Un tweet sur fond de manœuvre électoraliste
C’est sur Twitter que le 45ème président des États-Unis a annoncé ce mardi la fin des négociations concernant le plan de relance de l’économie, présenté comme un plan à destination des ménages modestes et couches populaires ayant souffert des conséquences de la crise sanitaire et économique. Cependant la réalité est toute autre. Après que son tweet a provoqué la mise dans le rouge de la bourse de Wall Street, avec une chute de plus de 1%, Trump a annoncé le financement immédiat de 25 milliards de dollars aux compagnies aériennes américaines. Cette annonce donne le ton : le plan de relance de l’économie sera seulement à destination des grandes entreprises, du moins jusqu’au 3 novembre, d’après les dires de Trump.
Nancy Pelosi is asking for $2.4 Trillion Dollars to bailout poorly run, high crime, Democrat States, money that is in no way related to COVID-19. We made a very generous offer of $1.6 Trillion Dollars and, as usual, she is not negotiating in good faith. I am rejecting their...
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 6, 2020
The House & Senate should IMMEDIATELY Approve 25 Billion Dollars for Airline Payroll Support, & 135 Billion Dollars for Paycheck Protection Program for Small Business. Both of these will be fully paid for with unused funds from the Cares Act. Have this money. I will sign now !
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 7, 2020
Ces annonces constituent en réalité une manœuvre de plus de la part de l’actuel président dans cette campagne politique chaotique. En effet, Trump, en assurant adopter « une grande loi de soutien qui se concentrera sur les Américains qui travaillent dur et les petites entreprises immédiatement après avoir gagné les élections » du 3 novembre prochain, cherche à mettre de son côté les franges les plus populaires de la société américaine pour les élections, tout en finançant aujourd’hui les grandes entreprises capitalistes.
Alors que les conséquences de la crise sanitaire et économique dont les licenciements, les pertes de salaires et le non accès aux soins en sont les plus visibles pour les foyers modestes de la société américaine, la seule réponse du gouvernement Trump est de donner des milliards aux entreprises. Au delà de ces cadeaux au patronat, c’est une logique clientéliste qui se cache derrière ces annonces. Après s’être vanté d’avoir distribué un chèque de 1200$ à chaque foyer américain pour passer la crise, montant bien loin des moyens nécessaires à de larges franges de la population pour vivre dignement, surtout en temps de crise économique durable. Il promet aujourd’hui d’aider les couches travailleuses et populaires … une fois sa réélection officielle !
Un bon moyen pour Trump d’essayer de coopter les classes moyennes et modestes tout en faisait aujourd’hui des cadeaux au patronat et en renforçant sa base électorale libérale.
Les démocrates dénoncent… pour la forme
De leur côté les démocrates, Biden en tête de file, dénoncent et accusent, mais seulement par principe. En effet, malgré la volonté de Biden de dénoncer l’annonce de son adversaire en jouant la carte des licenciements et de l’ingérence de la crise sanitaire, il n’est pas plus du côté de la classe populaire et travailleuse que Trump. Le premier débat de la campagne présidentielle l’a rappelé, ce dernier se positionnant pour le maintien des assurances privées, à l’origine du non-accès aux soins des Américains les plus précaires, qui est aussi la cause des milliers de morts du virus.
Make no mistake : if you are out of work, if your business is closed, if your child’s school is shut down, if you are seeing layoffs in your community, Donald Trump decided today that none of that matters to him.
— Joe Biden (@JoeBiden) October 6, 2020
En s’opposant à cette annonce, les démocrates souhaitent se positionner comme les sauveurs des couches modestes de la société. En réalité, le seul désaccord entre les deux forces politiques Étasuniennes concerne le montant du plan de relance. Les Républicains ne voulant pas mettre plus de 1000 milliards de dollars tandis que les Démocrates, eux, en envisageait trois fois plus.
Cette dernière annonce ne fait qu’entériner le chaos de cette campagne électorale, sur fond de crise économique et sanitaire et illustre l’impasse dans laquelle la plus grande puissance impérialiste mondiale s’enfonce. Au-delà du résultat du 3 novembre, la classe travailleuse et la jeunesse ne sortira de la crise dans laquelle le capitalisme l’a plongé, ni grâce à Trump, ni grâce à Biden. Aux Etats-Unis, comme ailleurs, ce n’est que par l’organisation de la classe ouvrière, de la jeunesse et des communautés opprimées que nous pourrons vivre dignement.