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« La maman de Nahel a le droit de vivre son deuil comme elle veut ! »

Suite à la marche d'hommage à Nahel à Nanterre, l'extrême droite a trouvé un nouvel angle d'attaque aussi ignoble que raciste : s’en prendre à Mounia, la maman du jeune Nahel tué par la police. Billet.

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« La maman de Nahel a le droit de vivre son deuil comme elle veut ! »

Crédits photo : capture d’écran Twitter

Selon eux, si celle-ci a souri, levé le poing ou fait du bruit avec une moto lors de la marche blanche de ce jeudi, c’est que son deuil ou sa peine ne serait pas vraiment sincère. Julien Rochedy, comme d’autres, a laissé entendre que cela serait le symbole d’une différence entre ces « gens très différents » qui « manquent de cœur » d’un côté, et « nous », désignant probablement la « civilisation blanche occidentale » comme il l’explique à longueur de vidéo.

Pourtant, toute personne, qu’elle soit blanche ou non, qu’elle habite en quartier ou à la campagne, toute personne ayant vécu des deuils et perdu des proches sait que parfois, le sourire ou le rire peuvent se mêler aux larmes. Parfois, on pleure et on ne dit rien. A d’autres moments, on se serre les coudes, on se raconte nos vies ou nos souvenirs avec la personne qu’on aimait, on rigole bêtement de choses qu’on a partagé.

Comme Mounia, on peut remercier les gens qui sont venus avec un sourire et fondre en larmes dans la seconde qui suit. Comme Mounia, on peut essayer de garder la face, de ne pas s’effondrer, en se disant souvent que c’est ce qu’aurait voulu qu’on fasse la personne qu’on aimait. Pour peu qu’on ait un peu vécu dans le monde réel, on connait tous autour de nous des gens qui ont vécu des deuils de façon très différentes, de quelque origine qu’ils soient.

Mais toutes les morts ne sont pas les mêmes. La mort de Nahel, abattu par la police comme beaucoup d’autres jeunes de quartiers avant lui, a été filmée. Elle a soulevé la colère légitime de ceux qui subissent le racisme, les discriminations et les violences policières. Elle a pris de fait un contenu politique, comme celles de Zied et Bouna, d’Adama ou de George Floyd avant lui.

Que sa maman trouve les ressources pour marcher la tête haute, lever le poing et crier sa rage, c’est un signe de courage, pas un manque de cœur. Si elle n’avait pas trouvé cette force, personne ne le lui aurait reproché non plus. Mais toutes les morts, et donc tous les deuils ne sont pas les mêmes.

Les familles de victimes de violences policières, si elles osent se plaindre, ne reçoivent que des coups de la part de l’État. La famille Traoré en est la preuve, ne serait-ce qu’avec l’exemple de Bagui, frère d’Adama, ayant passé 5 ans en prison avant d’être innocenté.

Tant mieux si la mère de Nahel est entourée de solidarité comme elle l’a été lors de la marche de Nanterre. Tant mieux si cela l’aide à tenir. Si elle a pu saisir quelques moments de joie, et encore c’est probablement un bien grand mot, c’est aussi en voyant toutes ces personnes manifester en hommage à son fils.

Comme elle l’a expliqué, en tuant Nahel c’est comme s’ils l’avaient tué elle. L’extrême droite voudrait la tuer une deuxième fois, en lui dictant son deuil et en lui interdisant de sourire. En bombardant d’attaques, d’insultes et de calomnies non seulement sa mère mais aussi Nahel lui-même, l’extrême droite voudrait faire taire la colère, voudrait effacer la révolte actuelle qui représente tout ce qui la terrifie en critiquant les violences policières, le racisme et ce que cette société porte de plus réactionnaire.

Espérons au contraire que la maman de Nahel tienne le coup et qu’elle puisse continuer de réclamer justice pour son fils et pour toutes les victimes de violences policières. Mounia, nous sommes avec toi !


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Gaëtan Gracia, CGT Ateliers de Haute-Garonne

Militant à la CGT Ateliers Haute-Garonne
Twitter : @GaetanGracia

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