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Stop au génocide !

Paris, Toulouse, Montpellier…des centaines d’étudiants mobilisés partout en France pour la Palestine

À l’appel des comités étudiants de solidarité avec la Palestine parisiens, des centaines d’étudiants se sont mobilisés ce 29 novembre dans plusieurs universités de France, pour dénoncer les massacres en Palestine et le soutien complice de l’impérialisme français. Une journée qui appelle à un élargissement du mouvement.

Antoine Chantin

29 novembre 2023

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Paris, Toulouse, Montpellier…des centaines d'étudiants mobilisés partout en France pour la Palestine

Crédits photo : Révolution Permanente

Rassemblements, lâchés de banderoles, expositions, les étudiant.e.s d’une dizaine d’universités et lieux d’études se sont mobilisé.e.s en soutien à la Palestine ce 29 novembre. À l’initiative de l’assemblée inter-universités parisienne, qui avait, le 15 novembre dernier, appelé à ce que la jeunesse se mobilise et « se mette en grève » le 29 novembre, cette journée s’inscrit dans la dynamique de mobilisation de soutien au peuple palestinien, impulsée depuis plusieurs semaines dans de nombreuses universités de France. Une dynamique déjà matérialisée par diverses actions dans les universités, comme un die-in place de la Sorbonne ou encore des rassemblements au Mirail ou à Sciences Po, la création de cortège jeune dans les manifestations pour la Palestine ou dans la marche 25 novembre contre les violences faites aux femmes, qui témoignent de la structuration progressive de ce mouvement.

Très suivie en région Parisienne, où le campus Jourdan de l’ENS et le campus Condorcet ont été bloqués, et où des actions ont été menées par les comités des universités de Paris 1, Paris 8 ou Paris-Cité, l’appel de l’assemblée parisienne a également eu de l’écho bien au-delà des frontières franciliennes, avec des actions menées à Bordeaux, Toulouse, Montpellier ou encore Rennes.

Réuni.e.s sur le campus du Mirail, plusieurs dizaine d’étudiant.e.s ont lancé cette journée de mobilisation nationale, dès 10h30, par plusieurs actions. Des photographies des personnes tuées à Gaza ont été affichées au cœur de l’université, et des murs entiers ont été recouvert des plus de 13.000 noms des personnes assassinées depuis le début de l’offensive de l’armée israélienne. « L’objectif c’était de mettre en avant ces visages et ces noms pour humaniser les victimes des massacres, avec les lettrages ‘‘Stop au massacre en Palestine’’ qu’on a collé un peu partout avec des gouttes de peinture rouge, on voulait que la réalité de ce massacre soit visible des étudiant.e.s avec l’idée de les alerter », relate Ethan, étudiant à l’université du Mirail et membre du comité de soutien à la Palestine de Toulouse.

À l’université Paris-Cité, les actions menées dès la matinée par les membres du comité de soutien local se voulaient avant tout comme des actions cherchant à interpeller les étudiant.e.s sur la situation à Gaza et en Cisjordanie. En plus d’une exposition photo, installée sur l’esplanade du campus des Grands Moulins, qui retrace l’histoire de la colonisation en Palestine, dans le but de « casser cette idée que ce serait un ‘‘conflit’’ qui aurait commencé le 7 octobre » pour Mitia, étudiant mobilisé lors de cette journée d’action, plusieurs banderoles ont été déployées et des d’images de gazaouis tués par l’armée israélienne collés sur le campus. « Ces actions qui cherchaient à donner de la visibilité ont super bien marché, ça a lancé beaucoup de discussions avec les étudiant.e.s. On a fait connaître les comités pour la Palestine, on a pu discuter du rôle de la France dans le génocide », souligne Mitia.

Des rassemblements et des prises de paroles ont également eu lieu tout au long de la journée sur les différents campus mobilisés. À l’université de Rennes 2, où plusieurs dizaine d’étudiant.e.s se sont réunis, Jules, s’est dit fier « de voir qu’on arrive à structurer la solidarité au peuple palestinien à Rennes 2, mais aussi partout en France, à Paris, Toulouse, Marseille, Strasbourg ». Un rassemblement également réussi à l’université de Montpellier, qui a réuni 60 personnes, qui, pour Louise, étudiante et militante au Poing Levé, « était important pour visibiliser le comité auprès de nombreux étudiants qui n’étaient pas forcément sensibilisé au massacre en cours en Palestine ».

À Paris, ce sont plusieurs centaines de personnes qui se sont réunies mercredi soir, place de la Sorbonne, à l’appel du comité Palestine de Paris 1. Une veillée marquée par un die-in et ponctuée de prises de paroles d’étudiant.e.s et de militant.e.s, desquels s’est exprimé la colère et la solidarité d’une jeunesse face au drame de la colonisation en Palestine. Pour Ariane, étudiante à Paris 1 et porte-parole du Poing Levé, « être là aujourd’hui, en tant que jeunes, c’est dire à Macron, Biden et Netanyahou, que depuis les universités françaises on ne cessera pas de crier la liberté du peuple palestinien, parce que sans cette liberté, ni celle de tous les peuples opprimés, on ne sera jamais nous-même complètement libres ».

Une colère également nourrie par la présence accrue de l’extrême-droite dans les esprits, suite aux évènements de Roman-sur-Isère, et de l’appel par le groupe identitaire Les natifs à un rassemblement sur cette même place vendredi 1 décembre. Pour Anasse Kazib, cheminot et porte-parole de Révolution Permanente, «  La lutte révolutionnaire du peuple palestinien doit nous mobiliser, contre le génocide à Gaza mais aussi contre l’autoritarisme et le racisme qui grandit en France et profite de la répression du soutien à la Palestine ».

