Après la manifestation, ce sont donc plusieurs centaines – voire jusqu’à un petit millier – de personnes qui ont convergé peu à peu vers l’Assemblée pour protester contre cette démonstration de plus que la démocratie qu’on nous sert n’est que celle des riches et des patrons. Mais la police aussi s’était préparée. Dès notre arrivée, le pont de l’assemblée était bouclé par des dizaines de camions de CRS et des lignes de gendarmes qui fouillaient les sacs et retenaient tout matériel de protection pour accepter de laisser rentrer les manifestants.

C’est donc entourés de camions, en vase clos et avec plusieurs lignes de CRS, que nous avons dû protester. Au cri de « c’est eux les casseurs  », «  dehors le gouvernement  », ou encore « État d’urgence, État policier, ils nous empêcheront pas de manifester  », le rassemblement est resté près de deux heures à chanter sa colère. Quand peu à peu un mouvement s’est dégagé pour sortir de cette cage insupportable, les manifestants se sont heurtés à une décision incroyable des forces de répression : toutes et tous étaient désormais bloqués sur le pont jusqu’à nouvel ordre. Après plus d’une heure d’attente, et des tentatives désespérées de plusieurs personnes de sortir par la rambarde du Pont en risquant leur vie, la police a commencé à exfiltrer les manifestants par groupe de 10. Opération lente et qui visait explicitement à humilier celles et ceux qui restent debout contre la loi travail. Et ce n’est pas tout : une fois sortis de cette cage il fallait encore subir l’escorte d’une nasse mobile de gendarmes jusqu’au métro et, plus absurde encore, au sein même des couloirs du métro. Toutes et tous ont été obligés de prendre la ligne huit en direction de Créteil, comme une démonstration de force de la capacité d’arbitraire de l’État et du gouvernement socialiste.

Tout ce dispositif vise clairement à décourager celles et ceux qui ne sont pas prêts à lâcher la lutte contre la loi travail et son monde. L’été approchant, et la loi adoptée, le combat continue désormais pour son abrogation et il y a urgence à ce que les directions syndicales appellent à une journée de grève et de manifestations interprofessionnelle pour le début du mois de septembre, et posent un plan de lutte pour l’été.