Crédits photo : Olivier Got Université de Bordeaux

Depuis 1948, la vente des complémentaires santé et des assurances est réservée à des organismes à but non lucratif, les « mutuelles étudiantes », obligatoires pour les étudiants, sauf exception. Mais cette chasse gardée, inaccessible aux grandes mutuelles, est remise en cause par le gouvernement Macron, qui souhaite inviter la concurrence jusqu’à l’université.

Quant au budget alloué aux mutuelles étudiantes, qui permet aux étudiants de se protéger pour des tarifs corrects (217€ par an au maximum), il risque très certainement d’être remis en question, cela « coûtant trop cher à l’état ». Alors que le gouvernement explique que les « acteurs existants pourraient continuer à intervenir sur des missions de prévention et de promotion de l’accès aux soins », celui-là même ne prévoie même pas son financement dans le projet de budget de l’année prochaine. Les différents représentants des mutuelles étudiantes actuelles, invité-e-s à une réunion de représentants des ministères et des mutuelles rapportent un projet « peu clair », voire une réforme « sans ambition et sans objectifs politiques ». Edouard Philippe, interrogé sur la question, a préféré s’esquiver, maintenant le flou sur ces mesures.

La fin de la sécurité sociale étudiante telle qu’elle existe aujourd’hui est une des nombreuses attaques du gouvernement Macron contre les étudiants précaires, les soumettant jusqu’à l’université à un régime concurrentiel. Tout comme la baisse de budget de l’enseignement supérieur de 331 millions d’euros, la baisse des APL, ainsi que la sélection à l’université, cette réforme démontre la volonté de ce gouvernement des riches d’exclure progressivement les étudiants les plus précaires et les classes populaires des universités, en s’attaquant aux porte-monnaies.

Mais la stratégie adoptée par ce gouvernement témoigne de sa faiblesse : avec une base sociale très faible en début de mandats, Macron tente de se légitimer auprès des classes possédantes en attaquant vite et fort nos droits, le tout en masquant le plus possible ses réformes antisociales. Ce dont ce gouvernement a peur, c’est d’une réaction de la part de notre camp social, et notamment de la jeunesse, mouvement qui pourrait d’autant plus prendre de l’ampleur au vu de la faible popularité de Macron, déjà considéré comme le « président des riches ».

Ce dont les étudiants ont besoin, ce n’est pas de mutuelles privées qui ne cherchent que le profit, mais d’une véritable sécurité sociale, leur permettant d’accomplir leurs études dans des conditions correctes, sans avoir besoin de travailler à coté et avec une véritable couverture sociale !