Une répression du mouvement en soutien à la Palestine d’autant plus forte que la France compte parmi les alliés les plus fidèles du régime colonial israélien. Un rôle joué par l’impérialisme français qui a poussé de nombreux comité de soutien à visibiliser la responsabilité de la France dans ce massacre, lors de leur actions. A l’image des étudiant de l’université Paris-Cité qui ont peint leurs mains en rouges pour dénoncer la complicité de l’Etat Français, « qui est le premier vendeur d’armes à Israël en Europe », rappel Mitia. Le rôle des universités a lui aussi été directement dénoncé au fil des rassemblements. Ainsi pour Louise, la mobilisation en soutien à la Palestine est d’autant plus importante à l’université Paul Valéry, que cette université « avait historiquement un partenariat avec l’université de Bir Zeit en Cisjordanie, mais qui a été remplacé il y a plusieurs années par un partenariat avec l’université de Haïfa. Pour nous c’était important de montrer qu’en tant qu’étudiant.e.s de Paul Valéry, ou d’autres universités on dénonce cette collaboration avec un État colonial ».

Une mobilisation contre l’apartheid et la colonisation, en dépit de la répression de l’État et des universités en France

Un début de dynamique anticoloniale au sein des universités, qui résonne d’autant plus en ce 29 novembre, journée lors de laquelle l’existence de l’État d’Israël a été reconnue, avec le soutien des principales puissances impérialistes, au sein l’Organisation des nations unies (ONU). Devenue journée internationale de solidarité avec la Palestine, il était ainsi important pour Ethan « de se réapproprier cette journée comme journée de lutte pour la Palestine, de marquer cette journée d’objectifs différents qu’une simple lutte qui passe par les institutions internationales sans remettre en question les causes des 75 années de colonisation et de massacre des Palestinien.nes par l’État d’Israël. ».

C’est également en ce sens que plusieurs collectifs Palestine ont appelé à la veillée à Paris, pour dire « Stop au génocide, à bas la colonisation et l’impérialisme ». Dans le communiqué qui accompagne l’appel il est affirmé « Nous, étudiants et personnels du comité de soutien à la Palestine de la Sorbonne, répondons à l’appel des étudiants de Palestine pour une journée mondiale de mobilisation le 29 novembre. Nous sommes convaincus du rôle important de la jeunesse internationale face à la politique criminelle des puissances impérialistes. »

Toutefois, les différentes actions qui ont eu lieu à travers les universités mobilisées, illustrent une nouvelle fois les difficultés pour le mouvement à dépasser un certain « plafond de verre » et étendre la mobilisation à des pans larges d’étudiant.e.s. Une dynamique qui trouve notamment sa source dans la politique de répression de toute manifestation de soutien au peuple palestinien par le gouvernement, relayée par les universités. À l’université Paris-Cité par exemple, « les flics sont venu pour nous intimider » relate Mitia, « on a du attendre qu’ils se partent pour commencer le rassemblement  ».

Ce même étudiant, qui effectue ses études à l’Inalco, s’est vu contraint de rejoindre le comité de l’université Paris-Cité voisine, du fait de forte répression appliqué par son établissement. « À l’Inalco, on nous interdit de prendre un amphi pour nous réunir, on nous intimide pendant les diff, qui se font à l’extérieur de la fac, bref plein de coups de pressions comme ça. Des coups de pressions cachés derrière une neutralité, qui masque assez mal le fait que la fac a deux partenariats avec des universités israéliennes et que plusieurs cas de harcèlement islamophobe et anti-arabe nous ont été remontés. ». Un climat de répression dans les universités qui se combine à la propagande pro-Israël systématiquement diffusée dans les médias qui cherche à associer le soutien à la Palestine à de l’antisémitisme, tandis que des groupes sionistes harcèlent des militant-es, les menaçant de mort ou de viol pour leur soutien à la Palestine.

Un contexte, qui, plus que jamais, nécessite une mobilisation large auquel doit s’associer le mouvement ouvrier. Dans ce sens, pour Jules, étudiant à Rennes 2, « depuis les facs, on doit envoyer un message à tous les secteurs qui sont descendus dans les rues ces derniers mois : les travailleurs, les jeunes de quartiers populaires. C’est par une mobilisation commune qu’on pourra s’opposer à la répression ». Un appel qui fait également écho à l’interpellation des directions des centrales syndicales lancée par Ariane, place de la Sorbonne : « on besoin d’un acteur central de toutes les luttes victorieuses à nos côtés, on a besoin de travailleurs. Depuis la jeunesse étudiante on attend qu’un plan de bataille soit posé pour que les travailleurs puissent rejoindre la jeunesse en lutte pour la Palestine, et paralyser ensemble toute cette économie mise au service du génocide ».

C’est dans cet esprit de convergence entre jeunesse en lutte et travailleurs, que les étudiant.e.s de l’université du Mirail, se sont mobilisés pour soutenir Gaëtan, ouvrier de l’aéronautique, accusé « d’apologie du terrorisme » pour avoir soutenu la Palestine et convoqué par la police ce mardi.

Une situation dans laquelle que la construction d’un véritable mouvement étudiant pourrait bien bouleverser. S’il se développait, celui-ci pourrait être un point d’appui énorme pour structurer la mobilisation dans les lieux de travail ou dans les quartiers et d’en élargir les revendications. Passer de centaines d’étudiant.e.s et lycéen.ne.s mobilisé.e.s à des milliers ou des dizaines de milliers permettrait de dépasser le soutien symbolique pour construire un mouvement dur contre l’État colonial d’Israël, à même de faire changer la situation en Palestine.


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