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Palestine

Lidl : comment l’entreprise soutient la colonisation en Cisjordanie

Ces dernières semaines, les liens de Lidl avec l’entreprise israélienne Mehadrin sont revenus sous le feu des projecteurs. Derrière les prix discount, le géant de la distribution entretient des liens directs avec la colonisation en Cisjordanie.

Gaël Hamonou

22 novembre 2023

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Lidl : comment l'entreprise soutient la colonisation en Cisjordanie

Crédits photo : www.myfruit.it - Flickr

Depuis le mois de septembre, un mouvement de contestation traverse les magasins Lidl de la région nantaise. L’agression d’un salarié du Lidl Chevreul par des membres de la direction du magasin a mis le feu aux poudres et depuis, six magasins de l’enseigne se sont mis en grève pour dénoncer les méthodes managériales employées par la direction de Lidl, et exiger du même coup des embauches et des augmentations de salaires.

Mais si Lidl use de tous les outils possibles pour maximiser son chiffre d’affaires, le distributeur allemand ne se contente pas d’imposer des conditions de travail et des salaires misérables aux employés par un management de la terreur. L’enseigne - qui se vante de proposer plus de 70% de produits français – profite en effet sans vergogne de la politique coloniale de l’État d’Israël en Palestine pour augmenter ses profits. Un scandale déjà dénoncé par le passé, qui refait surface dans le cadre du massacre perpétré par Israël contre les Gazaouis.

LIDL – Mehadrin, un partenariat franco-israélien qui tire profit de la colonisation et de l’exploitation des Palestiniens

Lidl cultive une image de marque, celle d’une entreprise « dynamique », en plein essor dans le contexte inflationniste actuel et qui conquiert chaque année de nouvelles parts de marché dans le monde entier, jusqu’à devenir le leader du discount dans l’hexagone. Un discours qui masque quelques zones d’ombres. Ces dernières années, en effet, plusieurs enquêtes et articles de presse ont révélé les mécanismes à l’œuvre derrière la croissance record de la firme entre alliances commerciales avantageuses à travers le monde et exigences à la baisse quant à la qualité des produits pour rentabiliser au maximum le coût de production.

En outre, depuis le 7 octobre, la politique génocidaire de l’État d’Israël en Palestine a remis sous le feu des projecteurs la coopération de Lidl avec des entreprises israéliennes. Dans ce contexte, l’entreprise a été accusée récemment, au même titre qu’Auchan, de mentir sur la provenance ses produits pour masquer des partenariats avec plusieurs entreprises israéliennes. Si les deux marques plaident une « erreur d’affichage », cette pratique est en réalité imputée depuis plusieurs années aux deux groupes.

Des liens sont connus notamment avec l’entreprise Mehadrin, productrice de fruits et légumes, qui exporte des produits issus des colonies israéliennes en territoire palestinien. Ainsi Lidl vend dans ses supermarchés notamment des agrumes, des avocats ou des dattes cultivés sur des terres de Cisjordanie ou du Golan, qui sont des territoires occupés par Israël et des colonies illégales du point de vue du droit international.

En réalité, l’entreprise israélienne va encore plus loin et profite également de l’apartheid imposé en Palestine. Comme le rappelait le collectif BDS de Montpellier, Mehadrin « embauche [nombre de travailleurs palestiniens] sans contrats, sans sécurité sociale et avec des salaires de misère pour travailler sur les terres dont ils ont été expulsés ». Une situation de surexploitation qui permet à l’entreprise israélienne d’être très compétitive au niveau des prix, puisque l’entièreté de sa production repose sur un vol. Un scandale financé en partie Lidl en France, qui en acceptant sans rechigner de participer à cette grande spoliation organisée se rend complice de ce système colonial.

Le mouvement ouvrier doit jouer un rôle central dans un grand mouvement de solidarité

Cette coopération a été mise en lumière par des organisations de soutien à la Palestine. Le mouvement BDS « Boycott, Désinvestissement, Sanction », impulsé par des Palestiniens en 2005, a identifié certaines entreprises qui font fortune sur la colonisation, comme Hadiklaim, Jordan River, et bien sûr Mehadrin. En 2015, le mouvement a impulsé des actions coordonnées dans une dizaine de villes de France pour visibiliser les partenariats de Lidl et appeler à boycotter l’enseigne. Une mobilisation qui, dans le contexte actuel, pourrait resurgir et porter un coup important à la marque, à l’image du discrédit jeté actuellement sur Carrefour.

En effet, de Carrefour à McDonald’s en passant par Puma ou Pepsi, nombre d’entreprises se retrouvent au cœur d’une campagne internationale de boycott, soit pour leur soutien direct apporté à l’armée de Tsahal ou pour leur coopération avec l’État d’Israël et des entreprises coloniales.

A l’origine appelé par un front d’une centaine d’organisations palestiniennes, la campagne de boycott d’Israël s’est étendue à l’international et constitue désormais l’un des leviers de lutte contre l’Etat colonial. En Malaisie par exemple, Les Echos rapportent que McDonald’s et l’entreprise de transport et de livraison Grab ont annoncé faire des dons à des plateformes palestiniennes pour tenter de faire taire la polémique. En Égypte, la Fédération des chambres de commercealertait a déclaré début novembre que le mouvement de boycott risquait de « nuire à l’économie ».

Ainsi, le boycott s’est imposé à travers le monde comme moyen d’action pour soutenir la cause palestinienne et dénoncer du même coup la complicité des puissances occidentales et de leurs entreprises. Ces campagnes peuvent constituer des points d’appui pour amplifier la mobilisation en solidarité avec la Palestine et lier le soutien au peuple palestinien à la lutte, dans chaque pays, contre les puissances impérialistes. Mais pour lier ces combats et réussir à faire plier l’Etat colonial d’Israël et les pays impérialistes qui le soutiennent, l’un des enjeux-clés réside dans la mobilisation du mouvement ouvrier par ses propres méthodes.

C’est la voie montrée par des syndicalistes Etats-Unis, en Italie et dans l’Etat Espagnol qui ont organisé des actions de blocage de ports, ou encore le blocage de l’usine d’armement BAE System au Royaume-Uni. Des actions de solidarité ouvrière qui montrent que le mouvement ouvrier, au cœur de la production, est capable de mettre un stop à la machine coloniale. En France, plusieurs sections syndicales CGT et Sud ont pris position en faveur de la Palestine, et appelées, comme la section Sud Rail Paris Nord, à construire la solidarité « par les méthodes de la lutte de classe ». Un tel mouvement, usant les méthodes de la lutte des classes pourrait permettre, en France comme à l’international, de mettre véritablement un terme aux massacres des Palestiniens ainsi qu’aux activités de Lidl, McDonald’s, Carrefour et autres entreprises complices du colonialisme.


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