Ce plan présenté le jeudi 3 novembre prévoit la création d’une nouvelle compagnie appelée pour l’instant projet « Boost », (« renforcer », en anglais ça fait mieux...) basée uniquement à Roissy. Celle-ci fonctionnerait dès 2018 avec de nouveaux avions long courrier A350 plus économiques, avec des pilotes Air France, assistée par les services au sol d’Air France, avec par contre des hôtesses et stewards recrutés au standard Transavia, c’est-à-dire bien moins payés et avec beaucoup plus d’heures de vol à faire... Les avions venant d’Europe et de France sur Roissy passeraient sous le pavillon de cette compagnie qui assurerait 20 % du trafic sur Roissy à l’horizon 2020.

Pour Air France, Janaillac promet qu’il n’y aura plus de départs massifs (2 000 salariéEs sur 55 000 sont en train de quitter la compagnie avec un nouveau plan de départs volontaires)... mais que les salariéEs doivent poursuivre les efforts salariaux et gagner 1 % de productivité par an.

Cerise sur le gâteau, une étude est lancée sur la filialisation de la maintenance avion (8 500 salariéEs), qui est très rentable mais pourrait l’être encore plus en faisant venir un partenaire qui injectera des capitaux. Signe de l’importance de cette opération, c’est le directeur de l’activité maintenance, Franck Terner, qui devient directeur d’Air France.

L’usine à gaz

Cette dernière annonce a fortement inquiété, car ce directeur est connu pour avoir déjà sous-traité une partie de l’entretien avion en Chine, au Maroc, mais aussi en France, en montant des partenariats multiples. La manœuvre est simple : on fait partir sans les remplacer les salariéEs Air France, et à la place on fait travailler des salariéEs moins bien payés. La loi El Khomri permettra de signer des accords au rabais...

À Roissy, deux compagnies opéreront : Air France et Air France « Boost ». À Orly, ce sera Hop et la low cost Transavia. Tout cela fait un peu usine à gaz : la seule logique est de diviser les salariéEs, de baisser les salaires et d’augmenter les horaires… Car le secteur aérien est en pleine expansion, il y a beaucoup d’argent à y faire. Air France prend déjà sa part mais voudrait faire beaucoup plus...

Les résultats qui viennent d’être publiés annoncent une année 2016 moins rentable que prévu du fait des attentats et de la baisse des touristes japonais et chinois (entre autres). C’est aussi l’effet des deux grèves de juin et juillet. Mais la compagnie va quand même dégager 2 millards d’excédent brut… Avec en ligne de mire toujours les salariéEs, qu’il soient navigantEs commerciaux, au sol, et même les pilotes qui se voient apparemment épargnés, mais à qui de nouveaux efforts seront sûrement demandés.