· 1 nov. 2016
· Par L’Épistoléro
· Blog : Le blog de L’Épistoléro

De la censure, sans rire ?…Si, à éclater de rire.

Il ne s’est pas encore vraiment remis d’avoir déniché une chanson à texte à trous.

Des trous ?
Y’a pas d’paroles à cette chanson ? Si, dans le fameux Le temps ne fait rien à l’affaire, y’a que l’mot « con » qui est supprimé. On ne le trouve plus, normal : y’a un trou.
On ne veut pas entendre ce mot, alors on brouille l’écoute…CQFD. La censure est parfois plus vicieuse qu’on ne le croit.

Les filles et fils de prudes, auteurs de ces frappes chirurgicales, n’ont rien à envier à une Anastasie pas chic.
Plutôt que de toussoter à chaque prononciation du mot interdit, repris en un impertinent chapelet d’injures, ces vilains mots, ils les ont tous ôtés de la chanson. Une coupe ’riminelle, à l’hémistiche ou à la moustache de Brassens.

Autre mot, autre chanteur.
Il se souvient.
Il avait déjà été frappé par l’audace d’une émission de TMC. Il était question d’un système économique dans lequel, le succès venant, Renaud ne se sentait pas à l’aise pour l’avoir brocardé avant son triomphe. Un témoin de l’époque osait révéler : « J’ai entendu Renaud, avant qu’il devienne chanteur, dire : les capitalistes c’est tous des enbip ! »
Oui, il se souvient : les enbip !
À quand le retour du carré blanc ? se demandait-il alors. Il pensait dans le même temps qu’un pornographe à moustache et à guitare devait se retourner dans sa tombe.

Oh, il savait bien que les ciseaux de la censure s’en étaient pris à la moustache de Brassens. Avec cette version du Temps ne fait rien à l’affaire qui lui a fait coucou depuis la Suisse d’antan, il en a eu la preuve. Les ciseaux visaient bien. La syllabe con-/qu’on passe et le mot « con » trépasse et fait des p’tits trous. Ça fait un peu poinçonné du côté de la porte des Lilas. Du fond de son trou, à Sète, Brassens doit bien se marrer (oui, c’est plus drôle que le Cimetière Marine qui s’annonce, l’amer, l’amer toujours recommencé).

Ah ! La radio suisse ! Impayable ! Le mot "compte", lui, n’a jamais vraiment été supprimé des ondes. Trop fiscal. Le temps n’a rien fait aux affaires. Quand y’a des comptes, y’a des comptes.

Cette découverte l’a tellement amusé qu’il a voulu créer un nouveau genre, un faux karaoké : le Karaokon. Un karaoké minimaliste reposant sur un seul mot. On peut karadékonner et s’amuser à chanter le mot, ici.