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Non à l'expulsion !

Toulouse. La direction de la fac Paul Sabatier fait expulser une centaine de mineurs isolés

Vendredi 23 février au matin, la direction le l'Université Paul Sabatier à Toulouse a déclenché l'expulsion d'une centaine de jeunes mineurs isolés qui occupaient un bâtiment de la fac. Une expulsion scandaleuse menée par une armée de CRS, face à laquelle toutes les organisations de jeunesse doivent opposer un plan de bataille commun.

Le Poing Levé


et Seb Nanzhel

23 février

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Toulouse. La direction de la fac Paul Sabatier fait expulser une centaine de mineurs isolés

Crédits photo : Révolution Permanente

Vendredi 23 février au matin, la direction le l’Université Paul Sabatier à Toulouse a déclenché l’expulsion des jeunes mineurs isolés qui occupaient le bâtiment 4R3 de la fac. Profitant de l’absence des étudiants et du personnel en raison des vacances d’hiver, et forte de l’autorisation d’expulsion qu’elle s’est acharnée à obtenir devant le tribunal administratif de Toulouse, la direction a fait appel à un dispositif répressif inédit, qui s’est déployé dès 5 heures du matin contre les jeunes du collectif AutonoMIE. « Il y avait la police partout, la fac était quadrillée des entrées du campus aux bâtiments de cours. Il y avait plus d’une vingtaine de fourgons de CRS, les bâtiments étaient gardés par des vigiles », explique une témoin de l’expulsion sur place.

Un dispositif policier massif a été déployé contre les jeunes. Crédits photo : Révolution Permanente

«  Ils les gardaient dans le bâtiment 4R3 et ils les faisaient sortir en groupe pour leur contrôler les papiers un par un », poursuit-elle. Les mineurs, jetés a la rue par le conseil départemental via le DDEOMI (Dispositif Départemental d’Accueil, d’Évaluation et d’Orientation des Mineurs Isolés), avaient trouvé refuge dans ce bâtiment en décembre 2022. Depuis, la centaine de jeunes a dû faire face aux menaces constantes de la direction, et à des calomnies visant à justifier l’expulsion (la direction de la fac avait dans un premier temps prétexté un risque radioactif ...). Une campagne pour l’expulsion menée tambour battant par la direction, pour le plus grand bonheur de l’extrême droite. Lors des élections étudiantes en décembre 2023, des tags racistes et menaçants appelant à l’expulsion ont en effet été retrouvés à plusieurs reprises sur la fac.

Alors que la présidente nouvellement élue Odile Rauzy s’était engagée oralement auprès des jeunes et de leurs accompagnateurs, mais également auprès de membres du personnel de la fac, à ne pas déclencher d’expulsion avant la fin de la trêve hivernale, force est de constater qu’il s’agit d’un nouveau mensonge. C’est près d’un mois et demi avant la fin de la trêve, le lendemain du passage de la tempête Louis et sous la pluie que les jeunes ont été jetés à la rue par des dizaines de CRS qui arboraient lanceurs de balles de défense et gazeuses. Par ailleurs, une interview donnée à la dépêche en janvier 2024 à la suite de son élection dans laquelle elle affirmait « L’université n’est pas un lieu d’accueil pour les migrants  » laissait peu de place au doute quant à ses véritables intentions vis-à-vis des mineurs.

Un témoin de l’expulsion raconte : «  Ils sont en train de poser des barrières pour encercler le bâtiment, et de murer les entrées avec des parpaings. C’est une société qui se charge de ça : ça montre que l’expulsion a été vraiment organisée et préméditée. ». « Est-ce que c’est le budget de la fac qui finance une entreprise de travaux, un engin de chantier et des barrières pour leur couper l’accès au bâtiment ?  », se demande un autre étudiant.

Les accès au bâtiment sont murés Crédits photo : Révolution Permanente

Dans un mail envoyé à l’ensemble du personnel et des étudiants, la direction justifie l’expulsion «  l’insalubrité et l’inadaptation des locaux, mettant les occupants qui y vivent dans des conditions précaires et dangereuses. » Un retournement scandaleux de la réalité, qui sous-entend qu’il est plus sécurisant pour les mineurs de dormir à la rue, dispersés, et en plein hiver, que groupés avec un toit sur leur tête. Elle poursuit :«  préoccupée par la situation humaine des occupants du squat [l’Université] a souhaité que leur prise en charge soit assurée à travers l’action des services de la préfecture de la Haute Garonne et de plusieurs structures sociales d’accompagnement qui sont sur place pour évaluer une à une les situations individuelles  ». Là encore, les arrangements avec la réalité sont grossiers : ce sont ces dispositifs qui jettent en première instance les mineurs à la rue. En outre, les solutions individuelles précarisent et isolent encore plus les jeunes : ceux qui sont relogés, le sont périphérie de la ville, sans argent et individuellement, ce qui complique leur accompagnement juridique et leur scolarité. A la suite de l’expulsion, les mineurs se sont rassemblés devant le Conseil Départemental pour dénoncer l’absence de solution, démentant là encore la version officielle entretenue par la direction de la fac.

Alors que les jeunes d’AutonoMIE vivent des expulsions successives et un acharnement policier depuis plusieurs années, et après l’expulsion du bâtiment Épicure sur la fac du Mirail, toutes les organisations de jeunesse et antiracistes de la ville doivent réagir contre les directions de facs qui se font les relais zélés de la politique xénophobe du gouvernement Macron. Une mobilisation d’ensemble doit être organisée pour arracher un plan de logements dignes, pérennes et collectifs selon les revendications des mineurs isolés, et refuser le déploiement de la police sur nos facs. Solidarité avec les mineurs du collectif D’AutonoMIE ! Non à l’expulsion et au déploiement des CRS sur la fac !


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