestations de masses au Yémen, contre la coalition « Prosperity Guardian » et contre les Etats-Unis, qui ont réuni des centaines de milliers de personnes à Sanaa.

Comme le note le New York Times, « certains alliés des États-Unis au Moyen-Orient, y compris des pays du Golfe comme le Qatar et Oman, avaient exprimé leur inquiétude quant au fait que les attaques contre les Houthis pourraient devenir incontrôlables et entraîner la région dans une guerre plus large avec d’autres mandataires iraniens, comme le Hezbollah au Liban ou les milices soutenues par Téhéran en Syrie et en Irak. » De son côté, l’OTAN affirme que les frappes menées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont « défensives ». En réalité, les attaques de la coalition dirigée par les États-Unis visent plusieurs objectifs. Premièrement, soutenir son partenaire stratégique, l’Etat Israël, montrer par une dissuasion active sa puissance dans la région, et envoyer un message à l’Iran en attaquant les milices Houthis.

Avec les bombardements de ce vendredi, les États-Unis continuent de s’impliquer militairement dans la guerre qu’Israël mène à Gaza et ravivent le spectre d’une régionalisation du conflit. Un tel embrasement régional plongerait toute la région dans une crise sociale, politique, humanitaire et économique et aurait par extension une implication mondiale de par le caractère stratégique de la région, tant sur le plan des ressources que du commerce maritime. L’augmentation de 2,5% du prix du baril de Brent ce matin est un des symptômes avant-coureur de l’impact mondial que pourrait avoir une régionalisation du conflit.

Face à ces bombardements impérialistes, qui visent à défendre la guerre d’Israël et le génocide qu’il mène à Gaza, il est fondamental de dénoncer haut et fort l’intervention en cours et de construire des mobilisations au Moyen-Orient et dans le monde pour exiger la fin de la guerre à Gaza, la libération de la Palestine, mais aussi l’arrêt des bombardements impérialistes et le départ des Etats-Unis et de toutes les puissances impérialistes de la région.


  
      
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