Après Montpellier, Marseille, Toulouse, Le Havre, Rouen, Metz et une première assemblée parisienne dans le sud de Paris, Révolution Permanente a organisé ce lundi 26 juin une nouvelle assemblée ouverte en l’Île-de-France, dans le Nord cette fois à l’université Paris 8, à Saint Denis. Pour l’occasion, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblés pour venir discuter avec les militants de RP et composer une assemblée aux profils des plus diverses : travailleurs de la RATP, de la SNCF, du nettoyage des gares chez ONET, de la logistique chez Geodis, de l’aéronautique avec des travailleurs de Roissy Charles de Gaulle, du traitement des déchets, de l’éducation nationale, des jeunes intérimaires ou encore des étudiants et des lycéens.

Laura, militante à Révolution Permanente et cheminote au Bourget, introduisait ainsi la discussion : « À RP on a l’habitude d’échanger ensemble sur les perspectives immédiates ou plus lointaines, et sur la situation politique pour pouvoir s’organiser et se préparer en conséquence. On trouvait important d’associer à nos réflexions celles et ceux qui militent à nos côtés dans nos collectifs de jeunesse Le Poing Levé ou féministe Du Pain et des Roses, celles et ceux avec qui on a partagé l’expérience de la bataille des retraites sur les piquets de grève ou encore les grèves pour les salaires, les AG ou dans les manifs, celles et ceux qui sympathisent ou partagent les idées exprimées par nos porte-parole ou par notre média quotidien en ligne. ».

Anasse Kazib, porte parole de Révolution Permanente, est ensuite revenu sur les différents moments qui ont rythmé ces cinq derniers mois de mobilisation et a insisté sur la radicalité qui s’est exprimée dans la rue après le 49.3 : « à partir de ce moment, on a une combinaison entre la radicalité des Gilets Jaunes et une massivité historique. Pourtant, nous avons perdu. » expliquait-il. Pour lui, ce constat amer doit nous forcer à tirer de sérieux bilans de la stratégie qui a été suivie lors de cette mobilisation « si l’on veut ne pas perdre la prochaine fois. De ce point de vue, 14 jours de grève, c’était bien. Mais on aurait dû les faire à la suite, pour bloquer réellement l’économie. » continue-t-il pour poser de premiers éléments de bilan à la mobilisation.

Ariane Anemoyannis, étudiante à Paris 1, militante au Poing Levé et porte parole de Révolution Permanente, pour clore l’introduction avant d’ouvrir la parole à l’assemblée, pointait, elle, la radicalité du gouvernement auquel a dû s’affronter le mouvement : « cette radicalisation de l’Etat, beaucoup l’ont vécu dans leur chair, avec les violences policières, les garde-à-vue, la répression judiciaire. On voit également des organisations être dissoutes comme les Soulèvements de La Terre, ou menacées de l’être. ». Mais pour elle, si l’Etat s’est encore radicalisé durant ce mouvement, c’est bel et bien en réponse à une radicalisation par en bas de la société. « On doit dézoomer et regarder en arrière. En 2016, il y’a eu la loi travail, en 2018 la bataille du rail, puis les marches pour le climat, le mouvement féministe Me-too, les marches anti-racistes pour exiger la justice et la vérité pour Adama, ensuite on a eu les Gilets Jaunes, les retraites à points en 2019, puis on a subi le covid et cette année la mobilisation sur les retraites... On doit prendre conscience que nous sommes le produit de toutes ces mobilisations, et que, nous aussi, on se radicalise. Il n’y a pas eu une seule année où le gouvernement a pu gouverner tranquillement. » conclue-t-elle.

Après cette introduction, la parole a donc été ouverte à l’assemblée, et de nombreux camarades ont pu intervenir dans la discussion pour donner leur point de vue, à commencer par les travailleurs de l’aéroport de Roissy. Nordine, travailleur chez Transdev, délégué syndical CGT dans la zone aéroportuaire et membre de la commission exécutive de l’UL de Roissy, prenait ainsi la parole en premier pour expliquer : « Nous on essaye de lutter contre la division chez nous, on est 80 000 à travailler sur l’aéroport, dans plus de 800 boîtes. Il y a une grève qui s’annonce chez Air France pour l’été et très probablement d’autres. Mais moi aussi je me pose cette question. Comment on fait une grève qui gagne ? ».

En guise de réponse, Hassan, travailleur de la plateforme logistique de Geodis à Gennevilliers, qui, avec ses collègues, a arraché des augmentations de salaires après un mois de grève reconductible en novembre dernier, répondait ainsi : « Nous on a bien vu que pour gagner le rapport de force, il fallait mettre un stop aux profits de l’entreprise. C’est pour cela qu’on a mené notre combat par une grève reconductible qui a duré 30 jours. ».

De son côté, Tayeb, militant et délégué SUD Aérien à l’aéroport de Roissy soulignait l’importance des militants révolutionnaires sur le terrain : « A Roissy, lorsque l’on se mobilise, on appelle toujours les députés LFI et compagnie pour qu’ils viennent nous soutenir. Mais sur le terrain, on ne voit que les militants de Révolution Permanente. On vous remercie pour cela ».

Sur un autre sujet, Mariama, de la Coordination Sans-Papiers 75, posait dans le débat le sujet du racisme d’état et de la loi immigration : « avec cette nouvelle loi, ça va être de plus en plus dur pour tous les immigrés. On doit se préparer à lutter tous ensemble, toutes les organisations réunis et faire front pour la faire abroger » quand Mehdi, étudiant étranger et militant au Poing Levé abondait en ce sens : « On aurait dû lier ces combats et exiger aussi qu’il n’y ait aucune condition d’annuité pour partir à taux plein. Qu’est-ce que cela peut te faire que le départ de l’âge légal recule de deux ans, quand tu sais pertinemment que pour toi, en tant qu’étranger, tu n’auras jamais effectué tes annuités pour partir à l’âge légal ? » interrogeait-il.

Daniela Cobet, militante à Révolution Permanente ajoutait en guise de conclusion que « tant qu’on laissera nos vies entre les mains des directions syndicales, ça ne suffira pas pour aller jusqu’au bout. Si on veut gagner, si on veut aller plus loin, si on veut faire la politique, parler des sans-papiers, de l’écologie, des migrants, pour cela, on a besoin d’un parti révolutionnaire pour défendre un projet commun avec une stratégie ».

Après une heure et trente minutes de débat, l’ensemble des participants se sont dirigés vers la sortie pour partager un repas préparé par des étudiants de l’université et militants de Révolution Permanente, afin de clore cette discussion par un moment convivial. Une expérience qu’il s’agit de reproduire dès la rentrée prochaine, chaque mois, afin de continuer à réunir les militants et les sympathisants de Révolution Permanente pour échanger collectivement et se préparer aux combats à venir.

D’ici là, l’Université d’été de Révolution Permanente se déroulera du 23 au 28 août dans un petit village des Alpes, proche du Mont Blanc, pour discuter durant 4 jours de ce mouvement des retraites, mais aussi assister à des formations marxistes, à des conférences, débats, concerts avec des militants de toute la France, et de nombreuses figures ouvrières, militantes et intellectuelles. Venez-y nombreux !