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Journée internationale

Palestine : le 29 novembre, élargissons le mouvement dans nos universités !

Une journée de mobilisation sur les facs et les lycées est appelée en soutien à la Palestine ce 29 novembre. Une date qui doit servir de point d’appui pour élargir le mouvement.

Philomène Rozan

27 novembre 2023

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Palestine : le 29 novembre, élargissons le mouvement dans nos universités !

Mercredi 29 novembre, une journée de mobilisation en solidarité avec la Palestine est appelée dans différentes universités. Une date qui émane initialement de l’Assemblée inter-universités parisienne du 15 novembre : « le 29 novembre c’est la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, il faut que ce jour-là on mette les facs en grève ! Pas de cours, mais des activités, des mobilisations de soutien ». Dans ce cadre, le comité de soutien à la Palestine de Paris 1 organise une veillée place de la Sorbonne, tandis qu’à Paris Cité les étudiants mobilisés vont installer une exposition et appellent à un rassemblement sur l’esplanade de la fac. L’initiative partie de Paris a été depuis rejointe par le comité Palestine du Mirail à Toulouse ou encore à Rennes 2, à Bordeaux et Montpellier.

Entre répression et stratégie de la pression : un mouvement qui peine à dépasser un plafond de verre

Cette journée s’inscrit dans la dynamique de mobilisation en soutien au peuple palestinien impulsée depuis plusieurs semaines dans de nombreuses universités de France. Un mouvement naissant, qui prend notamment la forme de comités Palestine regroupant des dizaines voire des centaines d’étudiants à Metz, Marseille, en passant par Toulouse, Bordeaux, Rennes ou encore Paris. Ces derniers ont déjà été à l’initiative de plusieurs démonstrations de solidarité, à l’image du cortège jeune dans la manifestation samedi dernier à Paris, du die-in place de la Sorbonne ou encore des rassemblements sur les campus comme au Mirail ou à Science Po qui s’est drapé ce jour-là des couleurs de la Palestine.

Si le soutien au peuple palestinien face au génocide continue de se structurer dans les facs, la mobilisation peine à s’étendre à des pans larges d’étudiant.es. Un « plafond de verre » similaire à la dynamique des manifestations de solidarité, qui regroupent des dizaines de milliers de personnes désormais chaque week-end depuis plusieurs semaines, mais qui semblent elles aussi confrontées à la difficulté d’élargir la solidarité dans la population.

Des limites qui prennent racines dans la répression inédite imposée par le gouvernement et ses relais. En effet, malgré l’autorisation de la majorité des manifestations aujourd’hui, des militant-es syndicaux et politiques, des partis et même des député-es continuent d’être convoqué-es par la police pour « apologie du terrorisme » ou bien placé-es en garde à vue pour des collages de soutien, pendant que les universités interdisent les réunions sur la Palestine. A cela se combine la propagande pro-Israël systématiquement diffusée dans les médias qui cherche à associer le soutien à la Palestine à de l’antisémitisme, tandis que des groupes sionistes harcèlent des militant-es, les menaçant de mort ou de viol pour leur soutien à la Palestine.

Mais les difficultés auxquelles se confronte la mobilisation actuelle s’expliquent également par l’absence d’intervention du mouvement ouvrier, avec ses mots d’ordres et ses méthodes. Alors qu’à l’international, plusieurs secteurs du monde du travail ont bloqué leur entreprise pour empêcher l’envoi d’armes à Israël, en France, si plusieurs confédérations syndicales ont appelé à soutenir le peuple palestinien, leurs appels sont pour l’instant restés conscrits à la participation aux manifestations et aux rassemblements sans chercher à construire le mouvement dans les entreprises. Une position qui tend à freiner la construction d’un véritable rapport de force contre le gouvernement et son « soutien inconditionnel » à Israël, notamment par la grève, et qui laisse in fine le mouvement dans une logique de pression diplomatique sur les États.

