Le secteur de la logistique s’impose aujourd’hui comme incontournable dans l’économie française comptabilisant 10% de l’emploi salarié et générant près de 10 % du PIB. Parmi les grands noms du secteur, ID Logistics, multinationale peu connu du grand public, qui possède actuellement 400 sites dans 18 pays, prend une ampleur toujours plus grande.

ID Logistics, une multinationale en pleine expansion

En effet, dans un communiqué de presse datant du 13 mars, la multinationale se félicite de « très bonnes performances en 2023 » avec un chiffre d’affaires passant de 2,5 milliards d’euros en 2022 à 2,75 milliards en 2023 et d’une hausse des bénéfices de 36% sur la même période.

Sur la base de ces excellents résultats, le géant de la logistique a vu la valeur de ses actions multipliées par 17 depuis ses débuts en bourse en 2012. L’annonce des résultats de 2023 a d’ailleurs eu pour effet de faire grimper l’action ID Logistics de 6 %. Une aubaine pour son directeur général Eric Hémar, qui selon le magazine Challenges, constitue la 169e fortune française en 2023 avec 750 millions d’euros de fortune personnelle. Ce dernier, qui comptabilisait 80 millions d’euros en 2012, a depuis presque multiplié sa fortune par 10.

Derrière les performances économiques, des salariés payés au lance-pierre et méprisés par la direction

« La plupart des employés sont payés le SMIC ou à peine au-dessus et donc quand les patrons augmentent nos salaires à hauteur de l’inflation, ils nous le présentent comme un généreux cadeau de leur part, alors que c’est une obligation légale et qu’ils le savent pertinemment » dénonçait Pierre, représentant CGT ID Logistics Ouest, dans nos colonnes.

Dans le même sens, Faiçal, représentant syndical CGT ID Logistics dans la région marseillaise témoignait : « dès qu’il y a une perte de bénéfices ou dès qu’il y a de la casse ou des travaux à faire dans un entrepôt, la direction supprime les primes d’intéressement des salariés », déplorant que « la prime d’intéressement était de 200€ l’année dernière, mais elle est de 0€ cette année, sous prétexte qu’on n’a pas atteint l’objectif au niveau de notre site, sauf que la direction fait exprès de nous fixer des objectifs inatteignables ».

C’est donc sur la base d’une colère profonde vis-à-vis des salaires qu’un mouvement national de grève s’est déclenché jeudi 7 mars, où les salariés revendiquait 10% d’augmentation ainsi qu’un treizième mois dans le cadre des NAO (négociations annuelles obligatoires) qui se déroulait du 5 au 8 mars. Malgré une grève nationalement suivie avec des dizaines de sites mobilisés en France, la direction a fait la sourde oreille en maintenant une augmentation finale d’environ 18 centimes de l’heure, l’équivalent d’une augmentation entre 3% et 3,5%, calculés sur la grille des salaires de 2023, c’est-à-dire une grille obsolète rattrapée par l’inflation. Selon les syndicats, l’augmentation réelle serait d’environ 1,5 %, donc très clairement en dessous de l’inflation.

Une augmentation misérable qui a d’ailleurs été refusée par l’ensemble des syndicats représentatifs de l’entreprise (CFDT, CGT et CFTC) qui n’ont ni signé l’accord de NAO, ni le procès verbal de désaccord. Comme l’expliquait Pierre : « C’est un scandale, ID Logistics voit ses bénéfices grimper par rapport à l’année dernière grâce à nous, mais derrière la direction ne nous cède même pas des miettes ». Une situation d’autant plus scandaleuse que la direction impose un calendrier de NAO anormalement court (tout est discuté en 4 jours) pour finaliser un accord avant la publication des résultats du groupe une semaine plus tard.

Ces manœuvres témoignent d’un profond mépris de la direction pour les salariés qui sont pourtant ceux qui permettent à l’entreprise de réaliser des bénéfices. Derrière les performances économiques exceptionnelles se cache l’exploitation et le mépris des travailleurs de la multinationale de la logistique. Face à cela, les grévistes d’ID Logistics ont montré la voie à suivre : C’est par la mobilisation qu’il sera possible d’arracher de meilleurs salaires. Si cette première grève a été insuffisante dans ce sens, elle a montré la force du collectif et qu’il est possible de mobiliser largement. Cette grève inédite doit poser les bases pour des prochaines mobilisations plus préparées et organisées à la base par tous les travailleurs, syndiqués ou non.