Cette journée d’action est la quinzième mobilisation d’ampleur depuis 2014, lorsque Charles Michel a été nommé Premier ministre. Depuis, aucune revendication des syndicats n’a été entendue. Ni celle exigeant des impôts plus importants sur les entreprises et les revenus les plus élevés ni l’opposition au report de l’âge légal de départ à la retraite (qui passera de 65 ans à 67 d’ici 2030).

Certains observateurs estiment que cela est dû au manque d’interlocuteurs des syndicats au sein du gouvernement et spéculent sur un retour des socialistes au pouvoir pour préserver la « paix sociale » et que des concessions soient faites. D’autres considèrent que l’intransigeance du gouvernement est le résultat de la cohésion interne de la coalition au pouvoir, une situation rarement vue depuis dix ans, le pays étant marqué par une grave crise politique structurelle entre la Flandre, d’un côté, et la Wallonie, de l’autre.

Un élément important pour comprendre le peu de résultats de ces manifestations qui durent pourtant depuis un an, c’est précisément que le gouvernement et le patronat n’ont pas peur d’elles. Comme en France, les directions syndicales emploient la méthode des journées d’action saute-mouton, ou alors appelant à la mobilisation région après région, refusant de faire converger, autrement qu’une fois l’an, l’ensemble du monde du travail.

Cependant, malgré cela, la manifestation de ce mercredi a été très massive. 100.000 personnes dans les rues de Bruxelles pour un pays de dix millions d’habitants, ce n’est pas rien ! La grève a bien traduit l’envie qui existe, dans le monde du travail et la jeunesse, de s’opposer au gouvernement. Pour éviter que cette énergie et disposition à la lutte ne se transforment en leur envers, en démoralisation et scepticisme (l’exemple de la Grèce n’est pas trop loin) il faudrait que les syndicats organisent et proposent sur les lieux de travail et les lieux d’études, un plan de bataille réel contre le gouvernement et ses politiques pour aller à une grève générale indéterminée jusqu’au recul de Charles Michel. Les travailleurs et la jeunesse de Belgique en auraient les moyens.