Dans ce contexte, la construction d’un véritable mouvement étudiant pourrait bien bouleverser cette dynamique. S’il se développait, celui-ci pourrait être un point d’appui énorme pour structurer la mobilisation dans les lieux de travail ou dans les quartiers et d’en élargir les revendications. Passer de centaines d’étudiant-es et lycéen-nes mobilisé-es à des milliers ou des dizaines de milliers permettrait de dépasser le soutien symbolique pour construire un mouvement dur contre l’Etat colonial d’Israël, à même de faire changer la situation en Palestine.

Faire du 29 novembre un point d’appui pour élargir le mouvement

A l’origine le 29 novembre est une date internationale de solidarité avec la Palestine créée par l’ONU après avoir reconnue l’existence d’Israël. Mais la proposition qui émanait de l’Assemblée inter-facs était d’aller au-delà des contours imposés par l’ONU et les puissances occidentales. Et de dépasser dans le même temps les appels d’une partie des organisations comme le collectif national pour une Paix Juste et Durable qui dénonce avec force le massacre en cours sans remettre en cause ses racines profondes que sont les 75 années de colonisation et de massacre des Palestinien.nes par l’Etat d’Israël. C’est en ce sens que plusieurs collectif Palestine appellent à une veillée pour dire « Stop au génocide, à bas la colonisation et l’impérialisme  ». Dans le communiqué qui accompagne l’appel il est affirmé «  Nous, étudiants et personnels du comité de soutien à la Palestine de la Sorbonne, répondons à l’appel des étudiants de Palestine pour une journée mondiale de mobilisation le 29 novembre. Nous sommes convaincus du rôle important de la jeunesse internationale face à la politique criminelle des puissances impérialistes. » Dans le même sens des actions symboliques se préparent dans plusieurs universités pour dénoncer « tous ensembles le sang qu’a sur les mains l’impérialisme français.  »

La journée de mobilisation du 29 novembre pourrait permettre d’élargir la mobilisation. En premier lieu en dénonçant la criminalisation de la solidarité avec la Palestine et le durcissement du régime qui l’accompagne. L’action des étudiants de Sciences Po Paris, qui ont revendiqué lors de leur rassemblement que « défendre la Palestine n’est pas un crime » Ainsi, le 29 novembre doit être l’occasion de revendiquer le droit à soutenir le peuple palestinien et lutter fermement contre la criminalisation du mouvement. A l’heure où le régime se durcit il s’agit d’exiger l’abolition de toute les lois sécuritaires et racistes, à commencer par la loi immigration qui va supprimer Aide Médicale d’État, rétablir un délit de séjour irrégulier en France ou encore impliquer des cautions à verser pour étudier en France.

Plus largement, l’émergence d’un mouvement étudiant permettrait d’impulser une dynamique anticolonialiste dans la mobilisation actuelle. La France réprime le mouvement en cours, soutient « inconditionnellement » Israël, lui fournit des armes depuis des dizaines d’années et tandis que de nombreuses multinationales françaises y sont implantées il s’agit de dénoncer le sang que le gouvernement français a sur les mains. Le 29 novembre doit aussi être l’occasion de dénoncer les partenariats des universités françaises avec certaines facs israéliennes ou avec des entreprises comme l’Oréal qui sont implantées en Israël. Un peuple libre n’est pas un peuple qui en opprime un autre !

La journée du 29 arrive quelques jours seulement après la mobilisation du 25 novembre contre les violences faites aux femmes, à l’occasion de celle-ci une jonction a pu s’opérer entre une partie du mouvement féministe et la lutte de soutien en cours pour la Palestine. Alors que dans les universités de nombreux-ses étudiant-es se revendiquent féministes il faut consolider cette alliance, défendre que le pink-washing d’Israël ne fonctionnera pas, qu’un génocide ne peut se faire au nom de la défense des femmes et des personnes LGBT.

Une date donc, à populariser et à construire à différentes échelles sur les facs et les lycées, pour faire entendre une large voix de soutien à la Palestine ! Partout des étudiant-es s’activent pour que le 29 les universités soient aux couleurs de la Palestine.

Ø A Paris un rendez-vous est donné devant la Sorbonne pour une veillée en hommage aux 14 000 mort-es. Rendez-vous à 18h30 place.

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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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