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Non à l'université néolibérale !

Paris 1. Compensation, assiduité : tout comprendre au projet de la présidence pour renforcer la sélection

Remise en question de la compensation, suppression des partiels, durcissement des règles d’assiduité, fin de l'AJAC : depuis quelques mois, la présidence planche sur un arsenal d’attaques pour aggraver la sélection et fermer encore plus la fac aux étudiant-es précaires. Le Poing Levé t'explique cette offensive importante.

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Paris 1. Compensation, assiduité : tout comprendre au projet de la présidence pour renforcer la sélection

Credit photo : Sorbonne. Licence Creative Commons

Il y a des projets que l’on préfère garder secrets, surtout lorsqu’ils ont pour objet d’augmenter drastiquement la sélection à la fac pour en restreindre toujours plus l’accès aux étudiants précaires. C’est ce qu’à tenté de faire la présidence de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en noyant une réforme brutale de sélection sociale dans le flot des pages des documents préparatoires aux conseils centraux, espérant que ces attaques passeraient inaperçues. Peine perdue.

Au Conseil académique ce mardi matin, nos élu-es ont questionné la présidence sur son projet au cœur de l’offre de formation. Une confrontation qu’a écourtée la présidence, bien qu’elle assume les grandes lignes de son projet d’attaques. On vous explique ce nouveau projet de sélection, qui s’étale sur cinq points centraux, et va notamment nuire aux conditions d’études des étudiant-es les plus précaires

Attaques contre les partiels et les rattrapages

La première modification notable dans le document concerne les modalités d’évaluation. L’université affiche l’intention claire d’établir une sorte de « Bac Blanquer » version licence. En effet, la présidence introduit à la discrétion des composantes une « évaluation continue intégrale » (ECI) comme modalité de l’évaluation des semestres, et le préconise notamment pour les licences. Cette modalité supprime de fait les partiels et les rattrapages. Pour se rattraper, les étudiant-es ne pourront miser que sur les autres évaluations de contrôle continu, et non plus sur les sessions classiques de rattrapage. De plus, il ne faudra qu’un « nombre suffisant d’examens » pour assurer un certain esprit de « seconde chance » au sein de cette ECI, n’offrant aucune réelle garantie de rattrapage aux étudiant-es. Ceux en difficulté ou travailleur-ses auront beaucoup plus de mal à valider leurs années.

Offensive contre le droit à la compensation

La seconde idée de la présidence est la remise en question du droit à la compensation, qui permet actuellement de valider une année grâce à la moyenne obtenue des moyennes de chaque semestre.

Dans un document intitulé « Règlement des études de la licence », la présidence indique en effet que « les règles de compensation s’appliquent sauf mention explicites contraires figurant dans les maquettes d’enseignement ». Une porte ouverte évidente à ce que les différentes composantes déterminent arbitrairement si elles appliqueront ou non la compensation à l’avenir, à rebours de l’idée d’une université égalitaire pour toutes et tous.

Selon les dires mêmes de la présidence de la fac au CAC de ce mardi matin : « l’idée est d’ouvrir des possibilités, ce sont les composantes qui doivent s’emparer de ces sujets. C’est ensuite aux conseils centraux de fixer les règles générales, mais si ces règles c’est compensation dans tous les sens sans rien changer, alors ça n’avance pas. Nous voulons que les étudiants travaillent plus, que tout le monde travaille plus. » Un mot d’ordre qu’apprécieront professeurs, personnels et étudiant-es.

Dans les faits, c’est un pouvoir de réussite ou d’échec qui est donc attribué unilatéralement aux administrations, et qui pénalisera les très nombreux étudiant-es qui valident chaque années grâce à la compensation.

Des justifications d’absence plus restrictives que jamais

Pour une présidence de fac qui souhaite seulement que « tout le monde travaille plus », quoi de plus logique qu’une restriction ferme des droits aux absences ? Alors que les étudiant-es doivent d’ores et déjà justifier de toutes leurs absences au risque de se retrouver défaillant-e dans une matière, la présidence souhaite restreindre les justifications que pourraient fournir les étudiant-es. Une liste de justifications très resserrée qui ne laisse aucune liberté aux étudiant-es. Certificat médical original d’hospitalisation, certificat de décès, convocation à un concours : voilà les trois sésames que l’université souhaite imposer. De plus, elle souhaite surveiller de plus près les professeur-es puisque ce ne seront plus elleux qui seront chargé de valider les justifications d’absence, mais directement la scolarité de la filière.

