Annie avait été diagnostiquée d’un cancer en stade avancé il y a quelques mois, avec des métastases dans plusieurs organes. Elle a subi un traitement par chimiothérapie, qu’elle supportait très mal, mais vers le mois de décembre son état s’est très rapidement dégradé. À la fin du mois elle n’acceptait plus d’être nourrie par la sonde gastrique qui lui avait été insérée. Elle a été donc hospitalisée dans un service de soins palliatifs et nous a quittés dimanche après-midi.

Annie était quelqu’un de vraiment exceptionnel, elle avait une joie de vivre et une énergie impressionnantes du haut de ses plus de 60 ans, et ce malgré une trajectoire personnelle extrêmement dure et la pression des conditions de travail affreuses auxquelles elle avait dû se soumettre ces dernières années (elle était surveillante de nuit dans une clinique pour des handicapés mentaux) et qui ont certainement dû jouer sur l’évolution rapide de sa maladie. Elle avait enfin pu prendre sa retraite en janvier dernier (échéance cruellement repoussée après la réforme de 2010), ce qu’elle avait attendu avec impatience. Comme nombre de travailleurs et travailleuses usés par l’exploitation capitaliste, elle n’aura guère pu profiter de celle-ci.

Originaire de la région nantaise, ayant grandi dans le quartier ouvrier des Batignolles, Annie avait participé à la fondation du NPA en Vendée, où elle vivait depuis des années, et a été membre de la direction politique nationale du parti entre 2009 et 2010. Elle avait rejoint le Courant Communiste Révolutionnaire fin 2012 avec un grand enthousiasme.

Dotée d’une très forte personnalité (parfois même un peu explosive) et d’une combativité hors pair dans tous les domaines, elle était aussi d’une générosité rare, toujours en train de penser aux autres, parfois avant de penser à elle-même. C’est certainement ce caractère qui l’a conduite à ne pas vouloir que sa maladie soit connue largement, pour « ne pas déranger ses camarades qui étaient très occupés », mais sûrement aussi car elle ne voulait pas qu’on la voie dans un mauvais état, affaiblie, elle qui avait toujours été si forte.

Tous ceux qui ont pu la côtoyer en garderont les meilleurs souvenirs. De sa grande sensibilité et de sa capacité de mettre les autres à l’aise. Des discussions interminables et passionnées dans la véranda de sa maison à Saint-Hilaire-de-Riez, de sa façon de tourner brusquement la tête lorsqu’elle se sentait interpellée par un argument, et de laisser sa bouche légèrement entrouverte à la fin de chaque phrase en signe d’emphase. De son esprit très jeune, presque enfantin, de ses « maladresses » (elle perdait tout, tout le temps). De sa conviction que les sardines ça se mangeait cru. De ses grands yeux bleus et de son regard profond…

Le meilleur hommage qu’on puisse lui rendre c’est de poursuivre le combat révolutionnaire qu’elle avait rejoint à un âge déjà relativement avancé mais avec beaucoup de conviction. Poursuivre ce combat pour en finir avec l’exploitation capitaliste qui détruit la santé et la vie des nôtres.

Une cérémonie d’obsèques aura lieu ce vendredi 15 janvier au crématorium de la Péronnière à La Roche-sur-Yon (85 000) à 15h30.