Il est 19h20 à Aubervilliers quand la police prend en chasse le scooter de deux jeunes hommes. Après plusieurs minutes de course-poursuite, le scooter heurte de plein fouet un deuxième véhicule de police arrivant en face de lui selon les informations relayées par Le Monde. Le conducteur, né en 2005 et originaire de La Courneuve, est décédé à l’hôpital dans la soirée, de la suite de ses blessures. Le passager, blessé, a quant à lui été immédiatement placé en garde à vue à la suite des faits, puis finalement relâché ce matin.

Il n’aura pas fallu longtemps avant que les médias s’empressent de relayer la version policière, selon laquelle la voiture «  n’aurait pas pu éviter l’impact avec le scooter  » comme on a pu l’entendre sur BFMTV ou comme l’écrit CNEWS. Une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux vient pourtant contredire le discours de la police. Dans celle-ci, on voit distinctement le véhicule de police se mettre sur le passage du scooter, avant de le percuter violemment. Mais la machine médiatique est en marche et sa rhétorique est désormais bien connue, puisque déjà employée suite au meurtre de Nahel en juin dernier, ou encore plus récemment après le décès d’un jeune homme de 22 ans, tué en décembre par la BAC à Marseille.

On entendra beaucoup moins ces médias parler du fait que la victime de hier soir vient s’ajouter à la liste déjà bien longue des personnes tuées par la police ces derniers mois. Toujours en invoquant le « refus d’obtempérer » comme justification a posteriori, la police a tué deux adolescents de 17 ans en Seine-et-Marne en décembre dernier, un jeune homme de 23 ans début octobre à Saint-Priest, ou encore deux jeunes de 16 et 23 ans à Limoges pendant l’été.

Ainsi, la longue liste des victimes de la police ne fait que s’allonger. Encore une fois, hier soir, la police a tué. Et neuf mois après la mort de Nahel et les révoltes des banlieues, l’impunité policière demeure et peut désormais rendre des policiers millionnaires.

Face aux lois sécuritaires des gouvernements successifs, au racisme d’État et à la répression violente de toute contestation, les quartiers populaires sont en première ligne. De quoi rappeler toute l’urgence de la construction d’une lutte contre le racisme d’État et les violences policières, qu’il faudra porter dans la rue ce samedi lors de la marche appelée dans plusieurs villes de France par le réseau d’entraide Vérité et Justice.