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Palestine

Chasse aux sorcières dans les universités : le soutien à la cause palestinienne criminalisé

Suite à un communiqué publié en soutien au peuple palestinien, le syndicat Solidaires Etudiant-e-s a été signalé à l’Etat par le directeur de l’Ecole des Hautes Etudes des Sciences Sociales (EHESS). Une menace de sanction disciplinaire et judiciaire, qui s'inscrit dans une offensive plus large du gouvernement contre toute voix dissidente en faveur de la cause palestinienne dans l’enseignement supérieur.

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Chasse aux sorcières dans les universités : le soutien à la cause palestinienne criminalisé

Crédits photo : Dorian M

Ce lundi, le président de l’EHESS a déclaré avoir entrepris un signalement à l’Etat du communiqué de Solidaires Etudiant-es afin de « procéder à un rappel à la loi auprès de la section Solidaires étudiant-es, en attendant de voir les suites judiciaires à donner. » Ce dernier, publié suite aux attaques du Hamas aux alentours de la bande de Gaza, indiquait son « soutien indéfectible à la lutte du peuple palestinien dans toutes ses modalités et formes de lutte, y compris la lutte armée. Dans la foulée, un chercheur du CNRS aurait été inquiété pour avoir relayé ledit communiqué auprès de ses collègues. 

Une offensive inquiétante, qui n’est pas sans lien avec les déclarations de la ministre de l’enseignement supérieur. Ce lundi, Sylvie Retailleau, s’est en effet empressée de donner la ligne. « Nous avons vu ces dernières heures de la part d’associations, de collectifs, parfois d’acteurs de nos établissements, des actions et des propos d’une particulière indécence. L’apologie du terrorisme, l’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, sont interdits par la loi et doivent être sanctionnés », appelant à « prendre toutes les mesures nécessaires afin de veiller au respect de la loi et des principes républicains. » En outre, la ministre appelle à des sanctions disciplinaires et à des suites judiciaires, encourageant même les directions d’université à signaler tout « manquement » au Procureur de la République.

Pour cible donc, toute organisation étudiante ou syndicale ayant exprimé un soutien au peuple palestinien face à la répression de l’Etat d’Israël, ou à la lutte pour l’auto-détermination. Une véritable chasse aux sorcières dans la continuité des annonces de Darmanin sur « la possibilité d’étudier des procédures de dissolution de toute structure s’engageant dans des agissements répréhensibles », et des interpellations depuis samedi de plusieurs personnes pour déploiement « banderoles de soutien aux Palestiniens », toujours selon le ministre de l’intérieur.

Autrement dit, la FSE, qui a expliqué soutenir « le peuple palestinien dans sa lutte suite aux dernières offensives coloniales meurtrières menées par Israël. », le NPA ayant organisé des actions de soutien aux Palestiniens ou Le Poing Levé, collectif étudiant de Révolution Permanente pourraient être sanctionnés par les directions d’université pour leurs prises de positions. Une façon commode pour le ministère de s’attaquer au droit à s’exprimer et s’organiser et à toutes les activités militantes dans les universités sous prétexte « d’apologie du terrorisme ».

Des consignes répressives qui encouragent une surenchère réactionnaire dans les universités. Dans un communiqué attaquant la FSE, l’Union Pirate, Le Poing Levé, le NPA et Louis Boyard, l’organisation étudiante d’extrême-droite UNI dénonce « le silence des universités concernant les victimes israéliennes [qui] est assourdissant et révélateur de la soumission à l’islamo-gauchisme qui, nous le constatons, gangrène l’Enseignement supérieur » et « exige des mesures concrètes et la fin de la politique de l’autruche de la part du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche pour lutter contre l’apologie du terrorisme et l’islamo-gauchisme. »

De son côté, l’Union des Étudiants Juifs de France explique : « certains mouvements, en particulier issus de l’extrême-gauche, relativisent cette attaque ou s’en font les relais en faisant l’apologie des crimes » avant d’exiger ouvertement des présidences d’université qu’elles répriment les organisations étudiantes qui expriment leur soutien à la Palestine, « que ce soit sous forme de tags, de messages écrits, sur les groupes de promotion ou verbaux sur les campus. »

Une politique qui n’est pas sans rappeler l’offensive orchestrée par le gouvernement contre « l’islamo-gauchisme » dans les universités, allant jusqu’à criminaliser les recherches sur la colonisation à l’instar des propos de l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal en 2021, ou ficher les étudiants présentant des "signes faibles de radicalisation" à la fac de Cergy-Pontoise en 2019.

Face à ces attaques contre le droit des étudiants à s’organiser et exprimer leur opinion politique, il faut faire bloc. Au-delà des différences politiques qui peuvent exister sur la situation en Palestine, il s’agit d’un enjeu démocratique crucial : alors que le gouvernement est déjà à l’offensive pour criminaliser les étudiants, les militants syndicaux, écologistes, les jeunes révoltés des quartiers populaires, cette attaque contre les organisations du mouvement étudiant doit nous alerter. Contre l’autoritarisme du gouvernement et l’extrême-droite, faisons front !


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