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Racisme d’État

Mort de Wanys : les personnels de l’éducation de la Courneuve dénoncent « un crime policier »

En grève depuis maintenant 4 semaines, les personnels d'éducation de la Courneuve ont voté ce mardi un communique de solidarité envers les proches de Wanys, tué par la police. Un exemple important face au racisme d’État.

Ivan Ferrero

20 mars

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Mort de Wanys : les personnels de l'éducation de la Courneuve dénoncent « un crime policier »

Alors que le personnel de l’Éducation nationale est en grève depuis près de 4 semaines dans le 93 et que la mobilisation commence à s’étendre dans le 94 et le 95, Wanys, un jeune de 18 ans a été tué par la police ce 13 mars à Aubervilliers. Dans le cadre de la journée nationale de grève dans la fonction publique, la communauté éducative de la Courneuve, réunie en assemblée générale, a communiqué son soutien à la famille de Wanys et a appelé à participer à leur combat. Une démonstration de solidarité exemplaire.

Ce 19 mars fut une journée de mobilisation contrastée dans la fonction publique. De fait, si 100 000 personnes ont défilé ce mardi dans les rues, la mobilisation de l’Éducation nationale enregistre un recul dans par rapport à la journée nationale de grève du 1er février. Ainsi, tandis que 47 % des professeurs du secondaire étaient en grève le 1er février, ils étaient 30 % de grévistes dans le secondaire ce 19 mars.

Pour autant, la situation nationale contraste fortement avec la dynamique de grève du personnel de l’éducation dans le 93 qui dure depuis le 26 février pour exiger un plan d’urgence face au manque de moyens. En effet, depuis maintenant 4 semaines les travailleurs de l’éducation s’organisent avec les parents d’élèves dans des assemblées de quartiers, mènent des actions coup de poing en envahissant le rectorat de Versailles ou encore, s’organisent avec leurs élèves en manifestation et en faisant des vidéos sur TikTok.

C’est dans ce contexte, que dans la nuit du 13 mars, à Aubervilliers, Wanys, un jeune de 18 ans a perdu la vie après avoir été percuté par une voiture de police qui le poursuivait. Si les policiers se sont empressés de qualifier sa mort d’accident survenu à la suite d’un « refus d’obtempérer », ils ont rapidement été contredits par une vidéo circulant sur internet. Dans la nuit de dimanche, une cinquantaine de jeunes ont attaqué le commissariat de la Courneuve pour exprimer leur colère. Alors que depuis 4 semaines, l’État refuse la mise en place d’un plan d’urgence comme le réclament les professeurs en grève, il lui aura fallu moins de 24 heures pour déployer des blindés et des snipers en urgence face à la nouvelle vague de colère.

Pour ceux qui sont ses anciens enseignants ou ses voisins, l’injustice est frappante. Ainsi, ce 19 mars la communauté éducative de la Courneuve, réunie en assemblée générale, a communiqué son soutien à la famille de Wanys et a appelé à participer à leur combat. Une démonstration de solidarité qui est à suivre, car on aurait tort de penser que la mort de Wanys est sans rapport avec le manque de moyens pour l’éducation dans le 93. Ce sont tous les deux des expressions d’un racisme d’Etat qui opprime les quartiers populaires et qui doit être combattu par un front large comme nous le montre le personnel d’éducation de la Courneuve.

Communiqué de la communauté éducative de La Courneuve réunie en assemblée générale le 19 mars

Nous avons appris la mort de Wanys Rahou, tué par une voiture de police la semaine dernière à Aubervilliers. Ce nouveau crime policier endeuille toute la ville : Wanys était pour beaucoup d’entre nous un ancien élève, un voisin, un proche de nos élèves ou enfants. Les vidéos choquantes qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent la brutalité de l’action des forces de l’ordre, qui a amené à la blessure grave d’un autre jeune, également sur le scooter de Wanys.

Nous partageons nos condoléances et notre soutien à leurs proches. Nous souhaitons rappeler une vérité simple : aucun•e jeune ne mérite de voir sa vie fauchée, pour quelque raison que ce soit. Cette mort s’inscrit dans une continuité de violences et de discriminations racistes que vivent nos élèves et enfants dès le plus jeune âge, de l’orientation scolaire subie aux contrôles policiers abusifs, contre laquelle nous nous insurgeons et que nous dénonçons pour beaucoup depuis longtemps. Combien encore d’élèves, d’ancien•nes élèves, de jeunes devront nous encore pleurer avant que cela ne cesse ?

Nous revendiquons une école de la justice sociale, une école émancipatrice, une école qui permette à chaque jeune de vivre sa vie pleinement en grandissant. Nous revendiquons pour cela un plan d’urgence depuis plusieurs semaines déjà, dans un département qui cumule les difficultés sociales et la stigmatisation raciste de sa jeunesse. Face à cela, c’est à une nouvelle preuve de la violence policière que nous assistons.

Depuis la mort de Wanys, tant de questions se posent à nous, personnel•les d’éducation et parents : comment protéger les jeunes ? Comment écouter leur colère ? Comment les accompagner et les soutenir face à ces violences ? Comment leur transmettre des valeurs essentielles comme la justice et l’égalité ? Les mots nous manquent souvent, et nous dénonçons qu’aucune mesure n’ait été prise par beaucoup de directions d’établissement en direction de la communauté éducative depuis le 13 mars (communication aux familles, cellule psychologique, temps banalisé,...). L’école que nous souhaitons et que nous vivons n’est pas fermée sur elle-même, imperméable à la vie de nos élèves et enfants.

Nous dénonçons la réponse de l’État depuis la semaine dernière, qui a jugé opportun de mobiliser toujours plus de force policière dans la ville : 50 interpellations de jeunes pacifiques dimanche soir, 9 garde-à-vues. Nous demandons que le rôle des personnel•les d’éducation et des parents comme éducateurs et éducatrices soit remis au centre. Une nouvelle débauche de violence n’atténuera jamais la colère légitime des enfants et adolescent•es de La Courneuve, et ne réparera en rien le choc de la mort de Wanys. Nous nous étonnons que lorsqu’il s’agit de moyens policiers démesurés (chars blindés, sniper,...), le plan d’urgence se réalise plus vite que lorsque des établissements s’effondrent et qu’il manque des personnel•les d’éducation face aux jeunes.

Enfin, nous exprimons notre soutien à la famille de Wanys dans leur quête de vérité et de justice, et notamment à la plainte déposée auprès du tribunal. Nous appelons à participer aux cagnottes en soutien à leur deuil et à leur combat. Nous participerons, en recueillement, à la marche blanche de jeudi, au départ de la mairie de la Courneuve.

La communauté éducative de La Courneuve réunie en assemblée générale le 19 mars


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