À son arrivée en France pour entamer ses études, le fait d’être reconnu comme un étudiant brillant, n’a pas été, pour Lamine Cissé, un gage suffisant pour lui permettre de vivre dans des conditions décentes. Le premier jour, raconte-t-il au journal La Voix du Nord, « J’ai passé la journée à l’IUT car je n’avais pas d’autre endroit où aller. ». N’ayant nulle part où dormir, sans aucune ressource, il a eu la chance néanmoins de trouver de l’aide auprès de ses professeurs et d’une association étudiante, l’Association pour les étudiants internationaux de l’Artois. Ses professeurs se sont cotisés pour payer sa caution et son loyer dans la ville d’Arras où l’association lui a trouvé un logement, les logements à Béthune même étant trop élevés. Les professeurs lui ont aussi fait un don de 150 euros, et lui fournissent régulièrement des colis de nourriture. Car comme un certain nombre d’étudiants, Lamine Cissé en était réduit à ne faire qu’un repas par jour, le soir, car comme il le dit, « Le resto Crous, c’est trop cher à mon niveau ».

Le cas de Lamine Cissé révèle l’ensemble des problèmes auxquels doivent faire face les étudiants en France : nombre limité de bourses, loyers excessivement chers, difficulté de recours auprès du CROUS et des aides sociales qui croulent sous les demandes par manque de moyens. Pour la moitié des étudiants, la seule solution est de recourir à des jobs étudiants, comme va le faire Lamine Cissé. Ces « jobs » sont de plus dans la majorité des cas sous-payés, précaires et ils ne permettent pas de suivre correctement des études.

Il faut rappeler les chiffres de cette précarité étudiante qui n’a fait qu’augmenter ces dernières années : 26 % des étudiants déclarent avoir rencontré de réelles difficultés pour faire face aux dépenses courantes (loyer, alimentation, etc) ; 50 % des étudiants vivent avec moins de 400 euros par mois, quand le seuil de pauvreté est fixé en France à 650 euros ; 20 % des étudiants déclarent avoir renoncé à se soigner. Autant de signes démontrant que le cas de Lamine Cissé, qui a eu la chance de tomber sur des étudiants et professeurs solidaires, est loin d’être isolé. On se rappelle d’ailleurs, il y a peu de temps, d’El Anfani Abdallah, étudiant de 22 ans, retrouvé mort de faim dans sa chambre du CROUS, exemple cruel de la misère étudiante.

La solidarité dont ont fait preuve les étudiants et professeurs de l’IUT de Béthune est exemplaire. Pour qu’aucun étudiant ne se retrouve dans une situation similaire, sans logement, sans argent pour manger, c’est l’ensemble du mouvement étudiant qui doit démontrer sa solidarité, en refusant d’accepter toutes les situations intolérables. Pour tous les étudiants pour qui les fins de mois sont difficiles, qui doivent choisir entre se nourrir ou se soigner, ou pour ceux qui jonglent avec deux ou trois jobs, en plus de leurs études : il faut dès à présent des bourses à la hauteur des besoins. Mais aussi, des logements CROUS en nombre suffisant en réquisitionnant les logements vides, des cafétérias et des restos U à tarifs accessibles pour manger correctement. Et pour permettre un meilleur accès aux soins, il est nécessaire de mettre en place des centres de santé et des infirmeries gratuites sur les campus. Marre de la misère, une allocation d’autonomie pour la jeunesse, maintenant, tout de suite, pour que chacun puisse vivre et étudier décemment !