×

Reculade ?

Sécurité sociale : le thatchérien Fillon craint pour les élections

Dans une tribune du Figaro, publiée ce mardi 13 décembre, François Fillon, candidat à la présidentielle pour le parti Les Républicains, a choisi de répondre par un « réajustement » pour défendre son programme de santé. Assouplissement de façade, pour un programme qui reste fondamentalement attaché au démantèlement du système public de sécurité sociale et qui fait la part belle aux mutuelles et autres organismes d’assurances privées. Mais face aux critiques, de gauche comme de droite, le candidat thatchérien a décidé de jouer la carte de la « pédagogie » et de la souplesse. L’enjeu : éviter de se couper totalement de la base électorale que constituent les classes moyennes et populaires face à la récupération du FN qui se la joue « social » et de la gauche du gouvernement qui cherche à marquer des points face à la « droite dure ».

Facebook Twitter

Yano Lesage

Dans les colonnes du Figaro, ce mardi 13 décembre au matin, Fillon se défend de toute « privatisation » du système de santé. Un « réajustement » du programme de la droite nécessaire face aux accusations venues de la droite comme de la gauche. Un programme qualifié de « dangereux » pour Marisol Touraine, à qui les personnels hospitaliers franciliens doivent pourtant la réforme de l’APHP et la dégradation sans précédent de leurs conditions de travail. Un « modèle ultralibéral à l’américaine » pour Marine Le Pen dont le programme santé pour 2017 défend la traque « aux fraudeurs » imaginaires, mais également une rigueur en matière de dépenses de santé qui ne dit pas nom. A gauche comme à droite, les critiques se font vives à l’égard de l’agenda santé du candidat de la droite. Et il faut dire qu’il y a de quoi…

Retour aux 39heures dans les hôpitaux, suppression du tiers-payant, évacuation des hôpitaux en renforçant la prise en charge à domicile, instauration d’une règle d’or budgétaire en matière de dépenses de santé… Le programme santé de François Fillon est agressif et prévoit d’accélérer le démantèlement du système de santé publique instauré par ses prédécesseurs depuis près d’une décennie. Et c’est son programme pour l’assurance maladie qui a concentré le plus de critiques.

La polémique porte sur la proposition de Fillon de recentrer des remboursements de la sécurité sociale sur les « maladies graves » et de laisser la « bobologie » aux frais des patients ou à leur prise en charge par les mutuelles et assurances santé privées. Mutuelles et assurances privées qui, faut-il le rappeler, ne fixent pas leurs tarifs en fonction des revenus des individus, mais bien en fonction d’une échelle de risque individuelle ouvrant également la possibilité de s’exposer à un refus de couverture santé en cas d’antécédents médicaux ou dans le meilleur des cas à des tarifs prohibitifs et inaccessibles. Pure et simple rupture avec le principe de solidarité et d’universalité d’accès à la santé, ce sont également de nouveaux marchés qui sont servis sur un plateau d’argent pour les assureurs privés, et en particulier pour l’assureur Axa, dont l’ancien dirigeant Henri de Castries fait désormais partie de l’équipe de conseillers de François Fillon.

Face à ses détracteurs, François Fillon a nié son souhait de « privatiser l’assurance maladie ». Reculade ou « réajustement » selon les mots du candidat, Fillon a confirmé au Figaro son attachement au principe « d’universalité » de la sécurité sociale. Son objectif serait même de « sauver le système de santé » y déclare-t-il. Exit donc la question sensible d’un déremboursement des maladies « non graves » mais réaffirmation du rôle joué par les organismes complémentaires qu’ils souhaitent être représentés, aux côtés de l’assurance maladie, au sein d’un organisme de pilotage, de régulation et de contrôle. Bien entendu, le choix de la formule n’enlève rien au projet initial de Fillon qui est d’ouvrir toujours plus les vannes à la prise en charge de la couverture santé par les organismes privés. De bout en bout, le déremboursement progressif des frais de santé oblige de plus en plus les contribuables, notamment des classes moyennes qui en ont les moyens, à s’affilier à une assurance privée, ce qui les désolidarise du système de sécurité universel qui continue à couvrir les plus démunis, et pour lequel ils sont de moins en moins enclins à payer. Cette logique de démantèlement progressif est celle qui a été mise en place depuis plusieurs années et c’est celle-ci que Fillon propose d’approfondir.

Si reculade, il y a de la part du candidat de la droite, elle porte uniquement sur le rythme à suivre pour poursuivre cette casse de l’assurance maladie. Trop abruptes, les propositions de Fillon font craindre à une partie de l’appareil des Républicains une réaction de sanction de la part des votants. En particulier lorsqu’on sait que le FN, en embuscade, se frotte les mains du caractère ultralibéral du programme du candidat LR, face auquel il n’est pas difficile de passer pour « social ». Parmi les conseillers de Fillon, Serge Grouard, député du Loiret, partisan de la fermeté, soutient que Fillon doit conserver le profil avec lequel il a gagné la primaire de la droite. De l’autre, Bernard Accoyer, récemment nommé à la tête du parti, plaide en faveur d’un assouplissement. Face à un très probable second tour Fillon / Marine Le Pen, la stratégie du candidat Républicain pourrait bien être celle de veiller à ne pas brusquer outre-mesure un électorat plutôt marqué à gauche pour parvenir à rallier le vote anti-FN. Et surtout ne pas donner à sa principale concurrente davantage d’arguments pour lui disputer cette base électorale là.


Facebook Twitter
Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Tribune. Stop à la criminalisation du soutien à la Palestine !

Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Surveillance olympique : des centaines de milliers de parisiens seront contrôlés par QR Code

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Toulouse. 33 organisations appellent à se rassembler contre la criminalisation du soutien à la Palestine

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l'offensive sécuritaire se déploie à Brest

Nouveaux dispositifs policiers et surveillance accrue : l’offensive sécuritaire se déploie à Brest

« Sciences Po a le droit d'évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

« Sciences Po a le droit d’évacuer » : Glucksmann soutient la répression des étudiant·es pro-Palestine

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d'ampleur

Simplification administrative : des annonces creuses qui préparent des offensives d’ampleur

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d'un sénateur PS

Solidarité ! Un militant BDS convoqué à Montpellier après la plainte d’un sénateur PS

Durée d'allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l'assurance chômage

Durée d’allocation, durcissement des règles : Attal précise son offensive contre l’assurance chômage