Hamon est un peu un « malgré lui » et, surtout, un bel opportuniste. Membre du sérail du PS, longtemps dirigeant du MJS, animateur de Nouvelle Gauche, à savoir la droite du parti, il revire de bord, avec Martine Aubry, pour faire ami-ami avec Peillon, Montebourg voire Emmanuelli. Puis il range ses principes lorsqu’on lui propose un poste au gouvernement, après 2012. Il n’en est sorti que poussé par quelques coups de vin de fête, en marge de la Fête de la Rose, lorsque Montebourg l’a entraîné sur le terrain glissant de la critique un peu trop vive et en public à l’égard de Manuel Valls, en août 2014.
Depuis, il essaye de survivre, et maintenant de percer. Mais pas à n’importe quel prix, dit celui qui veut incarner une ligne résolument à gauche dans les primaires. « Le chemin de la sobriété n’est pas celui de la facilité » affirme-t-il en critiquant la pipolisation de la vie politique.
Mais derrière son refus de participer à l’émission de Le Marchand, il y a autre chose. Hamon, fer-de-lance du « je-suis-de-gauche-même-si-j’ai-été-ministre-de-Hollande » est marié avec une salariée du groupe LVMH, celui dont parle François Ruffin dans Merci Patron, dont tout le « peuple de gauche » s’est délecté, au printemps dernier. Mais Gabrielle, mariée à Benoît, n’est pas une employée lambda. Elle assure dans le groupe un poste de responsabilité. Compliqué de parler de ses convictions de gauche lorsque madame travaille en lien avec Bernard Arnault…
L’équipe de Le Marchand n’a pas manqué de pointer la contradiction, reprise d’ailleurs, dans Le Parisien, propriété du groupe. « Il était à fond dans le truc lors de la discussion de travail de plus d’une heure que nous avons eue avec lui le 10 octobre, disent les responsables de l’émission. C’est quand on lui a parlé de sa femme qu’on a vu qu’il y avait un petit souci… ». Malgré lui, encore une fois, il s’est fait griller. N’est pas Robespierre qui veut.