Ainsi, quand le procureur de Cologne revient sur les agressions du Réveillon dans une interview pour Die Welt pour expliquer comment la presse internationale s’est peut être emballée un peu rapidement sur les faits, c’est peu dire. C’est aussi un peu tard. En effet, la vague de contestation aux relents clairement islamophobes de la politique d’accueil des réfugiés, en Allemagne, a été massive et immédiate. L’extrême droite ne s’est pas faite attendre pour instrumentaliser cette question au profit de son discours réactionnaire, notamment avec des manifestations organisées par Pegida aux mots d’ordre tels que « Réfugiés dehors », et pour lancer une campagne d’agressions à l’encontre des migrants, passages à tabac à la clé. La rhétorique raciste est reprise partout donc, de Charlie Hebdo jusqu’à Aube Dorée, et cherche à faire un lien grossier et dangereux, à la fois pour les revendications féministes et les réfugiés, entre violences subies par les femmes et arrivée des migrants en Europe.

Or c’est bien parce que, plus que jamais, nous avons besoin d’avancer en matière de droits des femmes, que ce qu’il s’est passé à Cologne au Nouvel An et le traitement médiatique qui a suivi sert de véritable écran de fumée à la situation réelle des femmes dans la société, peu importe où elles se trouvent dans le monde. Tout cela a été également l’occasion déplorable pour toute une frange des médias et surtout, des politiciens, d’instrumentaliser les questions féministes et tenter de faire du 31 décembre à Cologne le point de rupture dans la politique d’accueil des réfugiés. Finalement, c’est bien l’ensemble de la société qu’il faut faire avancer et pour cela, il est nécessaire de mener à la fois une politique féministe et anti-raciste. Encore une fois, les événements l’ont particulièrement démontré. Quand on voit que la lutte des femmes est reléguée au rang de prétexte et que les migrants sont déshumanisés et réduits à leur soi disant culture, c’est qu’il faut mettre les gouvernements face à leurs responsabilités.