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Crise sanitaire

Pour Jérôme Salomon, il faut se préparer à « une deuxième vague » : à qui la faute ?

Le gouvernement a déconfiné le pays à marche forcée pour favoriser la reprise économique au détriment de la santé des classes populaires, et les scientifiques pointent le risque probable d'une deuxième vague. Mais pour Jérôme Salomon, ce sont « nos comportements » qui sont en cause.

Inès Rossi

9 juillet 2020

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Crédit photo : AFP

Dans une interview donnée au Figaro, Jérôme Salomon, directeur général de la Santé, explique qu’ “il faut se préparer à une reprise de l’épidémie, voire à une deuxième vague”, sans doute en automne ou en hiver. À l’heure où un bilan de Santé Publique France montre que 24,3% des personnes infectées par le coronavirus "restent asymptomatiques", et que la moitié des transmissions du virus se font avant l’apparition des premiers symptômes chez un patient, Jérôme Salomon rappelle, à raison, que le virus est toujours en circulation en France.

Mais, pour le directeur général de la Santé, la gestion de l’épidémie par le gouvernement n’est pas en cause : ce sont “nos comportements qui conditionnent la reprise épidémique". Le refrain familier des “comportements” et de la “responsabilité individuelle” revient en force, pour mieux dé-responsabiliser l’État en cas de reprise de l’épidémie.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce sont essentiellement nos comportements qui conditionnent la reprise épidémique : si nous voulons éviter cela, il faut que chacune et chacun continue de respecter les mesures barrières, les mesures d’hygiène, la distanciation physique et le port du masque, surtout en situation de promiscuité et dans un espace clos” explique-t-il.

Mais comment respecter la distanciation physique quand l’activité a repris, encouragée par le gouvernement pour relancer l’économie, et que dans tous les lieux de travail et dans les transports en commun des milliers de salariés ne peuvent pas respecter les gestes barrières ? Quand les cinémas rouvrent sans mesures de distanciation, mettant en danger les spectateurs et les employés ? Comment assurer le port du masque généralisé et systématique quand les masques restent payants et représentent un budget considérable pour les foyers populaires s’ils sont utilisés correctement ? Ces règles de sécurité semblent incompatibles avec une reprise du travail “comme avant”. En effet, bien peu de lieux de travail ont été conçus pour permettre une distance d’un mètre et les cadences ne sont pas vraiment adaptées à la désinfection permanente des surfaces.

Partout dans le monde, de la Californie à l’Australie, de Lisbonne à la Rhénanie, des re-confinements ont lieu ; parallèlement, en France, on dénombre près de 200 clusters de coronavirus. Le gouvernement est aujourd’hui pris entre deux impératifs : celui de la reprise de l’activité à tout prix, au risque d’une deuxième vague de l’épidémie qui mettrait en danger tous les travailleurs, et celui du coût que représenterait un reconfinement national, qui ferait baisser encore une fois la production et les profits patronaux.

Si deuxième vague il y a, cela ne sera pas la faute de la population et de sa soi-disant “inconscience”. Ce sera la faute de l’État, qui, au service des capitalistes, relance l’économie au prix de notre santé, et flexibilise le protocole sanitaire. C’est pourquoi il faut imposer la gratuité des masques, des tests massifs, et des moyens pour le système de santé public.


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