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Transition ?

Birmanie. Aung San Suu Kyi, victoire de la candidate… des États-Unis et des marchés

« Élections historiques en Birmanie », annoncent la plupart des quotidiens nationaux lundi 9 novembre. Un scrutin « libre », le premier depuis 1990, pour renouveler une assemblée où 25 % des sièges restent réservés à la junte militaire. Les résultats devraient porter au pouvoir la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) et sa figure de proue et prix Nobel de la Paix, Aung San Suu Kyi, à condition qu’elle obtienne plus des deux tiers des sièges. Est-ce la fin d’une dictature militaire de plus d’un demi-siècle en Birmanie ? {} Timur Chevket

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La vie politique s’est-elle arrêtée avec la contestation par la junte militaire des résultats favorables à la LND aux élections de 1990 ? Non, bien entendu. Depuis 25 ans, sous la dictature de l’armée, la vie politique s’est faite dans l’opposition, dans l’illégalité parfois, dans la rue aussi. Une seule figure émerge de cette longue période répressive : Aung San Suu Kyi. Celle qui entra dans en politique pendant les mois les plus durs de la guerre civile, en 1988, hérite et revendique l’aura de son père, Aung San, leader de l’indépendance de l’Union de Birmanie à la sortie de la Seconde Guerre mondiale. Agée de 70 ans, la « Lady », ou le « papillon de fer » comme elle est surnommée, est le symbole de l’opposition pacifique à la junte.

Opposante depuis le début des années 90, elle subira la prison et l’assignation à résidence sur de longues périodes jusqu’en 2010. Privée d’un accès à la présidence de l’État birman pour avoir été mariée à un sujet britannique, elle affirme aujourd’hui pouvoir « diriger le gouvernement » en imposant sa politique au président soutenu par la junte. Forte d’une grande popularité, en particulier à Rangoun (la plus grande ville du pays), il ne fait nul doute qu’Aung San Suu Kyi soit la seule opposante en capacité de tenter une transition politique en Birmanie. Sans oublier que depuis 1991 et son prix Nobel de la paix, elle est l’interlocutrice privilégiée des puissances impérialistes pour un changement du régime birman. Aung San Suu Kyi n’est pas seulement très libérale sur le plan politique. C’est également un farouche partisan de l’ouverture du marché birman et des investissements directs étrangers, jusqu’à présent sous étroit contrôle militaire.

En perpétuelle opération diplomatico-militaire dans le Pacifique et l’Asie du Sud-Est, l’impérialisme américain surveille de près l’évolution de la situation en Birmanie. C’est un dialogue qui s’est établi depuis 2010, entre les militaires et l’administration d’Obama. La libération d’Aung San Suu Kyi, la promesse d’auto-dissolution de la junte et l’organisation d’élections se sont accompagnées d’une levée progressive des sanctions et autres embargos américains sur l’économie birmane, contrôlée à travers diverses compagnies par les hauts gradés de l’armée. Dans cette ouverture du pays aux capitaux U.S. En échange d’un meilleur accès au commerce mondial pour les vieux oligarques de la junte, Aung San Suu Kyi est l’élément clef qui peut assurer le changement dans la vie politique du pays.

Dans la perspective d’un essoufflement de la Junte et de recul de l’influence ultra-répressive des militaires dans l’État, la « Lady » est la seule à pouvoir assurer la stabilité des institutions et la pacification des rapports sociaux, à savoir d’utiliser son aura pour qu’avec le démantèlement d’une partie du pouvoir d’État ne s’ouvre pas une brèche pour une contestation populaire (comme le début de révolte à Rangoun en 2007). « Pas de scénario à la thaïlandaise », avec affrontements et manifestations massives, voilà le mot d’ordre des diplomates occidentaux. C’est en ce sens qu’une figure comme Aung San Suu Kyi trouve toute sa place pour une transition dans le calme, propice aux bonnes affaires.


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