Partout, y compris dans ces régions de l’Ouest où son score est traditionnellement plus faible, le FN est donné favori ou au dessus de la barre des 20%. C’est le fruit pourri d’un gouvernement socialiste qui a matraqué les travailleurs et les classes populaires à longueur de contre-réformes depuis 2012 et qui n’a pas hésité à manier les mêmes discours vomitifs que le FN. Dernièrement encore, la proposition de « déchéance de nationalité », pour les binationaux qui menaceraient l’ordre établi, est tout juste sorti du chapeau du vieil arsenal de Jean-Marie Le Pen.
Systématiquement, et sur les principaux sujets, on a du mal à distinguer qui de Manuel Valls ou de la fille Le Pen est le plus réac. Sur les migrants et une Europe « saturée » (Valls), les perquisitions administratives justifiées de jour comme de nuit (Cazeneuve), l’islamophobie, le militarisme et le chauvinisme (Hollande), c’est à croire que la gauche de gouvernement entend vraiment faire le lit du FN pour mieux le dénoncer par la suite et appeler à lui faire barrage dans les urnes. La méthode est aussi vieille que le mitterrandisme, mais, cette fois-ci, la situation, pour les classes populaires et le monde du travail, elle est encore plus catastrophique avec, au mois d’octobre encore, 42.000 chômeurs en plus.
Etre du côté des luttes, de toutes les luttes, contre cette union nationale qui est la meilleure des justifications au « recul permanent » de nos droits, c’est une nécessité pour penser les conditions d’une reprise de la contestation des politiques actuelles. Que ce soit à l’APHP ou à Air France, on a vu combien les politiques austéritaires passaient mal. Mais sans perspective d’unification des bagarres, d’affrontement avec un Etat droit dans ses bottes, les résistances peuvent se multiplier, si elles sont éparpillées, il est peu probable qu’elles permettent de renverser la vapeur.
Dans ce cadre, et à gauche du gouvernement, il y a peu de perspectives. Dans le sillage de son positionnement par rapport à la prolongation de l’état d’urgence, à la manifestation interdite de dimanche et aux 317 camarades gardés-à-vue, le Front de Gauche (qui présente des listes à géométrie variable, en fonction des régions), ne fait pas mystère de son soutien au PS au ¬deuxième tour, avec fusion des listes et participation à l’exécutif des régions (si second tour il y a pour la gauche). Une position cohérente avec le vote par les députés du Front de gauche de la prolongation de trois mois de l’état d’urgence.
Dans ce cadre, la seule façon de refuser l’union nationale, la politique du gouvernement, d’exprimer notre refus de son orientation liberticide et raciste et des mauvais coups patronaux, c’est en votant pour les seules listes qui défendent une indépendance de classe. Voter pour Lutte Ouvrière, en dépit des différences que nous pouvons avoir avec l’organisation de Nathalie Arthaud, notamment son approche routinière de la politique (comme le démontre son absence complète lors des manifestations du 22 puis du 29 novembre), c’est aussi dire que le « tou-te-s ensemble » dont nous avons tant besoin doit se construire, et ce en repensant, par rapport aux défis actuels et aux agressions systématiques menées par les socialistes, une extrême gauche de classe, antiraciste, anticapitaliste, anti-système et radicalement internationaliste.