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Répression

« Ils m’ont sauté dessus en me maintenant à terre avec leurs matraques » : une jeune réprimée témoigne

« On nous a ordonné de rester à genoux les mains sur la tête pendant plusieurs heures » : Léa*, 19 ans, réprimée à plusieurs reprises durant le mouvement contre la réforme des retraites, nous raconte les arrestations violentes qu'elle a subi et les propos sexistes qui les ont accompagnées. Dans le cadre de la campagne contre la répression lancée par Le Poing Levé, nous relayons son témoignage.

16 juin 2023

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« Ils m'ont sauté dessus en me maintenant à terre avec leurs matraques » : une jeune réprimée témoigne

Crédits photo : capture d’écran vidéo de @CivicioY, le 27 mai à Rennes

Révolution Permanente : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage, est ce que tu peux te présenter et nous expliquer les raisons de ton engagement dans le mouvement que nous venons de vivre ?

Je m’appelle Léa* j’ai 19 ans, je travaille actuellement au marché comme saisonnière parce que trouver un travail en plein temps c’est super compliqué, personne ne répond malgré ce que dit le gouvernement. J’ai décidé de me mobiliser contre la réforme des retraites dès qu’elle a été annoncée car c’est quelque chose qui concerne notre avenir. Et puis plus le temps passe, plus on n’est pas écouté, on est moqué et ridiculisé par des ministres qui ne connaissent pas la fatigue physique et/ou mentale au travail.

Révolution Permanente : Tu as subi plusieurs contrôles d’identité violents, peux-tu revenir sur ce qu’il s’est passé ?

J’ai subi plusieurs contrôles de police violents durant le mouvement. La première fois, c’était au début de la répression violente du mouvement à Rennes, le samedi 11 février. Je faisais partie de la manifestation qui s’est prolongée dans la soirée, la police nous a bloqué de partout, la seule issue était de se réfugier dans une petite cour d’immeuble en espérant ressortir de l’autre côté, mais on s’est retrouvé dans une impasse.

On était une vingtaine, entre 16 et 25 ans je dirais, on nous a ordonné de rester à genoux les mains sur la tête, une fille à côté de moi faisait une crise de panique, j’ai donc passé à peu près une bonne heure assise à essayer de la rassurer du mieux que je pouvais. Je lui disais de respirer avec moi en essayant de ne pas se faire remarquer par la police.

Il faisait nuit, on était éclairé par les lampes des policiers qui nous la mettait dans les yeux. Le but était clairement de nous humilier, on nous disait : « Vous êtes des profiteurs du RSA », « Ils sont beaux les guerriers, maintenant ça rigole moins », ou encore « Vous êtes ridicules ». Un des policiers a dit à une fille que je connaissais : « Regarde comment elle est laide elle avec tous ses piercings, fille ou garçon, je ne sais même pas ». Certains nous ont même menacés en nous disant : « J’aimerais bien que quelqu’un se révolte là maintenant (en claquant sa main contre sa cuisse) ». Ils nous ont aussi insultés à de multiples reprises : « pute, salopes… ».

On a été sorti un par un avec un contrôle d’identité. A ce moment-là j’étais à la recherche d’un travail, quand je l’ai dit, un des policier m’a répondu : « Dégage de là, ce n’est pas ici que tu vas en trouver ». J’ai heureusement été relâchée une heure plus tard sans être emmenée au poste, un autre manifestant a réussi à filmer la scène, un article est même sorti sur la question

La deuxième fois que j’ai été réprimée c’était le samedi 27 mai, lors d’une manifestation contre l’extreme droite à Rennes. Je me suis faite contrôler 4 fois dans la journée, les policiers ont pris mes lunettes de protection. La manifestation a été séparée en deux par la police : on s’est fait courser de République à Saint-Germain et les gens ont commencé à avoir peur, ils se sont mis à courir et plusieurs personnes se sont pris dans mes pieds. Je suis tombée violemment, au moment où j’allais me relever les policiers m’ont sauté dessus en me maintenant à terre avec leurs matraques, sur les vidéos, on voit qu’ils me donnent un coup de pied, mais avec la panique je n’ai rien senti.

Ils ont directement pris mes affaires dans mon sac, dont mon portefeuille où on voyait ma carte d’identité dépasser. Je me relève et je vois qu’un policier de leur équipe me prend en photo de très près, je pense qu’ils ont aussi pris ma carte d’identité en photo. Je faisais seulement partie de la manifestation, je n’ai rien fait de compromettant à part manifester pour mes idées.

Révolution Permanente : Est-ce que ton rapport à la police a changé avec le mouvement contre la réforme des retraites ?

Je n’ai jamais été une grande fan : ce que je reproche à la police, c’est l’institution, la façon dont ils sont entraînés et éduqués à détester et violenter. Maintenant mon ressenti est tout simplement justifié. Mais je vais continuer à me mobiliser, c’est des situations qui ne sont pas acceptables, on se bat pour un avenir, pour une meilleure représentation du peuple au gouvernement. Je suis simplement encore plus en colère et je ne vais pas me laisser faire.


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