Grippe, covid, urgence familiale ou endométriose, tant pis pour les étudiants-es, qui se retrouveraient alors déclaré défaillant. Une sentence d’autant plus violente envers les boursier-es, qui se voient suspendre le versement de leur bourse en cas de défaillance.

Pas de rattrapage sans justification d’absence

Les dégâts des nouvelles règles concernant les justifications, abordées ci-dessus, s’étendront également aux partiels, puisque tout étudiant-e absent-e à un examen, sur convocation ou non, qui n’aura pas l’un des justificatifs règlementaire requis sera soit défaillant, soit écopera d’un 0/20. La présidence de Paris 1 a tout de même eu une pensée pour le plan de « réarmement » militariste et nationaliste du gouvernement, puisque les obligations d’absence liées à la réserve militaire feront partie des rares raisons valides d’absence. Rassurons-nous, l’ultra sélection à la fac ne se fera pas au détriment de l’armée. Pour l’ensemble des étudiant-es qui ne pourront justifier dans les critères de la fac, ce sera direction le redoublement.

Remise en question du statut d’AJAC

Nouvelle trouvaille de la présidence de Paris 1 : s’attaquer au statut « Ajourné autorisé à composer », ou AJAC. En effet, jusqu’ici, un étudiant ayant partiellement validé son année pouvait passer à l’année suivante et rattraper en même temps les matières non validées aux semestres précédents. Désormais, un étudiant en L1 n’ayant pas tout validé devra rester en L1 et ne pourra assister qu’à une partie des enseignements de L2. Pour faire simple : un redoublement avec une charge de travail supplémentaire.

Pousser à l’élitisme par les « licences internationales »

Dernière politique de l’université, notamment abordée au CAC de ce mardi matin : accroitre la sélection par le développement de licences internationales. L’idée est de créer au sein des formations existantes et sans aucun moyen supplémentaire, des groupes internationaux, où les enseignements seront dispensés en anglais et où le nombre d’étudiant-es par professeur sera inférieur au reste des formations classiques.

Le plan ne comprend pourtant aucun développement du Département des langues de Paris 1, qui propose 11 langues à l’étude mais souffre de grave manque de moyens. La seule langue employée sera l’anglais et se fera en autonomie du DDL. L’élitisme de cette nouvelle formation est flagrant, puisque la sélection se doublera d’une exigence de haut niveau en anglais, ce qui favorisera celles et ceux dont les familles peuvent payer des cours particuliers par exemple. Ces nouvelles formations ont un objectif qui saute aux yeux : créer une « super licence » en international, très sélective, qui relèguera d’office les licences « classiques » au rang de sous formation, le tout sans un centime d’augmentation de budget.

Non à l’université sélective !

Au regard de l’ensemble du plan de la présidence, les choses sont claires. Nous avons sous les yeux les rêves d’élitisme de Paris 1 au détriment des étudiant-es et du personnel. L’objectif est une sélection toujours plus profonde et violente des bancs de l’université, pour dégager de la place aux étudiant-es des classes prépas ou des grandes écoles, pour renforcer l’attractivité de l’université à l’international. Selon les mots même de la présidence au CAC, la fac ayant des capacités d’accueil limité, il faut écrémer pour attirer les élèves de prépas. Le tout sur le dos des plus précaires, des étudiant-es boursier-ères et des étudiant-es travailleur-euses. Cela fait longtemps qu’ils et elles font face à d’importantes difficultés pour accéder à la fac, mais le projet néolibéral de l’université affiché ici est de les mettre purement et simplement à la porte par ce type de projet de réforme.

Le Poing Levé se battra jusqu’au bout contre ces projets mortifères, à Paris et dans l’ensemble des universités qui souhaiteraient aussi les mettre en place. Réponds à la consultation du Poing Levé sur le projet de la présidence !

Stop à la sélection, pour une fac ouverte à toutes et tous !


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