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Déclaration du Mouvement Révolutionnaire des Travailleurs (MRT) Brésil

La droite réussit son coup au parlement et montre son visage réactionnaire

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La chambre des députés a voté en faveur de la poursuite du processus d’impeachment. Les discours des députés ont dévoilé le visage le plus réactionnaire de ce coup d’Etat institutionnel.

Avec une marge supérieure aux prévisions des grands médias brésiliens, la chambre des députés a approuvé la poursuite du processus d’impeachment. Des centaines de députés, eux-mêmes détenteurs d’innombrables privilèges et impliqués dans diverses histoires de corruption ou d’autres crimes, ont séquestré la volonté de millions d’électeurs pour imposer au pays une orientation encore plus réactionnaire que celle déjà à l’œuvre avec les mesures d’austérité de Dilma.

Le pas franchi aujourd’hui à la chambre des députés dans le processus de coup d’Etat institutionnel, qui confiera le pouvoir au duo réactionnaire Michel Temer-Eduardo Cunha, avec le soutien de la FIESP [Fédération des industries de Sao Paulo] et du grand groupe média Globo, doit encore être voté à majorité simple au Sénat. Selon les prévisions des médias, il est probable qu’il y soit validé. L’enquête « Lava jato « (« lavage express »), en répondant aux intérêts impérialistes et en attaquant les droits démocratiques élémentaires, a posé les bases de cette offensive putschiste du pouvoir parlementaire, soutenu par le pouvoir judiciaire.

Peu de députés ayant voté pour l’impeachment se sont prononcés sur les « pédalages budgétaires » invoqués pour engager le processus d’impeachment. Ainsi, les députés en plus de dévoiler leur caractère putschiste, ils ont aussi montré le caractère réactionnaire des raisons de leur vote.

Les votes pour la destitution de Dilma Rousseff ont été justifiés par un torrent de déclarations toutes plus réactionnaires les unes que les autres, les uns votant au nom de la police militaire (PM), des Forces armées, les autres au nom des propriétaires terriens qui persécutent les populations autochtones, de l’Eglise et de la famille patriarcale, et même au nom de la dictature militaire et du général tortionnaire Brilhante Ulstra.

Cette droite rance n’a pas surgi de rien, elle a été l’alliée du Parti des Travailleurs (PT) pendant plus d’une décennie. Le PT a alimenté cette droite qui faisait partie de sa coalition de gouvernement, et qui aujourd’hui a exposé ses relents réactionnaires sans aucune honte, comme un écho aux slogans droitiers chantés devant le siège du FIESP sur l’avenue Paulista. Le bloc représentant l’Eglise évangéliste en particulier, puisque le PT a non seulement fait le choix de faire alliance avec, mais il a en plus refusé de légaliser un droit aussi élémentaire que le droit à l’avortement. Le bloc de l’agrobusiness a lui aussi été l’un des alliés du PT lorsqu’il s’agissait de refuser la réforme agraire. Les explications de vote d’anciens alliés du PT comme le Parti social-chrétien (PSC), le Parti progressiste (PP) et le Parti social démocratique (PSD), ont été encore plus réactionnaires que celles des droitiers du Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) ou des Démocrates (DEM). L’échec du gouvernement Dilma, de Lula et du PT a démontré au PT qu’il ne pouvait pas mettre la droite en échec, même en achetant ses voix.

C’est bien le PT qui a ouvert la voie à cette offensive, en adoptant les méthodes capitalistes de gouvernance par la corruption, par la contention et la déviation des revendications qui s’étaient exprimées dans la rue en juin 2013, et en imposant aux travailleurs et aux populations pauvres un plan d’ajustement brutal pendant le deuxième mandat de Dilma. Le PT avait mené sa campagne électorale en promettant de ne pas prendre de mesures austéritaires, et il a commencé à attaquer les travailleurs dès son premier jour au gouvernement, ce qui a démoralisé ses propres électeurs des classes populaires.

