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Le gouvernement Temer se met à l’offensive

Brésil. Une première vague d’attaques déferle contre les travailleurs et les jeunes

Le nouveau gouvernement Temer issu du coup institutionnel contre la présidente Dilma Rousseff n’a pas tardé de se mettre à l’offensive. Une première vague d’attaques contre les travailleurs, les classes populaires et les jeunes a été annoncée dès vendredi. À l’ordre du jour : une nouvelle loi sur les retraites, une réforme du travail et une réduction des dépenses publiques pour garantir l’ajustement budgétaire exigé par les patrons et les pays impérialistes. Daphnae Helena

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À peine installé dans son nouveau poste à la tête du ministère des Finances, Henrique Meirelles a annoncé la nouvelle politique économique du gouvernement formé à la suite de la destitution de la présidente Dilma Rousseff. Avec la droite désormais au pouvoir, les patrons et les impérialistes se lèchent les babines. Et le nouveau gouvernement de Temer n’est pas prêt de les décevoir.

Le PIB du Brésil chute depuis trois trimestres consécutifs. Il fait face à ce que les analystes bourgeois considèrent être la récession la plus longue de l’histoire du pays. Le taux de chômage s’élève à 10,9%. Le taux d’intérêt sur la dette brésilienne est de 14,25%, le taux le plus haut depuis dix ans, et le plus haut du monde entier. A 10,67%, le taux d’inflation atteint des niveaux inconnus depuis 2002. Selon le nouveau ministre des finances, le problème de l’économie brésilienne réside dans le manque de confiance des patrons et des banquiers dans la capacité du pays à attirer des capitaux et des investissements. Dans ce sens, le plus grand des problèmes serait donc comment imposer un programme d’ajustement structurel sérieux sur les travailleurs, les classes populaires et les jeunes, augmentant les recettes du gouvernement, principalement en réduisant les dépenses publiques.

« Quel est la principale raison pour ce manque de confiance ? », a demandé le ministre. « La question politique et l’incertitude politique. Et, parmi les facteurs objectifs, c’est l’insécurité liée à la viabilité de la dette publique et à la capacité de l’État à continuer à se financer à l’avenir dans la mesure où la dette publique est clairement insupportable à long terme. Il est nécessaire d’envoyer des signaux en ce sens », a-t-il répondu.

Henrique Meireilles n’a pas tout dévoilé dans ses annonces vendredi, mais a annoncé au moins trois réformes qui nous donnent déjà une idée de la profondeur de l’attaque espérée : la réforme du système des retraites, la réforme du Code du travail et la réduction dramatique des dépenses publiques. De plus, il a affirmé que le gouvernement n’augmenterait pas les impôts, du moins dans un premier temps.

La réforme des retraites établira un âge minimum pour partir à la retraite. « Ce qu’il faut, c’est un gouvernement déterminé. Et nous allons le faire. Nous allons présenter une proposition réaliste à la société. Un âge minimum avec une règle de transition », a déclaré le ministre. Les réformes du Code du travail, bien que peu détaillées, devraient permettre aux patrons d’augmenter l’efficacité et la production en s’attaquant aux acquis sociaux.

Selon le ministre, le principe qui guide cette nouvelle politique est celui du « nominalisme » économique, c’est-à-dire que les dépenses du gouvernement ne s’accroissent pas en termes réels. C’est sur la base de ce « principe économique » que les travailleurs brésiliens doivent se préparer à de nouvelles attaques. La dette publique brésilienne, particulièrement en ce qui concerne la santé, l’éducation et la sécurité sociale, est liée au revenu national et au salaire minimum. Les dépenses liées à la santé, par exemple, sont déterminées par la Constitution de 1988 qui prévoit les augmentations qui doivent avoir lieu en fonction du PIB nominal. Par conséquent, à l’heure actuelle, ces garanties constitutionnelles interdisent la réduction de ces dépenses d’un an à l’autre. Les dépenses liées à l’éducation font l’objet de garanties semblables.

Les dépenses de la sécurité sociale sont liés à plus de deux tiers au montant du salaire minimum en vigueur. La politique de hausses réelles du salaire minimum appliquée au cours de la dernière décennie sous les gouvernements du Parti du travail (PT) a entraîné des augmentations réelles du montant des retraites et des allocations payées par la sécurité sociale. Bien que le ministre déclare que « les programmes sociaux seront sans doutes maintenus », il affirme que la solvabilité de l’État reste la priorité. Autrement dit, le principe de « nominalisme économique » signifie donner des signaux aux marchés, aux banquiers, aux patrons et aux pays impérialistes que ce gouvernement est disposé à réduire les salaires dans les entreprises publiques, désindexer le salaire minimum de la sécurité sociale (comme Henrique Meirelles l’a déjà défendu lors d’un séminaire à New York il y a moins d’un mois), mettre fin à la politique d’augmentations réelles du salaire minimum, et tout cela en modifiant la Constitution de 1988.

À la différence des années de croissance économique et de boom des matières premières qui consacrent le trépied de stabilisation économique de Henrique Meirelles en face de l’équipe économique des gouvernements Lula, le scénario international actuel est beaucoup plus contradictoire. Le ralentissement de la Chine comme moteur de l’économie mondiale, et en particulier celui du Brésil, pèse fortement sur la situation, même si on constate une reprise économique couplée avec un faible taux de croissance aux États-Unis. Ainsi, le scénario international ouvert par la crise économique en 2008 continue à être instable et la reprise difficile.

Au Brésil, Temer, son équipe économique et son gouvernement auront à compter avec la lutte des classes et la résistance grandissante des travailleurs et des jeunes contre les attaques. Jeudi 12 mai, des manifestations contre le coup institutionnel ont eu lieu à travers tout le pays. À Sao Paulo, plus de 15 000 personnes ont répondu présent.

Le Brésil connaît aussi une véritable vague d’occupation, avec des jeunes occupant les écoles publiques de Sao Paulo, Rio de Janeiro, et d’autres villes importantes du pays, contre les attaques contre l’éducation publique. À Sao Paulo, la jeunesse étudiante est en grève contre les coupes budgétaires, plusieurs universités étant occupées à ce jour. Il s’agit de l’une des plus grandes mobilisations étudiantes depuis plus d’une décennie. Les travailleurs de l’université de Sao Paulo se sont également mis en grève contre l’austérité et le gouvernement Temer. Recouvrir ces luttes de solidarité et les coordonner entre elles est un premier pas nécessaire pour faire face aux attaques de ce gouvernement illégitime et les défaire.


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