Les informations parues ce 19 octobre sur le site Street Press ont été confirmées par le ministère de l’intérieur. Trois fois par semaines, au moins, le jet privé que l’Etat loue à la société Twin Jet décole de Calais, avec à son bord... 5 migrants. La capacité d’accueil de l’appareil n’étant que de 19 places et que chaque sans papiers doit être accompagné de deux policiers. La seule location de l’appareil coûte à l’Etat 1.5 millions d’euros par an, sans compter le prix du carburant et les salaires des agents mobilisés. Une illustration de plus de l’hypocrisie d’un gouvernement qui dit ne pas avoir les moyens d’accueillir plus de 24 000 migrants, tandis qu’il réprime et disperse les migrants en jet privé.
Mais la France n’est pas à l’avant-garde de l’expulsion par jet. Une enquête du Guardian avait fait éclater au grand jour la politique du gouvernement de Cameron en matière d’expulsion "par jet privé". Le Home Office au Royaume-Uni a ainsi dépensé près de 19 millions d’euros ces dix-huit derniers mois pour expulser des demandeurs d’asile, non pas dans d’autres zones du royaume, mais tout simplement vers leur pays d’origine, où la guerre et la misère font rage.

Pour Hollande et son gouvernement, si les raisons officielles évoquent une "répartition" des flux migratoires sur l’ensemble du territoire. Les migrants, une fois livrés à eux-mêmes, entament alors un nouveau périple pour rallier Calais, dans le but de rejoindre à terme la Grande-Bretagne. Alors que "la jungle" de Calais est peuplée par près de 6000 personnes, l’opération "Air sans pap’" vise à non seulement disperser les migrants mais, vu qu’il s’agit pratiquement de cas par cas, est également un moyen d’isoler les migrants, de les invisibiliser et de faciliter, le cas échéant, les expulsions. A l’inverse des idées réactionnaires qui s’offusquent du coût de ces expulsions et qui souhaitent des vols « charter » pour ces migrants, c’est bien l’arrêt des expulsions et la liberté de circulation et d’installation pour tous les migrants sans distinction qu’il faut exiger.