De leur côté, la CUT (Centrale Unique des Travailleurs), la CTB (Centrale des Travailleurs du Brésil), l’UNE (Union Nationale des Etudiants) et les autres organismes du mouvement de masses liés syndicalement au PT ont empêché que les syndicats luttent contre l’austérité et l’impunité de “leur gouvernement”. Ils se sont limités à faire des critiques purement formelles des aspects les plus droitiers du gouvernement car leur véritable plan était de préparer la campagne pour le retour de Lula en 2018. Une vraie trahison que le mouvement ouvrier brésilien devra payer dans la prochaine période.

En isolant et trahissant les luttes de résistance aux attaques du gouvernement qui ont surgi, ces directions ont préparé la défaite actuelle. Au milieu de cette crise nationale, les manifestations pacifiques convoquées par les centrales syndicales liées au gouvernement ont été incapables de présenter une quelconque résistance à l’offensive de la droite.

La CUT a refusé de lancer un plan de lutte avec des grèves, des arrêts de travail et les méthodes de la lutte de classes décidées en assemblées de la base, seule alternative capable d’arrêter dans les faits l’offensive putschiste, ce qui suppose une rupture avec leur politique de soumission à Dilma et Lula. Elles ont préféré la victoire de la droite à la remise en cause de la domination de cette caste bureaucratique. Ces bureaucrates syndicaux craignent beaucoup plus la spontanéité de leur base syndicale que les patrons et la droite.

L’extrême gauche qui ne s’est pas prononcée contre l’impeachment – ou plus encore, ceux qui ont appelé à s’abstenir en affirmant que peu importait le résultat, comme l’a fait le PSTU (Parti Socialiste des Travailleurs Unifié) – a démontré aujourd’hui quelles tendances elle était vraiment en train de favoriser : non seulement le patronat de Sao Paulo organisé au sein de la puissante FIESP, mais aussi la politique du groupe parlementaire représentant l’église évangélique et l’agrobusiness, qui figurent parmi les grands gagnants de la soirée.

Le vote en faveur de l’impeachment signifie la progression d’une offensive bonapartiste de droite sur tout le pays. Les positions d’’un courant interne du PSOL (Parti Socialisme et Liberté) comme le MES (Mouvement de la Gauche Socialiste), dirigé par Luciana Genro, qui s’est limité à un post désespéré sur les réseaux sociaux, contre l’impeachment, au dernier moment des votes, ayant idéalisé Sergio Moro, le juge qui mène les enquêtes anticorruption, et ayant défendu la perspective d’élections anticipées, ont elles aussi rendu service au putschisme institutionnel.

Nous appelons les travailleurs et la jeunesse qui détestent la droite à lancer à nos côtés une lutte sérieuse contre le putsch institutionnel, sans pour autant déclarer notre soutien au gouvernement du PT. Défendons sur chaque lieu de travail et d’étude un plan immédiat de lutte pour résister face à l’avancée de la droite et de ses attaques.

La centrale syndicale de gauche Conlutas ne doit pas favoriser le putschisme, en suivant la politique du PSTU. Si les députés du PSOL veulent être conséquents avec le rejet du putschisme qu’ils ont démontré au parlement, ils doivent arrêter de semer des illusions sur l’opération anticorruption « Lava Jato », d’embellir la bureaucratie syndicale et la politique du PT, pour mettre leurs forces au service de la mobilisation indépendante des travailleurs et de la jeunesse.

En même temps que le MRT met tous ses efforts pour entourer de solidarité les luttes en cours, et pour aider à ce qu’elles gagnent, nous mettons en avant dans les assemblées étudiantes et des travailleurs la nécessité de mettre sur pied une grande lutte contre le putschisme institutionnel et l’austérité. Nous défendons la nécessité de lutter pour une Assemblée Constituante Libre et Souveraine qui s’attaque à la racine de la corruption, qui fasse que les capitalistes payent la crise et qui s’attaque aux problèmes structurels du pays.


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