Emmanuel Macron n’a cessé de placer au centre de son discours les jeunes, par les nombreuses mesures qu’il leur réserve. Mais les conditions dans lesquelles la conférence s’est déroulée rendent elles-mêmes bien compte de la réelle posture du candidat vis à vis de la jeunesse : les jeunes apprentis du centre de Bobigny ont été interdits d’entrer dans la salle de la conférence, les obligeant à « regarder le discours » de Macron à travers une vitre ; la vitre en question rendait le discours à peine audible selon le HuffPost. La sécurité s’est occupée de faire sortir les jeunes, qui n’étaient définitivement pas à leur place selon le candidat, comme en témoigne ce tweet :

Et pourtant, c’est bien pour s’adresser aux jeunes des banlieues que Macron a choisi le centre d’apprentissage de Bobigny pour prononcer son discours de candidat. Un beau paradoxe pour celui qui se dit « défenseur des jeunes de banlieue », mais ne veut pas rencontrer de près ceux-là mêmes qu’il prétend vouloir défendre. D’ailleurs, on voit en haut, sur l’image du tweet ci-dessus, ces jeunes derrière la vitre, image très symbolique de la frontière prégnante entre le millionnaire candidat aux présidentielles et les jeunes de banlieue, futurs ou déjà précaires, entre la bourgeoisie dirigeante et les opprimés et exploités, notre classe.

Selon Macron, les jeunes « veulent travailler plus » car « 35 heures, ce n’est pas assez »

Avant même d’officialiser sa candidature, Macron exposait que « quand on est jeune, 35 heures, ce n’est pas long ». Et c’est ainsi qu’il le justifie : « 35 heures, ce n’est pas assez. On veut travailler plus, on veut apprendre son job. Et puis, il y a un principe de réalité. Un entrepreneur raisonne ainsi : ce jeune n’est pas qualifié, je veux bien l’embaucher mais il va apprendre son job en entrant dans mon entreprise, donc il faut qu’il effectue davantage d’heures. » Le candidat assume de fait une position pro-patronale, et donc en contradiction avec les intérêts des jeunes, futurs ou déjà exploités, qu’il prétend défendre. C’est bien là la logique de casse des conditions de travail que propose le candidat de l’ultra libéralisme.

Dans un précédent article sur la casse des 35 heures pour les jeunes, on disait déjà : « l’ex-banquier de Rothschild doit être loin de savoir ce qu’est travailler 35 heures pour les jeunes aujourd’hui : que ce soit 35 heures dans un McDonald’s, 35 heures dans une cour de récré à surveiller des collégiens, 35 heures à diffuser des flyers devant le métro ou 35 heures à livrer des pizzas à vélo, les minutes sont très (très) longues. Trois, quatre ou cinq heures de plus, qui ne seront (évidemment pas !) payées plus, ce n’est pas acceptable. » La défense des emplois des jeunes ne peut pas passer par la défense des intérêts de l’entrepreneur, pour reprendre le terme utilisé par Macron, qui vont à l’encontre de ceux des jeunes employés, dans sa logique ultra-libérale.

La jeunesse qui s’est levée au printemps 2016 doit faire face à ce candidat du système


Si Macron se dit antisystème, il en est pourtant bien l’incarnation du système : banquier, millionnaire, ultra-libéral. La jeunesse qui s’est mobilisée contre la loi Travail, une loi répondant à cette logique ultra-libérale et proposée dans la continuité de la loi Macron, et bien souvent en scandant « a-a-anticapitaliste ! », ne peut se méprendre : Macron est bien un candidat du système qui, au printemps dernier, rappelons-le, voulait « aller plus loin » dans la dite réforme El Khomri. Déjà cible de slogans significatifs, tels que « On n’est pas de la chair à Macron ! - On n’est pas de la chair à patron ! », le nouveau candidat à la présidentielle n’est effectivement pas le candidat de la jeunesse, mais bien celle du patronat.

En s’appuyant sur l’expérience acquise du mouvement étudiant et lycéen, et pour tous les jeunes victimes de la précarité, tant à la fac qu’au travail, luttons contre l’offensive ultra-libérale qui prime dans les discours des multiples candidats aux présidentielles et en ce sens, affichons un profil jeune à la candidature de Philippe Poutou, pour amplifier notre voix aux élections d’avril prochain, et revendiquer l’autonomie de la jeunesse. Pour un présalaire d’autonomie, financé par les cotisations patronales. Organisons-nous en Assemblées Générales et en coordinations pour porter nous-mêmes nos revendications et défendre nos intérêts.