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Guerre en Ukraine

Joe Biden en visite surprise à Kiev : entre hypocrisie belliciste et nouvelle surenchère militaire

Le président des États-Unis Joe Biden a effectué une visite surprise à Kiev ce lundi. Au menu de la visite : livraisons d’armes et communication politique.

Wolfgang Mandelbaum

21 février 2023

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[Crédits photo : AFP]

La visite de Biden en Ukraine, qui intervient quelques jours avant le premier anniversaire de l’invasion russe, est la première de la part d’un président des États-Unis en exercice depuis la visite de George W. Bush en 2008 où il avait rencontré Viktor Yushchenko et Yulia Tymoshenko. Biden n’est resté que quelques heures, avant de s’envoler pour la Pologne où il va rencontrer le président Duda et les leaders des Neuf de Bucarest, les pays du flanc est de l’OTAN. Les sirènes ont retenti dans la capitale lors de l’arrivée du cortège de Biden ; une opération de communication visant à appuyer l’impression que le président des États-Unis se trouvait en zone de guerre, et ainsi marquer des points sur le plan de la politique intérieure, d’après l’agence de propagande Internet Research Agency. Moscou a été notifié de la visite imminente de Biden et a assuré que la capitale ukrainienne ne serait pas bombardée lors de sa visite, selon l’analyste politique proche du Kremlin Sergei Markov.

À peine arrivé sur le sol ukrainien, Joe Biden annonçait un paquet d’aide militaire à hauteur de 500 millions de dollars, essentiellement composé de lance-roquettes HIMARS et de munitions. La question d’une supposée pénurie de munitions dans l’armée ukrainienne, notamment pour les pièces d’artillerie, est au centre des discussions du côté otanien depuis quelques semaines. La livraison d’avions de combat, demandée par Zelenskyy depuis le début de la guerre, mais constituant une ligne rouge à ne pas franchir pour le Kremlin, a par contre reçu une fin de non-recevoir de la part du président Biden (pour le moment). De même pour les armes à sous-munitions demandées par le vice-Premier ministre ukrainien Oleksandr Koubrakov lors de la Conférence de Munich sur la sécurité il y a quelques jours, connues pour tuer de manière indiscriminée sur de larges surfaces et interdites au plan international depuis la Convention sur les armes à sous-munitions de Dublin en 2008.

La visite de Biden est hautement symbolique, alors que la guerre va entrer dans sa seconde année et que le président russe Vladimir Poutine, lors d’un long discours ce mardi, a déclaré suspendre la participation de la Russie au traité nucléaire “New Start” avec les Etats-Unis. Tandis que les Russes peinent à avancer sur le champ ukrainien, Poutine prépare une nouvelle offensive de son armée avec la fin de l’hiver, qui a fortement enlisé la progression russe. L’enjeu pour Biden est de remobiliser les alliés de l’OTAN, alors que des voix discordantes continuent de se faire entendre, notamment en Europe occidentale. La perspective d’une guerre qui n’en finit pas ennuie les dirigeants européens, qui craignent une déstabilisation de leurs pays au fur et à mesure qu’elle s’éternise. De même, alors que les États-Unis cherchent à affaiblir le plus possible la Russie, les Européens auraient plutôt besoin d’une Russie qui ne soit pas complètement déstabilisée au sortir de la guerre, particulièrement pour leurs besoin énergétiques, comme en atteste le nouvel appel du président Macron, en marge de la Conférence de Munich, à ne pas « écraser la Russie », une sortie vertement décriée par le président Zelenskyy.

Cette visite est également importante pour Biden sur le plan de la politique intérieure, alors qu’il fait face à une offensive des Trumpistes sur le coût de la guerre pour l’économie étasunienne. De plus, la séquence électorale s’est réouverte aux États-Unis, même si Biden entretient toujours le flou sur l’hypothèse de se présenter pour sa réélection. Pour certains Démocrates, Biden n’est pas le candidat idéal pour les élections de 2024, du fait de son grand âge et de rumeurs persistantes sur ses facultés mentales. Visiter une zone de guerre, comme ont pu le faire avant lui Obama et Trump en Afghanistan et en Irak, est sans nul doute un atout pour Biden dans une période électorale.


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