L’Île-de-France, sous l’impulsion de sa présidente Valérie Pécresse, a fait ce mardi un don de 500 000 shekels (125 000 €) à l’ONG israélienne Latet par l’intermédiaire du Fonds social juif unifié, à l’appel de l’institut français d’Israël. Un don qui illustre une fois de plus le soutien actif des classes dominantes françaises à Israël, au moment où Netanyahou mène une politique génocidaire à Gaza et entend bien aller au bout de son offensive.

Latet est une organisation fondée en 1996 par Gilles Darmon, un immigrant français, ancien président de l’UEJF-Paris 1. Elle se présente comme une ONG luttant contre la faim en Israël et fournissant des colis alimentaires aux rescapés de l’Holocauste. Elle s’est aussi faite connaître par des campagnes d’aide après des catastrophes naturelles au Sri Lanka, en Inde, en Haïti ou après des génocides et des conflits armés au Kosovo et au Rwanda.

Depuis le 7 octobre, elle mène une série de campagnes d’aide aux israéliens déplacés par l’attaque du Hamas et aux soldats israéliens, qui ravagent à l’heure actuelle Gaza, on peut par exemple lire sur leur site un message exhortant à « [soutenir leur] réponse humanitaire immédiate aux populations touchées par la guerre et aux soldats sur le terrain en donnant un kit d’urgence contenant des produits alimentaires et d’hygiène ».

L’« aide humanitaire » soutenue par le don de 125 000 € à Latet consiste ainsi, entre autres, à fournir l’armée israélienne en « kits pour l’hiver » et en nourriture, alors que cette dernière participe activement à un génocide à Gaza et en Cisjordanie. Dans le même temps l’ONG n’a, en 27 ans d’existence, jamais apporté la moindre aide aux populations palestiniennes, victimes d’un nettoyage ethnique et d’une précarité alimentaire imposée par Israël. On observe à ce titre l’absence manifeste de mention à la Palestine sur son site, où sont pourtant listées les diverses campagnes qu’elle a menées.

En décembre, Valérie Pécresse avait déjà retiré son prix « Simone Veil » à Zineb El Rhazoui. Avec ce soutien à une ONG israélienne, elle renouvèle un soutien à l’Etat colonial exprimé clairement lors de sa campagne en 2022, lorsqu’elle avait choisi le député d’extrême-droite Meyer Habib, promoteur revendiqué des intérêts israéliens en France, pour participer à l’élaboration de son programme diplomatique.

Cette décision s’inscrit dans la continuité du soutien de l’Etat français et de son patronat à la guerre coloniale que mène en ce moment même Israël à Gaza. A ce propos, d’après un article du The Times of Israël du 26 décembre, « le don a été possible grâce à la mobilisation des équipes diplomatiques, consulaires, économiques et culturelles de la France en Israël ». Le journal explique par ailleurs que les liens entre la France et l’ONG Latet ne sont pas totalement nouveaux : « Le 11 décembre, une délégation française issue des différents services de la France en Israël (ambassade, Institut français, Service économique, Business France, consulats généraux à Tel Aviv et Haïfa) conduite par Frédéric Journès, ambassadeur de France en Israël, s’est ainsi mobilisée pour aider les volontaires de Latet au conditionnement des kits d’urgence, dans son entrepôt situé près de Beit Shemesh. »

Alors que les villes gazaouies ne sont plus que des champs de ruine, que 90% de la population a été déplacée de force et que le froid et la faim sont omniprésents dans les camps de réfugiés, l’annonce de Pécresse est hautement symbolique.